Le titre résume et met l’accent sur le fait qu’il s’agit de nos derniers jours d’un voyage de sept semaines dans l’ouest de l’Amérique du Nord.
La route 101 est certes large, mais assez sinueuse. Sur celle-ci, nous atteignons le dernier état fédéral que nous touchons avec notre tour: l’Oregon. La côte reste plongée dans la brume, nous longeons toujours et encore le même océan. Mais après Brookings le soleil se remontre et on voit alors la côte sous un aspect complètement différent. La forme de la côte ne change pas: des falaises tombent à pic dans la mer, des îlots escarpés se trouvent au large. Les parties moins raides sont couvertes de forêt ou de prés dorés.
Même les nuages disparaissent au nord des Humburg Mountains. Dans ces conditions, nous descendons à la plage à Port Orford où des grandes vagues déferlent devant le soleil déjà bas en soirée. Mais les températures n’invitent toujours pas à la baignade. La forêt jouxte ici immédiatement la zone de marnage.
Le soir approche et notre carte misérable indique un camping au Cape Blanco. Une vingtaine de kilomètres plus loin au nord (donc 7 millimètres dur la carte au 3 millionième), nous en trouvons un à Bandon. Le propriétaire et les autres clients sont des personnages lugubres qui nous paraissent sortir d’un film policier de mauvaise qualité. Mais nous sommes trop fatigués et le manque d’alternatives ne nous laisse même pas le choix de réfléchir. On profite même des douches un peu glauques. La tente se trouve certes sur de la bonne herbe et entouré d’arbres, mais on sent le mer toute proche et on entend le ressac. Couché dans la tente, Christian trouve même que l’on sent les vibrations. C’est la seule nuit que nous passons si près de l’Océan.
Le Face Rock à Bandon
Le matin du 27 juillet 1996, il fait de nouveau très frais. Nous partons tant que nos voisins dorment encore. Nous longeons la côte pour savoir à quelle distance nous sommes du ressac que l’on entend si bien. Nous voyons alors l’indication Face Rock. En effet, quelques rochers escarpées traînent devant la côte. Un de ceux-la ressemble à une tête d’enfant. La roche est noire, mais les déjections des oiseaux dessinent des traits réalistes sur le rocher. La brume présente ce matin une forme intéressante: elle se trouve sous forme d’une bande dense devant sur la mer. On voit du ciel bleu sur la photo, mais au-dessus de nous et plus loin à l’est ou de trouve le soleil, des gros nuages obstruent le passage de toute chaleur. Il fait froid et nous nous remettons en route, toujours avec le même but: Seattle. Plus que 715 kilomètres au minimum et 48 heures au maximum.
Sur la côte de l’Oregon ne se trouvent que des petits villages sans caractère spécial, mais ceci rend la région sympa et finalement pas très américaine. La partie escarpée de la côte prend fin après Coos Bay, c’est une autre ville tournée vers l’industrie forestière. Plus loin au nord suivent des longues plages. Cette partie est encore très peu densément peuplée. Quelques maisons en bois se trouvent entre route et plage.
Les Oregon Dunes
Après 65 kilomètres de route, nous arrivons dans une région verdoyante avec beaucoup de lacs. La côte est cependant couverte de grandes dunes. Nous ne pouvons pas passer ici sans nous arrêter. La route n’a cependant pas de sortie tout de suite, nous finissons par en trouver une qui mène vers le dunes. C’est l’accès à un camping où nous laissons la voiture pour monter directement dans les dunes haute jusqu’à 150 mètres. Nous marchons vers la mer et devons monter une dune après l’autre. Nous transpirons bien que le ciel soit voilé. Le sable est fin, pourtant on marche plus aisément que nous en avons le souvenir d’autres tas de sable comme celles dans le Death Valley. Il y a des facteurs qui empêchent de se sentir transposé dans le désert. D’une part le brouillard élevé cache complètement le soleil, il ne fait pas vraiment chaud, si nous transpirons c’est sous des gros pulls. Le sable est beaucoup plus stable que d’autres dunes: sous 10 centimètres de sable sec se trouve du sable humide très dur. Les dunes sont quand même stabilisés par des plantations en crête. La végétation est étrange, mais ce ne sont pas des plantes du désert. À divers endroits dans les dunes et partout autour pousse de la forêt.
Nous devons monter bien haut si nous volons voir la mer des dunes. La montée est fatigante, mais la descente comme en ski est très amusante. Nous réussissons finalement d’atteindre un point avec visibilité au large. Le rivage est encore loin et les dunes n’atteignent même pas la mer, un cordon forestiers se trouve entre la plage et les grandes dunes. Loin à l’avant se tient toujours le banc de brume que nous avions vu dès le matin.
La dune est ouverte au quads et autres Dune Buggies, mais nous n’en voyons pas et un silence presque irréel règne à notre point de vue privée. Nous retournons sur le même chemin à travers les dunes à la voiture. Nous y trouvons un papier entre pare-brise et essuie-glace, ce n’est pas une contravention officiels, il est simplement marqué « See Ranger! », c’est aussi direct que pas poli. Peu rassurés et ne sachant pas ce qui nous attends, nous cherchons dans le camping le fameux Ranger. Nous le trouvons finalement près des sanitaires. Il nous dit avec le charme inexistant d’un policier américain que nous ne devons pas garer la voiture dans l’herbe et qu’il faut stationner sur l’asphalte. Mais il n’a pas de temps pour nous et nous renvoie. Il faut dire que les parkings était marqués réservés aux campeurs et c’est pour cette raisons que nous nous sommes garés sur les bas-côtés. Nous repartons donc. Plus que 600 kilomètres jusqu’à Seattle
Près de du village de Florence (non, pas en Italie), nous quittons la route principale pour prendre le déjeuner sur la plage. La brume est dense, mais le soleil ou du moins la chaleur passe au travers. Christian veut emporter une petite bouteille de l’eau du Pacifique, et comme nous nous permettons mutuellement toutes les fantaisies, nous combinons l’utilité d’un repas avec la futilité d’un souvenir aquatique. Nous avançons donc sur la plage très large vers l’eau. Quelques coquillages se trouvent ici, mais sinon ce n’est que du sable. Nous voyons certes des panneaux avertissant de vagues très grandes et subites, mais nous entendons le ressac, l’eau ne peut donc plus être très loin. Nous partons armés d’une bouteille vide en cette direction. Mais tout à coup une vague monte et le brouillard nous englobe en même temps. Nous courrons retour le long de nos traces et réussissons de rester au sec. La plage est tellement plate que les vagues peuvent déferler très loin. Avec un peu de patience, nous réussissons à prendre un peu d’eau et beaucoup de sable.
La grotte des lions de mer
La côte redevient rocheuse et sauvage après l’estuaire du Siuslaw River. 30 kilomètres plus loin se trouvent les Sea Lion Caves. Un peu avant, nous voyons d’un point de vue des lions de mer se reposant sur un cap.
Les Sea Lion Caves sont connus et il y a pas mal de monde ici, y compris des magasins de souvenir et des parkings géants. Nous sommes ici 120 mètres au-dessus de la mer, les roches tombant à pic dans l’eau. Pour la descente, on paye une entrée et on peut alors prendre avec un ascenseur. Il nous mène dans les plus grandes grottes crées par la mer en Amérique. La halle est vraiment très grande et les lions de mer utilisent les rares places plates pour se reposer. Leur taille est impressionnante. Certains arrivent de mer et atterrissent avec l’élan d’une vague, d’autres se rejettent dans le flots. Il est interdit de photographier avec flash. La grotte a deux grandes ouvertures sur la mer, les vagues entrent en déferlant et ce bruit résonne dans la grotte. Par les mêmes ouvertures rentre le brouillard.
Autour de la grotte se trouvent d’autres point de vue sur la côte raide et le ressac violent qui les la frappe à la base. Des milliers de cormorans et d’autres oiseaux ont transformés les roches volcaniques noires en îlots blancs. Les cormorans nagent comme des canards, pour atterrir, ils profitent de vagues fortes et avec quelques battement d’ailes, ils sont au sec.
Devils Churn
Il nous reste encore un bout de route, maintenant on fonce sur une route bordée de côte rocheuse à gauche et de forêt dense à droite, le tout plongé dans le brume. 10 kilomètres plus loin, le soleil se montre et nous nous arrêtons à un endroit ou les vagues frappent sur une coulée le lave. Cette lave est trouée de toute part et la pression de vagues y fait remonter l’eau qui produit par endroits des véritables fontaines. Des algues de couleur verte et jaune créent des taches de couleur parmi l’univers très noir de la lave.
Vers Portland
La côte reste intéressante, mais l’heure avance et nous ne pouvons plus nous arrêter partout. Nous ne sommes plus au début des quatre semaines où nous pouvions librement décider de rester un jour de plus. Nous passons Waldport, Newport et de là nous bifurquons vers l’est pour monter la Costal Range dans un col de 900 mètres sur l’Interstate 20. De l’autre côté, nous trouvons l’Interstate 5 qui ne freine plus notre avancée vers le nord. On roule pendant 80 kilomètres et on voit déjà les volcans couverts de neige dans l’état de Washington. Nous laissons donc les redwoods derrière nous et nous approchons des régions plus densément peuplées. Les températures sont agréables et le soleil est de retour.
Nous ratons le contournement de la grande ville de Portland, mais la route par le centre est large et la circulation reste fluide même en fin d’après-midi (mais nous sommes samedi). Nous croisons le Columbia River que nous avons vu plusieurs fois durant ce voyage et sur le pont on a une belle vue sue la ville et les nombreux ponts qui luisent dans la lumière du soir. Les ponts sont très hauts pour permettre l’entrée de grands navires de mer.
Aller-retour au sud du Mount St. Helens
Il est tard et nous devon rallier demain Seattle, nettoyer la voiture etc. Mais un point intéressant apparaît sur la carte: le Mount Saint Helens. Nous voyons quelques Campgrounds sur la carte (1 millionième) dans le Gifford Pinchot National Forest au sud du volcan et d’autres plus loin à l’est du volcan. Nous décidons spontanément de contourner le Mount Saint Helens par l’est et de dormir au pied du volcan. La carte n’affiche pas de distances, mais nous jugeons que nous pouvons aussi rouler de nuit si le temps venait à nous manquer.
Nous quittons l’autoroute à la ville St. Helens et nous montons au sud du volcan le long du Lewis River Valley. Au début c’est une vallée cultivée avec beaucoup de villages et on avance lentement. Les premiers campings apparaissent près des premiers barrages après 80 kilomètres. Nous continuons cependant pour arriver à un troisième barrage pour voir enfin la bifurcation avec le panneau “National Volcanic Monument, 11mi”. Un panneau additionnel indique que cette route, que nous voulons emprunter pour contourner le volcan, est barrée plus loin. Cela ne nous souci pas pour l’instant, nous montons la route raide et sinueuse. Nous devons ignorer des sites intéressants comme les grottes de lave. Nous entrevoyons le sommet enneigé du Mount St. Helens entre les arbres. La route se tire cependant, on n’est pas encore au point le plus haut accessible en voiture.
En montant, la forêt normale a fait place à quelques petits arbustes ne faisant même pas un mètre de hauteur. Nous nous trouvons sur un énorme cône de déjection et la vue est ici ouverte sur le sommet décapité de 2548 mètres. Le soleil s’est déjà couché derrière la montagne. Le sommet déchiqueté montre quelques fumerolles et on sent une odeur de brûlé et de soufre. En Mai 1980 ont explosé les 400 mètres supérieurs du sommet. La majorité des masses est retombée du côté nord, mais ici ont dévalée les masses d’eau produites par la fonte subite des glaciers du sommet.
Nous allons voir des gorges crées par cette grande coulée qui s’est coupée à travers une première couche de lave et des plus anciennes. Nous voyons au loin le Mount Rainier briller orangé dans le crépuscule. Nous avons fait un grand pas vers le nord durant cette journée et il fait encore un peu jour, mais nous n’avons pas encore atteint notre but ni trouvé une place pour camper.
Nous retournons à la bifurcation pour faire le tour du volcan et nous continuons d’ignorer le panneau parlant d’une route barrée. Mais huit kilomètres plus loin, nous sommes vraiment arrêtés. Un grand tas de sable barre la route. Curieux, nous continuons à pied et effectivement, un peu plus loin, manque un pont. Les bouts de bois et les grands rochers laissent deviner que des grandes masses ont dévalé ici. La route est arrachée et il ne reste plus une trace des structures d’un pont. Ce n’est pas un accident de 1980, les traces sont plus récentes
Nous sommes impressionnés, mais piégés. Nous redescendons vers le barrage et nous essayons de voir si nous pouvons emprunter une des pistes parallèles à la route. L’état de cette piste n’est cependant rien pour notre voiture citadine bien que nous ayons déjà maintes fois étendus ses capacités. Nous résignons et descendons vers le campings que nous avons vu en montant. Celui-ci est bondé, il est samedi soir. Nous cherchons une place libre quelque part ailleurs autour du lac, mais apparemment toute la population de Portland se retrouve ici pour festoyer. Au bout chaque piste se trouvent des tentes. En passant sur un pont, nous voyons que le rivage est rempli de tentes et plusieurs feux de camp éclairent la nuit. Nous remontons donc la route barrée jusqu’au tas de sable jugeant que personne ne viendrait nous embêter là-bas.
L’endroit n’est pas très accueillant. Un pré se trouve à gauche de la route sous une falaise, pour faire place pour la tente, nous devrions retirer quelques pierres de la taille d’un melon. Mais un sentiment nous dit que ce n’est pas une bonne idée. Nous montons la tente de l’autre côté sur un gravier fin mais très pointu. Nous avons bien fait, car nous entendons des pierres tomber assez près durant la nuit, donc là où nous voulions monter la tente initialement! En cherchant le sommeil parmi ces bruits bizarres, nous nous rappelons que nous sommes aussi au pays des ours. Mais nous sommes trop fatigués pour en tirer des conséquences.
Le matin du dimanche 28 juillet 1996, nous cherchons une place au soleil avec une bonne vue et nous profitons du calme au-dessus de la vallée, la forêt et le lac. Nous savons que c’est notre dernier jour complet de congé, même s’il sera lui-aussi occupé par des tâches techniques en relation avec le voyage retour à la maison. Nous jetons nos affaires et la tente dans la voiture et nous fonçons maintenant vraiment vers Seattle.
La route vers Seattle
Nous faisons les derniers 320 kilomètres jusqu’à Seattle sans aucun arrêt. Nous ne voyons pas grand chose de l’autoroute mis à part les volcans Mt. St. Helens et Mt. Rainier. Nous rejoignons sans détours le camping du premier jour aux USA. Nous sommes confus de le voir fermé à cause d’une fête, mais la gérante nous reconnait et nous laisse entrer avec les mots “Hey guys, I know you!”, elle se souvient donc de nous.
Il n’est même pas midi, mais nous savons que nous n’avons pas beaucoup de temps pour nous reposer sur l’herbe fraîche. Nous commençons par monter la tente avant de commencer la tâche la plus difficile: vider complètement la voiture de tous nos effets pour la première fois depuis quatre semaines. Il est incroyable tout ce que nous en sortons. Nous pouvons être contents du beau temps qu’il fait parce que tout cela n’aurait jamais place dans la tente. Nous sommes installés près de la grande poubelle, cela facilite certaines décisions de séparation. Le but est de pouvoir caser tout ce qui reste dans nos deux grands sacs à dos sans oublier de réserver la place pour la tente, les matelas et les sacs de couchage. Cette procédure assez chaotique dure deux heures.
Le réservoir de la voiture est vide, nous allons donc le remplir. Près de la station d’essence se trouve Pizza Hut, nous nous y permettons une grosse pizza assez chère composée principalement de fromage. Avec de nouvelles forces, nous attaquons la partie la plus dégoûtante, le lavage de la voiture. Nous nous rendons au garage self-service à l’Eastgate sur le Interstate 90 et nous commençons un premier passage à la lance haute pression non sans omettre de nous occuper de la parie basse de la caisse. Nous laissons sur la place un gros tas de terre rouge qui date surement de notre passage dans le Cottonwood Canyon. Ensuite, nous commençons plusieurs sessions à l’aspirateur, cela nous coûte plusieurs dollars et pas mal de temps.
Nous interrompons nos manœuvres de nettoyage pour nous rendre en ville afin d’acheter des billets de trains Amtrak à la King Street Station. Il fait chaud et comme par réflexe, nous allumons la climatisation avant d’éteindre tout de suite la soufflerie. Cette dernière envoie des masses de poussières dans l’intérieur fraîchement nettoyé. Nous devrons trouver une solution à ce problème plus tard et roulons donc les fenêtres ouvertes. Nous trouvons un parking près du centre, mais nous avons de la peine à repérer la gare. Elle est en effet bannie sous terre. Sur le grand axe Seattle-Vancouver parent des avions toutes les 20 minutes et circulent au moins trois bus de ligne, mais il ne roule qu’un seul train qui fait l’aller-retour en commençant le matin à Seattle. Fans de trains et après l’expérience désastreuse du voyage en bus à l’aller, nous sommes décidés à prendre le train demain matin à 07h45. Cela a l’avantage de rendre la voiture avant l’ouverture du bureau et nous devrons pas expliquer les nombreuses petites égratignure dans la peinture ni les restes de poussière dans les recoins inaccessibles. Un autre point positif est l’après-midi de libre qui nous reste à Vancouver pour explorer la ville. Les tickets sont aussi des réservation de places, on voyage dans le Car 37 sur les Seats 21 et 22.
Nous retournons alors à la station d’essence à Eastgate pour peaufiner les détails avec les derniers morceaux de papier toilette qui nous reste. Le nettoyage à la lance n’ayant enlevé que les parties grossières, nous offrons encore un nettoyage automatique au véhicule. Le tunnel de lavage est complètement automatique, mais il faut sortir du véhicule. Quand nous nous remettons en place pour sortir, nos pneus glissent sur les plaques de métal et nous reculons pour sortir avec un peu d’élan de la cuvette. Mais un autre client a déjà payé son passage dans le tunnel et notre manœuvre a fait croire à la machine que le nouveau véhicule est en place. Ainsi commence un nouveau nettoyage gratuit pour nous, cette fois-ci nous restons cependant prisonniers dans la voiture. Tant mieux, la dernière crasse sera donc enlevé de la carrosserie.
La voiture brille comme au premier jour quand nous arrivons au camping. L’état complètement vide nous irrite gravement. Nous préparons les restes pour le dernier dîner et nous profitons longtemps des douches. La fête au fond du camping ne nous gène pas, nous sommes assez fatigués pour dormir tôt et bien cette dernière nuit dans la tente.
Seattle le matin
Nous avons calculé large pour arriver à temps à la gare, le réveil sonne le 29 juillet 1996 à l’aube à 04h30! Cela nous donne trois heures pour tout. On commence par un petit déjeuner copieux et jetons tout ce qui reste. La tente, les sacs à dos et les matelas sont rangés de manière à prendre un minimum de place, mais la rosée laissera tout humide et il faudra sécher tout cela deux jours plus tard à la maison. Nous avons arrangé notre départ matinal avec la gérante et nous passons donc une dernière fois le ponton flottant de l’autoroute et les échangeurs géants des autoroutes au sud de Seattle. La circulation est bien moindre à cette heure, même si c’est un lundi. Il faut rendre le réservoir plein et nous voulons être corrects. On tourne donc assez longtemps avant de trouver une station ouverte. Le location de la voiture a donné son accord pour remettre le véhicule avant l’ouverture du bureau. Une place est libre pour nous directement à l’entrée de leur garage. Nous garons donc une dernière fois la Chevrolet Geo après 5899 miles (9492 kilomètres) et quatre semaines. La clé atterrit dans une boîte à lettre prévue à cet effet. Bien que la voiture ne soit ni belle ni super efficace, elle ne nous a jamais lâché et nous sommes un peu nostalgiques.
Nous voilà sans véhicule et chacun avec un gros sac à dos à porter, un autre petit sac à dos dans le mains. Notre plan prévoit de prendre le métro pour aller à la gare, mais nous ne nous sommes pas vraiment occupés des modalités, ni des lignes et des directions à prendre. L’accès est bien caché comme c’est le cas pour toutes les stations de métro du monde, nous arrivons à cibler les endroits possibles avec notre carte touristique, mais on court quand même longtemps en rond. Les gens que nous demandons n’en ont aucune idée. Avec notre logique de géographes, nous trouvons finalement un accès. Nous descendons, achetons des tickets et arrivons aux quais. Nous sommes surpris de ne pas voir de rails. Des trolleybus circulent à la place. Nous apprendrons plus tard que le métro n’a jamais été achevé. Quand le bus sort à l’*air libre, il met son moteur à combustion en marche pour rouler normalement dans les rues de la ville.
En train de Seattle à Vancouver
Nous retrouvons la gare uniquement parce que nous avons tourné autour la veille. On ne fait vraiment pas beaucoup pour le transport en public. Nous le ressentons doublement avec nos bagages assez lourds. Avant de pouvoir rejoindre le quai, nous devons passer les procédures de douanes. Elles sont longues, mais quand même moins compliqués que lors du voyage en bus en sens inverse. Notre idée de prendre un train typiquement américain est déçu très vite. Sur le quai, on annonce fièrement l’entrée en gare d’un train ultra-moderne européen. Il s’agit d’une rame du Talgo espagnol peinte aux couleurs d’Amtrak.
Il nous reste un peu de temps avant le départ du train, mais nos sacs à dos nous empêchent d’inspecter la gare et le train en détail. La locomotive devant est américaine, sa grande taille n’harmonise pas vraiment avec la forme affinée du Talgo derrière. Nous rejoignons nos places. Les fenêtres sont fortement assombris. Le système vidéo annonce le film Up Close and Personal (Personnel et confidentiel) avec Robert Redford. On annonce les quelques arrêts à l’avance mais aussi des choses à voir en cours de route. La ligne de chemin de fer reste longtemps près de la côte et on en voit bien plus que de la route que prend le bus à l’intérieur des terres. Lorsque nous longeons le Puget Sound le matin, les hérons en attente forment une belle image avec le soleil qui monte. Le train ne dépasse pas les 110km/h et avec les voiture confortables, on le croit encore plus lent.
Nous franchissons assez vite la frontière canadienne, mais l’entrée de Vancouver se fait par un grand détour à l’est dans la vallée du Fraser River. Croiser une dernière fois le grand fleuve avec ses radeaux de transport de bois est un événement pour nous. Le train prend ensuite une allure d’escargot pour traverser la ville et entrer dans la Main Station. Il arrive avant l’heure prévue. La demi-journée restante à Vancouver est donc plus longue que prévue.
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