Nuit sans sommeil
Le parc national de Sequoia a tout fait pour nous faire peur. Nous arrivons le soir sur le Potwisha Campground où la plupart des places sont occupés par des tentes ou des camping-cars. Tout à l’air sympa, on est en lisière de forêt, il y a des toilettes avec de l’eau et les températures sont clémentes. On trouve cependant partout des panneaux avertissant de ne pas laisser de nourriture dans les tentes ni dans les voitures. Nous nous plions à ce jeu un peu dénigrant et rangeons nos vivres dans les boîtes métalliques noires qui se trouvent un peu partout sur le camping. Elles sont bétonnées dans le sol, se ferment bien, mais elles se trouvent en plein soleil, on ne peut donc y laisser des vivres que la nuit.
Nous montons donc notre tente, mangeons et vidons vraiment toute la voiture, dans le coffre ne restent que nos sacs à dos avec le vêtements. Comme il y a beaucoup de monde, nous allons brosser les dents et à la toilette à tour de rôle. André y va en premier en rencontre dans le petit local des toilettes sont premier ourson. C’est vraiment un jeune un peu apeuré qui a du mal à trouver la sortie. Les autres gens présents trouvent cela amusant, André pour sa part n’est pas trop rassuré et préfère ne rien dire à Alex qui y va juste après. L’ourson est parti, Alex ne le voit pas et on se couche. Il fait assez chaud, on dort sur les sacs de couchage et la tente est en partie ouverte.
À quatre heures du matin démarre l’alarme de notre voiture de location. C’est le klaxon qui s’actionne inlassablement. Pour l’arrêter, il faut avoir la clé et démarrer le véhicule. Ce n’est que par hasard qu’André connaît cette procédure parce qu’il avait lu la notice durant la première semaine où il voyageait seul. Il sort donc de la tente, sans lunettes, pieds-nus et juste en slip, armé uniquement de la clé de la voiture, ouvre la portière conducteur et démarre le moteur. L’alarme s’arrête et André sort de la voiture. Il voit alors le voisin, descendu de son camping-car, gesticuler et faire des signes du côté passager de la voiture. En effet, en regardant dans cette direction, André voit un énorme ours le regardant droit dans les yeux par dessus le toit de la voiture!
L’approche des hommes, l’alarme et le démarrage du moteur n’ont pas dérangé l’ours. André est passablement hébété et énervé par le réveil brutal et il claque la porte de manière particulièrement forte. L’ours se sent alors dérangé et se cache derrière une autre petite tente. Enfin, il tente de se cacher, car son gros dos dépasse largement le haut de la tente. Le voisin du camping-car continue cependant de pointer son doit vers le côté passager de notre voiture de location. André est assez étonné quand il fait le tour du véhicule. L’ours a forcé la porte en abaissant d’environ 60° le cadre de la fenêtre de la portière droite arrière. Il a simplement passé ses griffes dans le joint et plié la partie vers le bas. C’est apparemment ce qui a déclenché l’alarme. La vitre n’est pas cassée. André replie le cadre sommairement vers le haut. Bien sûr, la porte reste déformée et ne ferme plus correctement. La photo montre le résultat replié le matin suivant. Nous voyons alors plus précisément la trace de son museau, les traces des pattes et celle des griffes dans le caoutchouc du joint.
Mais il est quatre heures du matin, la voiture n’est pas un endroit sûr, alors quoi faire? André retourne simplement auprès d’Alex dans la tente et nous passons le reste de la nuit à entendre d’autres alarmes et d’autres cris dans le camping.
Le matin, un ranger arrive avec des formulaires en papier à la main. Nous ne sommes pas les seuls à accourir pour nous plaindre de la situation insécure du camping et des dégâts causés. Il nous dit de procéder un par un et il nous pose les questions suivantes qui sont rangés dans un ordre de déraison croissante:
- « Est-ce que des ours ont causé des dégâts cette nuit? » Notons que l’on ne demande pas simplement si on a vu des ours ou si on a eu peur. Mais bon, il y a apparemment une sorte de conscience du problème pensons nous d’abord.
- « Est-ce que l’ours avait une marque à l’oreille? » Rappelons-nous qu’il faisait nuit noire et qu’André, myope, n’avait pas ses lunettes. Mais aucun de la dizaine de plaignants pouvait répondre positivement à la question.
- « Est-ce que vous avez-pu lire le numéro sur la marque à l’oreille de l’ours? » À cette question, nous avons tous commencé à douter du sérieux du ranger et des autorités du parc de Sequoia.
On ne note pas les dégâts en soi, on ne reçoit qu’une confirmation appelée « bear damage report » à remettre à son assurance et en notre cas à au loueur du véhicule. Quand tout le monde a son document en main, André demande le ranger pourquoi on n’enlevait pas les ours problématiques pour les transférer ailleurs. La réponse du ranger n’est pas concluante: « On a déjà souvent enlevé certains ours pour les mettre ailleurs, mais ils reviennent toujours ici. André demande alors pourquoi pas les amener dans les vastes étendues désertes de l’Alaska. Il réagit horrifié et indigné à cette proposition, ces ours ne supportent pas ces basses températures, ce sont des ours californiens. Nous vient alors en tête l’emblème de la Californie qui se trouve aussi sur son drapeau: ce fameux ours californien.
Nous continuons à rouler la dernière semaine de la location avec la portière tordue. Sur l’autoroute, la portière siffle fort et elle ne ferme plus très bien. Un peu de poussière entre par l’habitacle, mais il ne pleuvra plus. Dans le tunnel de lavage nous avons cependant une entrée d’eau assez massive le dernier jours. Nous communiquons le souci à notre loueur de voitures, ils en prennent note sans nous comprendre, ils n’ont jamais eu ce genre de problèmes. Mais apparemment les assurances s’entendront, on n’a jamais eu des nouvelles d’eux après la fin du contrat.
Giant Forest
Nous sommes fatigués et pas trop enclin à faire des grandes visites aujourd’hui. Puisqu’on est là, on va quand même voir les grands arbres sur la route vers le Moro Rock.
L’unité de mesure aux USA est la voiture, bien que notre Ford soit un bien petit modèle. Cela laisse au moins apparaître le tronc encore plus épais.
D’autres bestioles nos font finalement fuir de Sequoia National Park. Sous grands arbres il pleut littéralement des chenilles. Elles tombent sur la tête, sur les épaules, dans les t-shirts. Leur poils sont urticants et la peau rougit et gratte fort. Ce parc national ne fera pas parti de nos meilleurs souvenirs.
Oakland
Nous rejoignons donc la Côte Pacifique, ou du moins la San Francisco Bay Area. André a ici un oncle. Nous sommes contents de loger dans une maison fermée après la nuit avec les attaques d’ours. Même c’est une maison typiquement américaine en bois léger. Nous déclinons cependant de revenir ici après la visite de San Francisco, c’est assez idiot de notre part.
Constructions vues dans le Tamalpais Valley au nord de San Francisco.
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