On fait encore quelques courses à Agadir et nous partons en direction du sud-est par Inezgane, Biourga et Aït Baha. On passe d’abord dans une plaine avec des centres urbains, puis on monte dans la Vallée de l’Oued Aït Baha. Cette route nous donne les premières impressions de l’Anti-Atlas. On voit partout des terrasses agricoles, mais la terre est sèche et dure comme du béton. Il est difficile de croire que des céréales poussent ici au printemps
La vie est très marocaine avec des charrettes d’ânes, des chèvres qui grimpent dans les arbres, des habitants vêtus de longs manteaux lourds et des camions très très lents sur la route.
Montée vers les cols de l’Anti-Atlas
En montant dans les montagnes, la chaleur lourde de la côte fait place à un air plus frais et sec. Bien que se soit une route secondaire, elles est en bon état et relativement large. C’est sur cette route, à peu près dans cette région, que nous avons la panne d’essence temporaire décrite dans la page précédente.
Les bornes routières en lettres latines sont rarissimes. Cette route mène au village Douar Fizirt. Le douar se trouve à 23 kilomètres de Aït-Baha, et à de 67 kilomètres avant Tafraoute. Les distances sont grandes dans l’Anti-Atlas.
Nous nous arrêtons à des endroits juste pour regarder le paysage au sens large et la végétation en détail.
Douar Fizirt est un village classique, avec un vieux ksar délabré et des nouvelles constructions autour. Une nouvelle piste y mène à partir de la route principale. Le village se trouve dans le Jbel Tikwayne, politiquement c’est la région d’Ida Ouktiz et sur la commune Ait-baha. Les terrasses dallées et rondes en contre-bas servent au battage des grains à l’aide d’ânes. Le blé et d’autres céréales sont cultivés sur les étroites terrasses aménagés partout sur les flancs des collines. On n’y moissonne qu’une seule fois par an, au printemps. Les terrasses se trouvent toutes côté ubac.
Cette plante épineuse ne fait pas partie de la famille des cactus.
Douar Aifour est un village de la région d’Ida Ouktir sur la commune d’Aït Baha, dans la vallée de l’Oued Aït Baha.
Ce vieux ksar en murs pisés délabré est entouré de nouvelles constructions, il se trouve au sud de Douar Fizirt.
Tous les villages berbères anciens se trouvent accolés aux flancs des collines. Il ne s’agissait pas seulement d’épargner le sol agricole précieux de la vallée. C’est une faiblesse de construction qui oblige d’appuyer ces maisons contre les parois rocheuses. Ces maisons sont toutes à toit plat, on s’en sert pour y faire sécher des fruits. Or, le toit est un point faible, on l’évite en superposant plusieurs étages.
L’Agadir Tizrgane
Ce village fortifié est une sorte d’ancêtre d’une banque. On y gardait céréales et documents de valeur. Cet agadir a été construit au 13e siècle par les Illales, une confédération de 18 tribus dont chacune dispose d’un grenier à part dans l’agadir.
Vue du nord-ouest, le long d’une route menant au village d’Aïoufis.
Vue de l’ouest, le long d’une route menant au village d’Aïoufis.
Un large escalier mène à l’unique porte d’entrée. L’intérieur est plutôt désert bien que trois familles y habitent toujours. Il y a aussi une chambre d’hôtes. Nous payons une entrée de 10 dirhams par personne. Nous sommes surveillés par un guide qui n’explique cependant rien.
Les murs d’enceinte de ce village et grenier fortifié du 13e siècle ont été stabilisés et rénovées récemment. A l’intérieur, il y a cependant plusieurs constructions en ruines.
Les fenêtres montrées sur la photo en bas sont classiques pour le Maroc: pas de verre, des volets appliqués de l’intérieur par dessus un profile de fenêtre arabe et une grille en fer forgée.
Les décorations par triangles sont appelées Lokhba et consistent un arrangement spécial (souvent oblique) de dalles et de briques dans le mur. La plupart du temps, elles ne commencent qu’au premier étage. Il ne s’agit pas de de trous d’aération.
Les constructions de murs traditionnelles sont sont soit faites de pisé, soit de pierres sèches. Les poutres des plafonds et toits plats sont fait en bois dans les montagnes et en bois de palmier près des palmeraies. Les poutres sont croisés et diminuent en épaisseur dans les couches supérieures. Les embranchements obliques semblent être des éléments de décoration. Dans le sud, on finit les constructions par les tiges des palmiers. Par dessus cette construction viennent des pierres et de nouveau une couche de pisé, sans ou avec paille.
La plaine vallonnée ressemble à un désert aride. Mais ce n’est pas le cas, il n’y aurait pas autant d’habitations dans ce cas. On voit des terrasses et surtout des plateformes rondes. Il s’agit de grandes places dallées qui peuvent atteindre 20 mètres de diamètre. Elles servent au battage du blé: on y fait tourner un ou plusieurs ânes en rond.
Après cette visite, nous continuons notre traversée de l’Anti-Atlas en direction sud-est. La route reste pleine de virages mais de bonne qualité.
Il nous faut cinq heures pour rallier Agardir à Tafraoute.
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