Bloqués à Abisko

Route par Kiruna à Abisko

Kiruna, Norrbotten, Sverige

Il était clair dès le départ que franchir la chaîne montagneuse à la frontière entre la Suède et la Norvège pourrait être problématique. De Jukkasjärvi, nous passons à Kiruna (ville minière sans intérêt) et continuons ensuite sur un haut-plateau désertique et balayé par le vent glacial sur une route de plus en plus couverte de glace vers Abisko.

La neige s’amasse sur les côtés, forme des langues et des corniches de neige en travers de la route, fond et regèle par endroits et on fait des centaines de kilomètres à rouler ainsi à 70km/h en moyenne, avec des pneus neige, mais sans clous et sans 4×4.

La tempête chasse la neige par dessus la route entre Kiruna et Abisko. Photo © André M. Winter

La tempête chasse la neige par dessus la route entre Kiruna et Abisko. Photo © André M. Winter

Route entre Kiruna et Abisko couverte de neige balayée par le vent. Photo © André M. Winter

Route entre Kiruna et Abisko couverte de neige balayée par le vent. Photo © André M. Winter

Parfois la route est dégagée et on voit aussi du ciel bleu par moments. Mais c’est vraiment exceptionnel, pour la photo.

Route entre Kiruna et Abisko. Photo © André M. Winter

Route entre Kiruna et Abisko. Photo © André M. Winter

Plus nous montons, plus le paysage devient arctique. En gelant, les vagues du lac sont gelés aussi et forment ce motif régulier à la surface.

Le Lac Torneträsk gelé. Photo © André M. Winter

Le Lac Torneträsk gelé. Photo © André M. Winter

Abisko

Abisko, Kiruna, Norrbotten, Sverige

Abisko est une station de ski réputée pour son air sec, cependant ce jour là, il y a surtout du vent. La conduite ayant été déjà assez stressante, nous y faisons une pause avant de nous remettre en direction du col.

Nous n’irons pas loin. La route est barrée pour un temps indéterminé pour cause de tempête de neige. En gros, le vent souffle tellement fort que les corniches de neige barrent la route. Les voitures et camions attendant sont donc envoyés par très petits convois derrière une fraiseuse à neige. Le problème: la section à traverser ainsi fait 40 kilomètres de long! On nous dit à plusieurs reprises que « dans deux heures la situation sera réévaluée ». Nous apprenons tout ceci lors d’une deuxième pause encore bien plus longue à l’hôtel touristique plein de monde échoué ici. Il y a aussi des passagers en train bloqués. La voie ferre passe sur le même col et le fort vent a balayé quelques containers des wagons. Nous retournons à la queue des voitures et nous voyons qu’elle ne fait que s’allonger. Un essai de monter à la station de Björkliden (où un camping ouvert est indiqué) échoue à cause d’une montée enneigée trop en pente, nous jugeons que nous ne passons même pas avec des chaînes-neige.

L’attente dans l’hôtel touristique est démoralisante. Nous perdons ainsi surtout du temps qui nous manquera crucialement vers la fin de la journée.

Retour à Kiruna et monter à Karesuando

Kiruna, Norrbotten, Sverige

Dans ces conditions et voulant toujours aller à Tromsø, nous prenons la décision de passer par la route nord, moins haute et qui passe par un bout de Finlande. Cela fait un détour de plus de 300 kilomètres, dont 150 sur neige et glace. Il nous faut d’abord retourner les 120 kilomètres à Jukkasjärvi.

Autour de Kiruna, l’asphalte est visible par moments.

Route à l'est d'Abisko. Photo © Alex Medwedeff

Route à l’est d’Abisko. Photo © Alex Medwedeff

En fin de journée, le soleil passe pour un court moment sous les nuages. À ce moment-là, nous ne savons pas encore ce qui nous attend sur la E45 vers la frontière finlandaise.

Le trafic éclairé par le soleil couchant. Photo © Alex Medwedeff

Le trafic éclairé par le soleil couchant. Photo © Alex Medwedeff

Ciel rose. Photo © Alex Medwedeff

Ciel rose. Photo © Alex Medwedeff

Il nous faut plus de trois heures pour les 100 derniers kilomètres de nuit sous une tempête de neige et environ 10 centimètres de neige fraîche sur la route E45. Il n’y a pas de photos de ce passage, il tombe des gros flocons, le camion patauge (mais pas besoin de chaînes) et lors du passage de voitures et surtout de semi-remorques en sens inverse, on passe dans un nuage de neige d’une vingtaine se secondes. Dans ces situations-là, mieux vaut s’arrêter et laisser passer.

Karesuando

Karesuando, Norrbotten, Sverige

Neige à l'arrière du trafic après 100km de tempête de neige. Photo © André M. Winter

Neige à l’arrière du trafic après 100km de tempête de neige. Photo © André M. Winter

Nous arrivons à 21h40 à la frontière à Karesuando et les déboires continent.

N’ayant pas du tout prévu de passer par Karesuando, nous n’avons aucun plan mais ne voulons plus continuer au-delà de 22 heures. Nous nous arrêtons au parking de l’église en plein village, c’est au moins une grande place bien déblayée. Les portières sont gelées, l’arrière du camion forme plus ou moins une grosse corniches de neige. Les vitres arrières du camion ne sont libres qu’à cause du chauffage des vitres. Dans ces conditions, il n’y a plus qu’à chercher une place de laquelle on pourra repartir le lendemain et de mettre le chauffage auxiliaire en marche.

La soufflerie du chauffage se met en marche, de l’air frais en sort, puis tout s’arrête avec un message d’erreur. André redémarre le chauffage mais rien n’y fait. Il fait -12°C et il nous reste juste un peu de chaleur de la conduite d’avant. L’erreur affiché est l’erreur standard qui couvre toutes les possibilités (« Error 1 » correspond à « démarrage impossible »). André n’a pas la tête à chercher le défaut après cette journée fatigante. Nous sortons donc le réchaud à gaz et faisons du thé, puis quand le froid reprend, nous chauffons un repas en boîte. Pour dormir, notre couette, nos gros sacs de couchage et nos bonnets nous sauvent. Cette nuit, des bouteilles d’eau laissées dans les portières avant gèlent complètement.

Le matin, encore somnolant, André pense bien sûr au chauffage. Nous en avons besoin pour le reste du voyage, les campings ouverts se faisant rarissimes si haut dans le nord. Il lui vient alors l’idée que l’échappement pourrait être bouché par de la neige. André grimpe sous la voiture et c’est pire que ça: il y a une véritable calotte de glace sous tout le camion, pas très épaisse, mais elle recouvre toute la surface, y compris l’échappement du Webasto. Avec quelques coups de tournevis, la glace tombe de l’embout de l’échappement et le chauffage redémarre, non pas sans puer sérieusement, aussi dans l’habitacle. Il fonctionne normalement par la suite. C’était simple, mais cela ne nous venait pas à l’idée la veille.

La glace vient de l’eau de fonte dans les rails de glace sur les routes d’hier soir. L’eau projetée gèle immédiatement sur la caisse refroudie aux températures de l’air du soir.

Photos prises le lendemain suivant:

Glace tombant de l'échappement après la remise en marche du webasto. Photo © André M. Winter

Plaques de glace tombant de l’échappement après la remise en marche du webasto. Photo © André M. Winter

Au fond, le panneau marquant la frontière finlandaise sur le pont.

Notre trafic à Karesuando à la frontière finlandaise. Photo © Alex Medwedeff

Notre trafic à Karesuando à la frontière finlandaise. Photo © Alex Medwedeff

La route assez illogique de ce 14 mars 2014: Jukkasjärvi – Kiruna – Abisko – Björkliden – Abisko – Björkliden – Abisko – Kiruna – Karesuando: 432km.

La carte montre Jukkasjärvi au sud. Nous montons d’abord à Abisko à l’ouest, repassons à Jukkasjärvi et prenons ensuite vers le nord-est.

Carte OpenStreetMap Abisko - Jukkasjärvi - Karesuando

Carte OpenStreetMap Abisko – Jukkasjärvi – Karesuando

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