Ayant beaucoup de route devant nous, le réveil sonne le 18 juin 1996 à 06h30 et il fait 4°C, le vent bat la pluie contre les fenêtres de l’hôtel. Pour gâcher ce début de journée grisâtre, nous partons sans petit déjeuner ce qui rend certains de très mauvaise humeur. De retour à Canmore, nous investissons un restaurant pour prendre enfin ce petit déjeuner, mais les gérants ne sont pas plus réveillés que nous. On perd ainsi deux pleines heures que l’on aurait tout aussi bien pu passer dans le lit. Ah, la gestion désastreuse de grands groupes. Pour passer le temps et pour nous fatiguer encore plus, les profs nous donnent, à jeun, un cours de géologie des Rocheuses. Mais la météo ne nous permettra même pas d’apercevoir les traces externes de cette géomorphologie.
Le déjeuner arrive enfin, mais nous sommes heureux de pouvoir reprendre la route sachant que l’on pourra se reposer dans les vans. Dans la plaine et en avançant vers les crêtes des rocheuses, il n’y a pas grand chose à voir.
Moraine Lake
Nous marquons un arrêt inutile à ce lac emblématique. Inutile parce que l’on ne voit rien.
Contrairement à son nom, ce lac est un des rares à ne pas être retenu par une moraine. Le barrage naturel est formé par un tuma, c’est un amas de débris d’origine sans doute glacière, mais pas transporté et poussé par un glacier.
La photo a été prise durant un des rares moment d’éclaircie. Fin juin, nous ne nous attendions pas à un tel temps pourri.
Route vers Jasper
L’Icefields Parkway est une route touristique et uniquement construite à cet effet. La circulation commerciale y est interdite. Nous voyons les sites suivants: Le col Bow Pass, 2068 m, est sujet à des nombreuses avalanches. Une grande partie de la route est couverte de galeries. Le Peyto Lake est encore complètement gelé.
Mistaya River
Cette rivière prend sa source dans le Peyto Lake et débouche plus bas dans le North Saskatchewan River où ces eaux repartent en direction est. Mistaya signifie grand ours ou grizzli dans la langue des amérindiens locaux. Près des lacs Waterfowl Lakes, la rivière forme les gorges Mistaya Canyon dans la roche calcaire.
On déjeune au croisement Saskatchewan River Crossing. Tout est servi dans des gobelets en plastique et le goût est douteux.
North Saskatchewan River
Les traces des avalanches descendent jusqu’au lit de la rivière et remontent parfois même en face. Le charriage de pierres de toutes taille est énorme. La rivière prend sa source au pied du Saskatchewan Glacier. Ce glacier forme une branche du plus grand Columbia Icefield.
Le col Sunwapta Pass, 2055 m
La photo du bas a été prise au sud du col Sunwapta Pass, c’est à la limite entre les parcs nationaux de Banff et de Jasper.
La rivière coupe la moraine et forme des gorges dans un terrain meuble très dangereux. On entend et on voit des pierres et de la terre tomber tout le temps.
Athabasca Glacier et Athabasca Valley
Ce glacier est une branche du Columbia Icefield. Nous devrions le voir, mais la brume et les nuages nous le cachent complètement. Ce n’est vraiment pas la bonne journée pour traverser les Rocheuses.
Plus loin au nord ouest suivent les gorges du Sunwapta River. La rivière coupe une partie effondrée de la montagne. Nous voyons des chèvres sauvages et des wapitis (appelés Elks ici).
La route suit maintenant la très belle vallée d’Athabasca, mais comme tout le temps cette journée, nous ne voyons rien des rivières, des pics et des glaciers. Les profs nous racontent toutes sortes de choses qui restent très théoriques.
Soirée à Jasper
Nous logeons dans un motel assez sympa, mais un peu délabré. Nous nous tassons tous dans un des deux vans pour aller manger en ville, ce sera pizza pour la plupart. Les prix sont salés et vu la taille des portions, la plupart prennent une pizza à deux.
Le matin, nous pouvons manger dans les chambres du motel parce que nous sommes équipés avec tous ce qui est nécessaire à cette fin. C’est bien plus agréable que de rouler avant de manger et surtout de ne pas avoir ce que l’on veut. Avec le temps, nous avons trouvé tout ce qu’il faut pour tous les goûts du groupe. Uniquement le pain mou reste obligatoire pour tout le monde. On ne trouve des bonnes boulangeries que dans les grandes villes.
Route vers Prince George
La météo reste catastrophique le 19 juin 1996, la vue est même difficile pour la conduite. Ce n’est qu’en quittant les montagnes que la vue s’améliore sans que le ciel bleu revienne pour autant. Départ tranquille à 9 heures.
Le col Yellowhead Pass
C’est un des cols les plus bas du Continental Divide. La ligne de chemin de fer d’Edmonton à Prince Rupert puis à Vancouver et jusqu’à l’Océan Pacifique passe aussi ici à 1100 mètres d’altitude. Ce col est ouvert toute l’année à cause de son importance commerciale. Le nom est assez original, il vient des premiers trappeurs de castors ici dans l’ouest du Canada. Il s’agissait de métis entre iroquois et blancs qui avaient la physionomie des amérindiens mais des cheveux blonds.
Au col, nous reprenons le Pacific Standard Time (-1 heure) et nous revenons en Colombie Britannique. Le Fraser River que nous suivons devient de plus en plus large. Nous voyons beaucoup d’animaux en forêt, mais rien du paysage parce que les nuages sont encore très bas.
Mt. Robson Provincial Park
Le Mont Robson devrait être visible du Visitor Center, c’est la plus haute montagne des Rocheuses Canadiennes avec 3954 mètres d’altitude. Les guides présents sont navrés, on voit des vidéos montrant le paysage par beau temps.
Nous continuons direction ouest et à Tête Jaune Cache, nous quittons les Rockies. Mais on y repassera encore plusieurs fois. À l’agglomération de McBride, le temps s’arrange aux heures de midi, mais la pluie repend de plus belle par la suite. Nous ne faisons que rouler et dormir dans les vans.
On arrive au soir dans un hôtel peu charmant à Prince George.
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