9À la pointe de Grave du Verdon-sur-Mer se trouvent des monuments relatifs aux deux guerres mondiales. Les faits ayant eu lieu ici passent un peu à coté du radar, même des gens attentifs à ces causes. Ils sont cependant exceptionnels.
Monument pour l’Opération Frankton
L’opération Frankton est une opération militaire de la Seconde Guerre mondiale menée par dix hommes d’une petite unité de commandos britanniques, le Special Boat Service des Royal Marines, rattachés aux opérations combinées. Le raid, qui commence le 7 décembre 1942 par la mise à l’eau de cinq kayaks au large de l’estuaire de la Gironde, a pour but l’attaque de forceurs de blocus, des navires de l’Axe, basés dans le port de Bordeaux assurant des liaisons avec le Japon. L’opération est un succès mais huit des dix hommes du commandos y perdent la vie, noyés ou exécutés par les Allemands. Le plan consiste, en bref, à ce qu’un officier et onze autres hommes des Royal Marines remontent en quatre jours la Gironde dans de petits canots, ne circulant que pendant la nuit, et placent des mines limpets (bâtons d’explosifs aimantés) sous la ligne de flottaison des navires qu’ils trouveront dans le port de Bordeaux. Les canots seront amenés jusqu’à quelque neuf milles (16 km) de l’embouchure de la Gironde dans un sous-marin effectuant son service normal de patrouille. (Source: Wikipédia)
Le récit héroïque et tragique passe en sourdine l’origine des hommes. Les kayaks étaient tous équipés de deux hommes dont un militaire gradé et un soldat normal. La page Wikipédia indique l’origine et la profession de ses simples soldats. On y trouve par exemple un « livreur de lait ». Il s’agissait en fait de criminels mineurs qui ont tenté ainsi d’échapper à leurs peines de prison. Ils ont pour la plupart payé cette tentative par la mort.
Texte français tiré du livre Cockleshell Heroes par C.E. Lucas Pillips.
À vingt heures et vingt deux, sous un ciel étoilé, sur une mer houleuse scrutée par les projecteurs d’un patrouilleur allemand s’approchant d’eux par un temps glacial, l’équipage du [sous-marin] Tuna, par la voix de son commandant, dit: « j’ai salué un groupe magnifique de garnements aux visages noircis avec qui nous avons éprouvé un réel plaisir de travailler, et ils se replièrent cap sud puis ouest.
Texte français de la plaque bilingue principale bilingue:
En décembre 1942, cinq kayaks, chacun ayant à son bord deux Royal Marines, furent mis à la mer par le sous-marin HMS Tuna près de la côte à quelques milles de ce lieu. Ils avaient pour mission de remonter la Gironde sur 110 kilomètres et d’attaquer des forceurs de blocus transportant des produits essentiels à l’industrie de guerre allemande, amarrés au Quai des Chartrons à Bordeaux.
En quatre nuits, trois des équipages périrent en mer ou furent arrêtés par des allemands, mais deux des canots restants atteignirent Bordeaux où ils endommagèrent plusieurs avec des mines sous-marines magnétiques. Des dix homme mis à la mer, deux se noyèrent, six furent capturés et exécutés et deux s’échappèrent avec l’aide de la Résistance et rentrèrent en Angleterre via l’Espagne.
Le type de kayaks utilisé engendre le nom de « cockleshell heros » (héros de coques de noix).
Ce mémorial honore non seulement les Royal Marines qui donnèrent leur vie, mais aussi a bravoure de l’équipage du sous-marin et de son commandant, le commandant Dick Raikes DSO. Il reconnaît aussi le courage des civils français qui risquèrent leur vie et celle de leur famille en aidant le repli des membres du commando après le raid.
Deux autres parties du monument contiennent des honneurs et emblèmes militaires
Monument commémorant le départ de La Fayette en 1777 et l’intervention américaine en 1917
Sur le même site se trouve une stèle qui n’est pas facile à comprendre au premier abord. Il s’agit d’un monument commémorant un monument commémoratif détruit. Il rendait hommage à l’engagement des alliés américains aux côtés de la France et de la Triple-Entente en 1917 et saluait parallèlement le départ en ce lieu de La Fayette en 1777 pour les Amériques. L’idée émerge avec une souscription en 1919, mais les travaux ne sont lancés qu’en 1926 et achevés encore plus tard en 1938. Il est conçu par le sculpteur Albert Bartholomé et réalisé par l’architecte André Ventre et les sculpteurs Henri Navarre et Antoine Bourdelle.
Même pas quatre ans plus tard, le monument est dynamité par les allemands nazis qui occupent le Médoc. Ils avancent des raisons militaires car la grande tour peut servir d’amer pour la flotte Alliée), mais il est certain que la raison de commémoration leur soit aussi gênante. Le monument n’est jamais reconstruit, une stèle bien plus modeste le remplace à l’emplacement d’origine.
Les nazis allemands avaient détruit le monument. Le populisme mène toujours à la dictature, à la mort et au ridicule.
Texte de la stèle érigée après la Seconde Guerre Mondiale:
Ici s’élevait le monument érigé à la gloire des Américains, aux soldats du général Pershing, défenseurs du même idéal de droit et de liberté qui conduisit en Amérique La Fayette et ses volontaires paris de ce rivage en 1777. Ce monument symbolisait la fraternité d’armes et d’amitié franco-américaine. Il fut détruit le 30 mai 1942 par les troupes d’occupation allemandes. Il sera réédifié par le peuple français. They have destroyed it, we shall restore it.
Il n’a, visiblement, pas été reconstruit. L’amalgame des deux événements a été difficile jadis et l’est encore plus aujourd’hui.
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