La route passe en ligne droite dans une plaine légèrement vallonnée, le soleil déjà bas nous éblouit les yeux. Nous passons le village de Gouldings et nous sommes donc bientôt dans le Monument Valley. On monte encore une légère côte et au sommet nous voyons la vieille Volvo arrêté sur le bas-côté. Son conducteur s’était auparavant déjà arrêté à des endroits photogénique et dans le doute nous nous arrêtons aussi. C’est seulement à ce moment que nous comprenons que nous avons devant nous LA vue par excellence sur le Monument Valley, la route semble mener droit dans les grosses formations rocheuses.
Il est déjà tard l’après-midi quand nous arrivons au Mitten View Campground du Monument Valley Navajo Tribal Park (Tsé Bii’ Ndzisgaii). Sans trop réfléchir, nous prenons un des derniers emplacement disponibles sur ce camping avec vue directe sur le Monument Valley, nous montons notre tente et mettons le linge encore humide du matin à sécher. Nous regardons alors a pied vers les rochers rouges et nous voyons que le tour sur piste à faire soi-même en voiture ferme dans quelques minutes. Nous avons des mauvaises expériences avec le moment du coucher du soleil, mais nous tentons quand même le coup et nous sommes les derniers à nous engager sur le tour lors de cette journée. On sera donc seuls, avec la meilleure lumière du jour possible dans cet univers fantastique. Le soleil nous fait la grâce de rester assez haut, le terrain généralement assez plat à l’ouest aide dans ce sens. André repassera deux ans plus tard au même endroit et fera le tour tôt le matin, ce sera aussi beau, mais n’égalera pas la lumière de ce soir.
Le tour est long de 27 kilomètres et les prospectus et panneaux conseillent de le faire avec des navettes ou de disposer d’une haute garde au sol et de quatre roues motrices. Mais nous voyons des gens revenir avec des voitures comme la notre. La piste est vraiment mauvaise et il faut éviter de dévier à tout prix dans le sable mou, mais c’est faisable avec une voiture de location basique. L’avantage d’y aller par ses propres moyens: on peut s’arrêter où l’on veut et passer autant de temps que l’on veut à admirer un détail. Nous découvrirons les figures qui ne sont décrites nulle part.
Les rochers ont des noms assez parlant (Mitten: mouffle, Elephant: : éléphant, Merrick: éléphant, Three Sisters; trois sœurs, Camel: chameau Butte, Hub: siège, Totem etc.). Mais on trouve aussi des détail sur des parties de ces grands blocs. Les deux Mittens ressemblent à des blocs massifs, mais il s’agit de « murs » plats.
Nous faisons un premier assez long arrêt au John Ford’s Point pour trouver le point photo idéal. Il faut prendre un peu de recul pour avoir la vue classique connue des westerns. Il ne manquent que les chevaux.
En faisant le tour de la Rain God Mesa, nous passons près d’un hameau d’amérindiens Navajo. Ils vivent ici dans des huttes d’argile comme d’antan. On les trouves aux points de vue pour vendre des souvenirs pas forcément de leur fabrication. Le North Window Viewpoint est un bon endroit pour regarder dans la vallée. Quelques chevaux galopent dans le West Gypsum Valley entre les Buttes.
On peut voir au moins huit visages dans le rocher ci-bas.
On ne peut faire que le tour prédéfini, les pistes latérales étant barrés à la circulation. On fait le tour de la Rain God Mesa et ensuite on retourne sur la piste de l’aller. La piste est dans état misérable et nous avons le soleil et la poussière en plein dans les yeux en conduisant. C’est tout aussi fatigant pour le passager car il doit tout autan observer le bord de la route, les bosses et les trous de sable à éviter. Mais ce passage tardif dans le Monument Valley nos offre des vues et des jeux de lumière uniques et l’avantage de ne pas avoir une voiture qui nos devance en soulevant la fine poussière. Notre voiture est complètement embaumée de poussière rouge-orange, cela vaut pour l’extérieur, l’habitacle et la soufflerie. S’il y a quelque part un filtre, il doit être complètement inefficace. Cela ne nous gène pas, nous sommes passés au « mode désert ». Nous respirons du sable, nous dormons dans le sable et nous en mangeons sans doute aussi beaucoup. Uniquement l’eau fraîche et le lait sont précieusement gardés et préservés du sable.
De retour au camping, nous pouvons admirer les dernières lueurs du crépuscule sur les rochers. Nous sommes très contents d’avoir fait le tour si tard.
Le lingé étendu avant de partir est bien sûr sec maintenant, y compris les jeans. Le camping dispose de douches, mais elles sont constamment occupés, et nous ne sommes pas en humeur de gâcher une minute de la soirée à faire la queue devant ces containers. Nous différons ce besoin pourtant crucial à un autre jour, le sable nous servant de déodorant. Bien que le site soit mondialement connu et visité de beaucoup de monde, il n’y a dans ce camping assez spartiate que des jeunes dont beaucoup d’Européens des Alpes. Même si l’escalade est interdite sur les rochers sacrés aux Navajo, il fait de toute manière beaucoup trop chaud pour cette activité.
Après le coucher du soleil, le désert perd un peu de sa chaleur et l’air est mieux respirable. Mais nous nous rendons compte d’une erreur fatale en nous couchant dans notre tente, il y fait chaud comme dans un four parce que nous l’avions posé sur le sable chaud. La toile du sol et les matelas isolants on conservé cette chaleur. Nous décidons de changer la tente de place, mais juste à ce moment se lève un vent de sable violent qui rend ce projet impossible. Le ciel est couvert d’éclairs au loin et le vent nous force même à fermer la tente. Nous y sommes presque nus et peinons à trouver le sommeil.
Le matin suivant, une lumière fade couvre le Monument Valley et le soleil recommence à chauffer.
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