Après la visite des villes de Pise et de Florence, nous voulons un peu de nature. Le sud de la Toscane est aussi une grande zone géothermique où jaillissent des sources d’eau chaude chargées ou non de minéraux. Les plus connues sont ceux de Saturnia, mais il y en a beaucoup d’autres. Bagno Vignoni est un petit village où le Romains venaient se ressourcer. Sous une cascade de tuf se trouvent deux bassins oblongs qui datent de ce temps. Au centre du village est un grand bassin avec la source. Entre les deux étaient installés des moulins le long de la cascade. Des grands systèmes souterrains et des conduites d’eau sont encore visibles et en partie accessibles avant que la concrétion calcaire ne recouvre et referme tout.
Nous venons du nord sur des petites routes, à plusieurs reprises on voit des allées de cyprès. Il faut cependant savoir qu’il s’agit la plupart du temps d’accès à des maisons privés ou des domaines agricoles, ce sont donc en général des routes privées et leur accès est en général barré. Une grande exception est le Viale dei Cipressi.
Nous arrivons le soir sur le site, le temps est couvert et il pleut par intermittence. Durant la nuit, plusieurs orages très fort passent. Mais cette nuit, nous souffrons tous les deux de troubles digestifs assez manifestes. Alex a une diarrhée assez persistante et André souffre dès l’après-midi de crampes intestinales et de fièvre dans la soirée. Le camion est installé au bout d’une piste forestière, nous avons de l’eau, assez à manger pour quelques jours et le plein aussi pour faire tourner le chauffage. Nous avons donc tout ce qu’il faut pour attendre notre guérison sur place. Mais nous avons quand même des doutes ce soir-là car nous ne connaissons pas la « tourista » de cette sorte. Surtout la fièvre d’André inquiète avec cette pandémie du corona virus qui est quand même présente autour de nous. Nous réfléchissons à écourter le congé et à rentrer à la maison, mais ce n’est pas possible dans notre état ce soir. Nous décidons de remettre la décision au lendemain matin. Nous nous couchons très tôt et nous dormons jusqu’au matin. Les jours qui viennent, nous réfléchissons à l’origine de cette indigestion et nous supposons l’eau du Firenze Camping in Town qui avait une odeur bizarre.
Le soleil est au rendez-vous dès que nous nous levons. Nous sommes tous les deux affaiblis, mais en forme. La fièvre d’André s’est évaporée et Alex a purgé son appareil digestif. Nous préparons un thé pour le petit déjeuner à la place du classique café au lait et nous mangeons « léger ». N’ayant rien pu visiter du site la veille, nous nous y mettons dès neuf heures. On est en bas du site, il faut donc monter d’environ 70 mètres jusqu’au village. Nous y allons franchement lentement.
Le site est agencé en plusieurs étages. Nous le décrivons ici de bas en haut:
- Le bassin bas translucide
- Le bassin romain haut turquoise
- Le Parco dei Mulini, les moulins creusés dans la cascade tuf
- Le belvédère de la Via del Gorello où se trouvent des conduites et des bassins pour stocker l’eau des moulins plus bas
- Le bassin de la source sur la Piazza delle Sorgenti
Le bassin haut romain
Normalement l’eau est ici assez chaude pour se baigner, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Soit les hôtels en haut dévient trop de cette eau, soit les fortes pluies on tout refroidi. Le bassin recueille l’eau qui s’écoule le long d’une falaise de tuf formée justement par cette eau chargée de calcite. La partie haute de la falaise est le niveau formé par le belvédère à la hauteur de la ville. La falaise est haute d’environ 50 mètres.
Quand on est au pied du bassin turquoise et au pied de la falaise, un chemin monte par la droite vers le haut.
Le Parco dei Mulini
Le terme de parc est un peu exagéré. Il s’agit d’un chemin aménagé en bordure de la falaise et de la chaine des moulins creusés dans le tuf. Encore à la hauteur du bassin haut, on passe un accès à un des moulins souterrains, mais il est condamné et la galerie est remplie d’eau. Plus haut se trouvent des ouvertures accessibles. Un moulin au centre est accessible par un chemin avec rembardes à priori l’accès était initialement aussi barré, mais la rouille permet d’y avancer.
L’accès est aménagé en deux niveaux. En haut se trouve la partie du meunière, en bas la partie hydraulique. Toutes ces installations sont fortement rouillés et le bois est pourri. Mais les dépôts de calcite solidifient tout et cimentent les parties meubles. Aucune partie mobile ne bouge plus ici.
L’action du dépôt de calcaire se voit aussi à petite échelle sur les brins d’herbe recouverts d’une couche de calcite dure.
Le niveau moyen permet de voir retour vers le bassin turquoise, l’autre se trouve plus bas à droite près des grands arbres. Le pic en face est formé par le château de Castiglione d’Orcia.
Village de Bagno Vignoni
La place au centre du village est occupé par un grand bassin en pierre qui couvre la source chaude: quelques bulles montent par intervalles irréguliers à la surface. La source devrait avoir 50°C, mais en y passant on en sent aucune chaleur. Il n’est donc pas surprenant que l’eau des bassins sous la cascade soit froide.
Le village est bien sûr assez touristique, mais vu la taille des parkings, on est quand même hors des axes touristiques majeurs. On trouve quelques hôtels et des restaurants qui semblent assez luxurieux.
Sous le bassin central se trouve l’immeuble en ruine des anciennes thermes publiques (stabilimento termale). Mais ce sont surtout l’Albergo Posta Marcucci et l’Adler spa resort termale avec leurs grandes piscines extérieures qui profitent de nos jours de cette eau thermale. Dans le passé, l’eau sortant des thermes centrales était conduite dans des rigoles en surface vers un autre bassin creusé dans la roche juste au-dessus de la chaine des moulins. Le débit de la source n’étant pas assez grand pour faire tourner les moulins en permanence, on se servait de ce système de bassins pour les actionner dès que les bassins étaient pleins et ce pour un temps connu à l’avance.
Aujourd’hui, l’eau ne passe plus dans les moulins, elle s’écoule dans la cascade de tuf et forme parfois des petits bassins naturels.
Nous revenons tranquillement vers le bas par le même chemin et nous pouvons de nouveau nous étonner des italiens et de leur manie de faire le dernier mètre en voiture. Nous avons passé la nuit en bout de piste sous les bassins. En fait, la piste continue, mais elle est plus loin en état beaucoup moins bon. Nous sommes donc garés sur une aire de retournement officieuse, mais de manière à gêner personne. En revenant au camion, nous voyons que des gens sont garés devant et derrière, d’autres arrivent pendant que quelques uns tentent de faire demi-tour. Il nous faut une dizaine de minutes pour nous sortir de cette situation idiote. Plus haut il y a deux grands parkings vides.
Pour la suite, nous changeons un peu de cap. La météo annonce un temps plus stable sur la côte et un peu plus loin à l’ouest se trouve une église qui vaut le détour.
No Comments