Partir des montagnes ensoleillées vers la brume di Pô
Partir du Tyrol en automne dans le Delta du Pô est un défi, surtout quand on n’est pas adepte du brouillard. Il y est presque garanti et nous sommes servi. Sur la côte il est constant en dense, plus lion à l’intérieur de la Plaine du Pô, il s’élève un peu plus tout en continuant à masquer efficacement tout soleil. Mais il ne fait pas trop frais et il n’y pas de vent, c’est en gros tout ce qu’il faut pour un petit tour en canoë afin de rejoindre un phare sur une île.
Nous partons donc le soir de la veille de la maison et plus nous avançons dans la nuit dans le delta, plus la couche nuageuse s’abaisse. Lorsque nous ne sommes plus que sur les routes rectilignes des polders, cette couche de brume flotte à deux mètres au-dessus de la terre et en en Trafic, nous passons en quelque sorte juste sous cette couche. L’asphalte est noir, mais la lumière des phares éclaire la brume au-dessus. On roule comme dans un labyrinthe de miroirs qui inverse le haut et le bas. La conduite est bien sûr difficile dans ces conditions et comme nous cherchons une place pour nous poser la nuit, nous ne sommes pas en humeur de prendre des photos et des vidéos. Malheureusement, car le souvenir en est encore bien présent.
Réveil en automne en bordure du Sacca dei Scardovari
Notre but sont les digues autour du Sacca dei Scardovari, il s’agit d’une baie dans les polders du delta. Il n’y a pas moyen de s’écarter de la route, les rares pistes agricoles sont des bourbiers profonds, autrement on se heurte à la digue ou des barrières. On reste donc dans un écart de la digue, cela forme comme un bastion. Ce n’est que le matin que nous sortons et nous voyons que nous sommes entourés de chasseurs et de leurs chiens, mais il sont restés agréablement silencieux et respectueux. Nous reconnoterons ce genre d’amabilité souvent en Italie hors saison, c’est sans doute parce que les Italiens voyagent aussi souvent en camping-car.
En canoë vers le Phare de Goro
Nous ne gonflons pas notre canoë juste pour faire un tour dans les roseaux du delta, notre but est un phare sur un banc de sable. Elle s’appelle Isola di Goro ou pour les touristes estivaux Isola dell’Amore. Il s’agit d’une île plate faisant partie du reste du bord du delta naturel sud du Pô. Nous passons donc sur le Po di Goro qui charrie environ 12% de des eaux totales du Pô. Au Moyen-Âge, il formait une voie de navigation importante dans le delta non encore régulé et changeant souvent d’aspect.
Nous partons de la rive gauche et près de l’embarcadère estival pour l’île et le phare. La distance prévue n’est que de 600 mètres car notre but est d’accoster au nord de l’île sans sortir sur la mer.
En bas la vue du phare de notre point de départ. À gauche la digue que nous contournons finalement.
Nous ne sommes pas équipés tout à fait correctement car uniquement notre fils porte un gilet de sauvetage. Nous adultes devrions aussi en porter car en additionnant les températures de l’air et de l’eau, on n’arrive pas à une valeur suffisante. Sur la photo du bas, on voit aussi l’embarcadère de la navette estivale pour l’Isola dell’Amore.
Mais nous y entendons aboyer péniblement un chien de garde. Nous évitons donc cette approche directe. La photo du haut montre aussi la navette qui permet de rejoindre l’île en été. Nous contournons la pointe est qui est stabilisée par une digue pour franchir l’estuaire. Nous sortons donc la première fois avec notre canoë sur la mer ouverte, même si ce n’est que dans le delta donnant sur la Mer Adriatique. On accoste donc au sud juste en face du phare.
Un feu est établi sur ce tas de sable dès 1862, le phare actuel date de 1950 et il est toujours actif.
On pourrait marcher assez longtemps sur la plage. Il paraît que quelque part à l’ouest du phare actuel se trouvent les ruines du premier feu, mais nous ne tombons pas dessus.
Le retour nous cause quelques frayeurs. Le contournement de la digue est un jeu d’enfant et comme nous n’aimons pas pagayer, nous commençons par remonter de manière oblique cette branche du Pô apparemment paisible car nous devons aussi traverser ce bras comme à l’aller. En nous engageant dans le canal naturel, nous nous rendons enfin compte du fort courant qui règne. À l’aller nous n’y avons pas prêté attention parce que c’était notre direction de navigation. Mais maintenant nous voyons que nous ne pouvons pas aller contre le courant. En pagayant à 80% contre le courant et à seulement 20% vers la gauche, nous réussissons tant bien que mal à traverser le courant. Avec un vent supplémentaire, on aurait aucune chance ici. Le long de la rive orographique gauche, les roseaux ralentissent considérablement le flux et nous réussissons à y remonter tout en faisant des pauses en nous tenant à la végétation. Quel apprentissage sur le terrain!
Les routes du delta du Pô
Même avec le stress du retour, le phare ne remplit pas la journée. Nous sommes de retour peu avant midi. On se met alors en route vers le sud où il fait traverser plusieurs bras du Pô sur des pontons flottants assez archaïques.
Le Lido di Volano en hiver
Nous visons une autre partie de la côte plate et rectiligne. Nous passons des zones touristiques délaissés à l’approche du Lido di Volano. La route est large, tous les parkings des plages, des commerces et des campings sont déserts. Il y a divers panneau de signalisation routière qui règlent toutes sortes de choses, mais comme il n’y a personne nous avançons simplement vers la mer. C’est alors que surgit la police. On nous arrête et on nous demande sérieusement ce que nous faisons ici. C’est un peu embarrassant pour nous mais aussi pour les policiers. D’une part nous n’avons pas de but précis, d’autre part nous n’avons ignoré que quelques lignes blanches du parking. On nous laisse continuer en nous souhaitant une bonne journée. Devant sur la plage, nous voyons plusieurs voitures et leurs occupants sont alignés pour pêcher sur le ponton.
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