Nous voilà bien arrivé dans le pays basque et ses nom imprononçables comme Matxitxako et Gaztelugatxe. Le premier est un grand phare sur le Cabo Machichaco (la version espagnole) et le deuxième une pittoresque chapelle sur une île devant la côte. Les deux nous intéressent et ils sont si proches que l’on voit d’un site à l’autre si les brumes atlantiques n’étaient pas toujours si denses.
Matxitxako
Après Bilbao, nous rejoignons vite le cap au nord-est: Matxitxako qui est l’extrémité du versant nord de la montagne Sollube. Il s’agit du cap le plus exposé et le plus dangereux de la côte basque.
Il y a le vieux phare transformé en poste d’observation de baleines et le phare actuel plus haut avec un des feux les plus forts d’Espagne. Nous sommes heureux d’avoir du soleil car non loin derrière nous se trouve une brume épaisse côté terre. Sur l’Atlantique c’est le même programme: à un kilomètre se perd la vue dans des bancs de brouillard épais. On ne voit donc pas des baleines même s’il y en avait, mais ce n’est pas la bonne saison de toute manière.
À l’avant du vieux phare se trouve un parking avec une assez forte pente, mais un bout de piste permet d’avancer entre les deux phares. On ne peut pas y faire demi-tour et on est bloqué s’il y a d’autres personnes qui se mettent là, mais il n’y a pas foule. Nous voyons quand même un bus sommairement aménagé avec une plaque italienne sur la parking et nous leurs proposons de dormir au plat en se plaçant derrière nous. Ce sont des surfeurs du Tyrol du Sud (qui parlent allemand), ils viennent ici pour même pas une semaine.
Le vieux phare est établi en 1852 à 64 mètres au-dessus du niveau de la mer, mais il est désactivé depuis 1909 sans doute parce que l’on craignait pour la stabilité du monument sur le vesant soumis à l’érosion. Il n’a plus de lanterne, à la place se trouve une antenne radar. La lanterna n’a pas été migrée vers le phare plus haut car il y des anciennes cartes postales montrant les deux phares avec lanterne. L’ancien phare a servi longtemps d’école de gardiens de phares (appelés torreros), sur le parking actuel se trouvait un grand bâtiment pour abriter ces gens. En 1963, une corne de brime est installée dans l’ancienne tour.
Le vieux phare a eu maintes améliorations mais on en construit quand même un plus haut à 122 mètres d’altitude et en terrain un peu plus stable. Il est inauguré en 1909 et porte une lentille de Fresnel de premier ordre pour émettre une lumière vue à 30 milles. C’est ainsi le phare espagnol avec la plus grande portée. En 1926, l’une des premières radiobalises de la côte espagnole y a été installée. Il est électrifié en 1937.
Le lieu est une zone de passage pour les oiseaux migrateurs, sachant qu’en 1915, au milieu de la période migratoire, quelque 10000 oiseaux se sont écrasés sur la lanterne, attirés par la lumière au milieu de la tempête, tombant sur le balcon et autour de la tour .
À l’ouest se voit le site de Gaztelugatxeko, il n’est qu’à trois kilomètres à peine, mais l’humidité de l’air ne permet pas de meilleure vues.
La plate-forme gazière La Gaviota est située à huit kilomètres du port de la commune de Bermeo et environ à cinq kilomètres au nord de Matxitxako. L’installation a été lancé en 1986. La poche de gaz a été épuisée en mars 1994. Depuis, la plate-forme sert comme comme installation de stockage de gaz dans les poches naturelles. Le site est auhourd’hui exploitée par Enagas.
À la tombée de la nuit, nous essayons de capturer les rayons lumineux du phare. Ici beaucoup d’ingrédients nécessaires sont réunis: nous sommes assez près du phare, l’air est humide et la nuit est noire. Notre position est très basse par rapport au rayon lumineux tournant, mais au moins ainsi nous n’avons pas le problème de surexposition quand le faisceau pointe dans l’objectif.
Alex essaie longtemps pour trouver les bons réglages. Il faut en tout cas commencer les installations de jour pour le cadrage et le placement de du trépied sans lequel rien ne marche. Les essais lors de la fin de l’heure bleue sont les plus concluants avec un ISO 500, une ouverture du diaphragme de 6,3 et une durée d’exposition ne dépassant pas 0,5 secondes. En augmentant les ISO, plus de détails apparaissent, mais la lumière dans la lanterne surexpose.
En exposant plus longtemps, le rayon lumineux disparait et il ne crée pas un effet de trainée pour former un disque comme on le voit sur certains dessins ou photos retravaillés. Pour cet effet, il faut sans doute être plus haut à la hauteur de la lentille et avoir encore plus de brume diffuse.
Il faut savoir que le rayon émis par le phare est concentré en une seule direction afin de le porter le plus loin possible. Il est donc très fin et ne s’élargit que très peu à l’infini. Pour voir le rayon, il faut qu’il traverse des couches d’air brumeuses. Mais comme il est très fin et comme le rayon prend pour ce phare sept secondes pour faire le tour, il est presque impossible de voir un disque lumineux et encore moins de photographier. Il y a des phares avec des feux plus rapides et qui émettent dans plusieurs directions en même temps. Peut-être ceux-ci sont plus faciles à photographier?
La photo du bas a les ISO trop hauts et la lentille n’est plus nette.
André fait d’abord des essais similaires avec sa lentille grand angle, mais sur ces clichés, le point lumineux de la lentille est trop petit et le rayon lumineux bien trop fin. Il passe donc au téléobjectif et se consacra à photographier la lentille en détail. Pour ceci, la position très basse vis à vis de la lentille est idéale, on n’est presque jamais gêné par le fort rayon lumineux. Les photos sont prises sur trépied avec des valeurs d’exposition assez normales: ISO 100, 1/60 secondes et une grande ouverture du diaphragme.
Le lendemain matin, la vue vers Gaztelugatxeko est un peu meilleure, mais toujours pas idéale. Nous nous y rendons quand même en voiture.
La presqu’île de Gaztelugatxe (Gaztelugache en espagnol) est reliée par un pont pour la marée haute. Sur le rocher prône une église et un ermitage rendant le lieu très pittoresque. Deux grands défauts cependant: l’église dispose d’une cloche que tout pèlerin autoproclamé peut faire tinter et cela occasionne un bruit continuel inutile surtout qu’il y a beaucoup de touristes. Ils ne sont pas tous là pour la longue histoire religieuse du site, sa beauté ou le recueillement, il s’agit d’un lieu de tournage de la série Game of Thrones. On ne trouve donc pas forcément des amateurs de nature ici.
Lors de notre passage, l’escalier descendant directement du parking est fermé à cause de glissements de terrain et il faut faire un long détour par l’est, cela nous prive de certains points de vue plongeants et nous fait presque faire la distance entre Gaztelugatxeko et les phares de Matxitxako.
L’îlot de 270 mètres de long sur 80 mètres de large est haut 50 mètres. Il présente plusieurs arches naturelles qui prouvent la violences forces marines pouvant s’exercer ici. L’attraction principale est cependant le pont et le chemin permettant le passage vers l’île et la montée vers la chapelle.
On voit qu’il y a foule ici. La chapelle est cependant fermée ce matin.
La vue retour vers les deux phares où nous avons passé la nuit.
André dérègle tellement son appareil photo lors de la descente que les clichés ne sont exploitables qu’en noir et blanc.
Sur la route vers l’est, nous faisons un détour par la ville de Guernica, ville meurtrie par par la barbarie du populisme et de la coopération de dictatures. Nous repartons vers la côte immédiatement après.
Au Cabo Santa Katalina, on fait plusieurs détours dans dans la ruines de la fabrique au nord du phare, mais cela ne passe nulle part. Il faut vraiment passer par le village et la côte est du cap. En quittant le lieu, nous faisons une pause dans un parc au bord de la route du cap.
La côte et le paysage est ici plus escarpé qu’ailleurs, la route côtière est très longue, mais on découvre des vues inattendus sur des villages accrochés aux versants au-dessus de l’océan.
Nos dernières heures au Pays Basque espagnol sont irritantes. Cela commence par la recherche d’un camping avec la possibilité de laver du linge. Le Gran Camping Zarautz apparaît comme idéal, car il se trouve à l’ouest de Donostia que nous prévoyons de visiter le demain. Cependant, ce grand camping est bondé de surfeurs déçus par le manque de vagues et qui fument du hashish pour se changer les idées. On nous assigne une minuscule place sans soleil ce qui rend la soirée peu agréable. Les machines à laver lavent à l’eau tiède et n’utilisent pas la lessive que l’on achète exprès, le sèche-linge a besoin de plusieurs tours à raison de EUR5.-. Un site à fuir et nous sommes heureux de pouvoir partir le lendemain matin.
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