Le musée hanséatique de Bergen
La Hanse, la puissante association de villes marchandes de l’Europe du Nord autour de la mer du Nord et de la mer Baltique, avait un grand comptoir à Bergen. On y échangeait principalement la morue (salée et en tonneaux) contre toutes sortes de marchandises ou matières premières non-disponibles en Norvège. À la fin de l’ère de la Hanse, les entrepôts, hangars et quai avaient continué à jouer le même rôle, sauf que les partenaires commerciaux étrangers avaient changé. Le musée se trouve dans une des maisons bien conservées. Il retrace bien la vie marchande dans ces grandes maisons en bois qui servaient d’entrepôts, d’habitation permanente aux marchands sur place et de gîte pour les marchands accompagnant les bateau lors des escales des cargos.
Toutes ces maisons ont une particularité: il n’y a pas de place de feu ou de cuisine par crainte (justifiée) de feu. Il y avait, dans une maison isolée à l’arrière de chaque comptoir, une salle commune de rassemblement (la Schøtstue) avec une grande cuisine.
Le comptoir historique Finnegården
Le Finnegården est un des 20 comptoirs du quartier historique de Tyskebryggen. Il a été détruit comme 7/8 de tous les entrepôts par le feu de 1702, mais reconstruit en 1704 en gardant les formes historiques. Depuis 1872 il y a ici un musée de la Hanse. L’agrandissement sur la droite date de la fin du 19e siècle quand le musée manquait de place. Il a été réalisé par Fredrik von der Lippe. Une restauration conservant les aspects historiques de l’ensemble a été effectuée en 1901. Un autre grands feux a tout ravagé en 1955, mais les reconstructions sont authentiques.
La Ligue hanséatique marchandait principalement la morue séchée et des fourrures. Une pièce du musée montre une salle de traitement des produits de morue. Ici on ne marchandais pas seulement, on transformait aussi en partie, on pratiquait par exemple l’extraction de l’huile de morue. Une partie du travail consistait aussi au transvasement de récipients.
L’huile de morue, extraite par une presse, est versée dans des tonneaux du commerçant pour être exportée. Avant ce transvasement, les dimensions des tonneaux sont contrôlées à l’aide d’une jauge (à gauche) car les dimensions sont fixés par la loi. Le tonneau est bouché par une cheville en bois, cette cheville est appelée fausset.
Une bondonnière (deuxième outil de gauche) est utilisé pour percer un trou dans un tonneau pour un transvasement. La taille de l’orifice peut être contrôlée grâce à la poignée. La « pointe » (une sorte de marteau en bois, troisième de gauche) est utilisée pour retirer le fausset en le frappant sur le côté. La même fonction a le débondeur (quatrième outil de gauche) quand le fausset est trop enfoncé.
La pipette (premier outil à droite du texte) sert à prélever des échantillons d’huile des tonneaux. La jauge graduée (deuxième outil à droite du texte) permet de mesurer la quantité d’huile dans les tonneaux. Les traits sur la règle correspondent à un « quade » (unité de mesure d’environ 1.9l, en allemand Kannen). Chaque maison de commerce possède sa propre marque et le fer à marquer (troisième outil à gauche du texte) est utilisé pour marquer les tonneaux. La queue de bœuf sert à essuyer l’huile de foie de morue déversée.
Les tableaux sont rédigés en allemand et intitulés « Was am Staven täglich von Norlandischen Wahren Empfangen Wird » et « Was täglich am Staven geliefert wird » (« Ce qui est livré quotidiennement au Staven en provenance des pays du nord » et « Ce qui est livré quotidiennement au Staven »).
Le « Staven » est le quai proprement dit (« staven » signifie « tronc » en norvégien et les quais sont encore souvent en bois). Le premier tableau énumère des produits norvégiens (essentiellement du poisson), le deuxième énumère des produits européens (bière, malt, céréales, tabac, chanvre, aqua vitae, etc.).
Un sceau de ville soulignait l’indépendance de celle-ci et sa capacité d’agir juridiquement comme entité. On utilisait les sceaux pour tous les types de contrats. Les sceau présentés ici: Lemgo (ville entre Bielefeld et Hanovre), Schleswig 1250, Beslau (Wrocław) 1281, Stettin (Szczecin) 13e siècle, Münster 1350, Riga 1352, Thorn (Toruń) 1352, Dorpat (Tartu) 1356, Hildesheim 1356, Dortmund 1358, Lüneburg 1397, Krakau (Kraków) 1425, Hamburg 1451.
D’autres vitrines montrent les sceaux suivants:
- Sceaux hanséatiques: Culm (Chełmno) 1345, Schwerin 1351, Königsberg (Kaliningrad, Калининград) 1351, Köln 1270, Bremen 1372, Reval (Tallinn) 1350, Berlin 1350, Osnabrück 13e siècle, Kamen (près de Dortmund) 1383, Wiesmar, Greifswald, Buxtehude 1400, Lübeck 1226, Lübeck 1250, Lübeck 1280, Elbing (Elbląg) 1242, Elbing (Elbląg) 1350, Harderwijk 1280, Danzig (Gdańsk) 1299, Danzig (Gdańsk) 1462, Kiel 1300, Stralsund 1329, Neustadt/Holstein 1365, Stavoren (Pays-Bas) 1370, Wismar 1473. Pour les comptoirs: Bergen, Brügge (Brugge, Bruges), London (Londres), Novogord (Новгород).
- Sceaux de villes n’appartenant pas à la Hanse: Romnes/Kent (New Romney) 1238, Portsmouth 13e siècle, Ipswich 13e siècle, Bristol ca. 1300, Southampton ca. 1300, Faversham ca. 1300, Rye 1380, London, Dublin 1267, Amsterdam 1465, La Rochelle ca. 1200, Pamiers 1267, Paris 1412, Paris 1426, Lymington 1669, Cardigan 17e siècle, Nieuport (Nieuwpoort) 1307.
- Sceaux de villes indépendantes: Gotland 1341, Viseby 14e siècle, Stockholm 1351, København 1377, Brügge (Bruges, Brugge) 1360, Praha 1570, Bergen 1376, Lödöse 1351,
- Sceaux de personnes: Eirik II Magnusson (roi de norvège) 1285, Eirik II Magnusson (roi de norvège) 1295, Håkon VI Magnusson (roi de norvège) 1360, Erik IV 1398, Richard III Plantagenet (roi d’Angleterre) 1483. John of Holland (amiral anglais) 1421.
- Sceaux d’organisations: Tyske Kjøpmenn (les marchands allemands) Gotland 1291, Tyske Kjøpmenn (les marchands allemands) Gotland 1341.
Le bureau n’était utilisé qu’en été seulement car il n’y avait pas de chauffage. On a placé ici beaucoup d’objets d’antan.
On ne mangeait que froid dans les habitations-comptoirs de Bryggen car le feu était interdit depuis le Moyen-Âge.
Les lits ressemblent fort au lits sur les navires. Il y avait deux autres raisons pour les arranger ce cette sorte: d’une part il y avait ici des habitants changeants (les marchands accompagnant les navires faisant escale ici) et aussi le froid car il n’y avait pas de chauffage dans ces entrepôts au port.
Le système de lavabo est simple et efficace: Un pot suspendu et donc basculant, au-dessous une grande assiette pour recueillir l’eau usée.
Les Schøtstuene
Ces bâtiments sont pour la plupart détruits mais une cuisine et diverses salles de réunion ont été reconstitues près de l’église des marchands allemands (Mariakirken). Il s’agit d’une dépendance du musée appelée Schøtstuene (pluriel de Schøtstue), le ticket du musée est aussi valable ici. Contrairement à ce qui est écrit dans la plus part des guide de voyage, il y avait plusieurs Schøtstuene et non pas une seule centrale pour l’ensemble des comptoirs commerciaux. Les différents noms (Bredsgården, Jacobsfjorden et Bellgården ou Svendsgården) correspondent au noms des ruelles entre les anciens entrepôts de Bryggen.
Ces maisons recueillent les répliques et reconstitutions de différentes salles communes des comptoirs historiques de Bergen.
Les Schøtstuene étaitent des salles communes des marchands. Ici ils se réchauffaient, mangeaient chaud et le lieu servait aussi de salle des fêtes mais également de tribunal et d’école pour les apprentis.
La salle commune de Bredsgården est en grande partie d’origine de 1709 (reconstruction après le grand feu de 1702). Elle a été rénové en 1761. On pris soin d’installer des plus grandes fenêtres pour laisser entrer plus de lumière.
Les poêles ne sont pas d’origine.
La reconstruction de la Schøtstue Jacobsfjorden og Bellgårdens date de 1930 et tente de reconstituer une schøtstue avant le grand feu de 1702. Le décor est inspiré de Lübeck et de l’église de Bergen.
Les chaises d’honneur étaient réservés au maître du comptoir, au responsable des réserves de bière et au responsable des réserves de bois.
Le règlement définit le comportement dans la salle commune. Il est affiché près des chaises d’honneur. On y parle de l’obligation d’apparaître aux réunion et de sanctions diverses comme des erreurs par cause d’ivresse.
La table au centre est un meuble de cérémonie important. On y conserve entre-autres le livre des cantiques et les chopes.
La salle commune de Svendsgården est une copie d’une salle qui existe encore dans sa version originale au restaurant Bryggen Tracteursted. L’inventaire est basé sur des listes datant de 1702.
Les cuisines des Schøtstuene
La partie froide de la cuisine centrale ne contient pas de place de feu, elle est dans une autre chambre.
Les apprentis faisaient à manger dans la cuisine à feu ouvert et le feu allumé chauffait aussi le poêle en fer dans la salle commune d’à côté. Ce bâtiment est une reconstruction mais la grande cape de cheminée est d’origine.
Les marmites sont suspendues au-dessus du feu qui était allumé tout le long de la tranchée située au milieu de la cuisine. Les cendres devaient être ramassés en fin de cuisson et les apprentis portaient des chaussures spéciales pour que les braises ne se rependent pas. Il s’agit donc d’une méthode de cuisiner datant directement du Moyen-Âge et tel que l’on cuisina jusqu’à la fin du 19e siècle dans les fermes. On n’avait donc rien inventé de mieux ici.
No Comments