Nous partons d’Amstetten sous la pluie et traversons le Danube pour monter vers le nord. On change de région et on se retrouve en Haute-Autriche. Mais au nord du grand fleuve, les paysages se ressemblent et il n’y a pas de grande différence entre la Basse et la Haute-Autriche. On monte vers un plateau forestier vallonné et parsemé de petits villages qui n’ont jamais respiré la richesse. Les prévisions météo pour ce 11 juillet 2020 restent désastreuses, il pleut plus ou moins fort et les pauses de pluie sont rares et courtes. Nous voulons nous rapprocher du village d’Alt-Melon où nous prévoyons une randonnée demain. Nous roulons donc en cette direction et s’il pleut, nous voulons passer le reste de l’après-midi dans notre Trafic à lire, boire du café, papoter et étudier les guides du Waldviertel que nous avons amenés.
Alex est au volant et André lui indique la route. Il n’y a aucune voie rapide et toutes les routes sont orientés le long des vallées qui ne vont pas forcément en notre direction. André tente de choisir les routes les plus pittoresques, mais il en prends une qui mène un peu trop loin à l’ouest.
Marienkirche à Königswiesen
Ainsi, nous passons à Königswiesen où un panneau indique l’église gotique Mariä Himmelfahrt (GPS 48.407253, 14.840105
). Comme il pleut toujours, nous allons voir cet édifice.
Il n’y a que très peu d’églises disposant de telles voûtes du gothique tardif et il est encore plus rare d’en trouver dans un village.
La chaire est jointe à un autel latéral, le tout est de style gothique et en bois polychrome. Le style des figures et cependant très baroque, visiblement cette installation est plus tardive, donc néo-gotique.
Nous sommes seuls dans l’église.
Une grande rosette en style gothique orne un des murs. Le centre montre un Sacré-Cœur entouré de 12 secteurs numérotés. Les noms ne reflètent pas des mois de l’année ni des fêtes religieuses. Il s’agit de saints, d’archanges mais aussi de pouvoirs (dont les royaumes, les duchés, la force etc.). On ne trouve malheureusement aucune explication à cette installation non datée.
Nous nous trouvons bizarrement mentalement transposés au Portugal avec cette église aux nervures de voûtes comme on en voit dans le style manuélin et sur la place centrale se trouve un pilori. Ce dernier rappelle les méthodes de la juridiction locale du 17e siècle.
Emplacement dans la forêt de Hörzenschlag
Il pleut toujours quand nous sortons de l’église. Nous ne sommes plus trop loin de la région où nous voulons randonner demain et avec cette perturbation, il est inutile de rouler pour en trouver la fin. Nous sommes donc à la recherche d’un emplacement pour la nuit hors forêt et hors sol boueux. Ici il n’y a pas de campings, ni d’autres installations de ce genre. Il suffit de prendre une petite route à travers la forêt, idéalement non goudronnée pour trouver un coin tranquille.
Beaucoup le lieux et même des villages ont dans leur nom le suffixe « schlag ». Cela signifie « clairière crée par l’abattage d’arbres ». C’est bien la preuve que cette région était initialement complètement couverte de forêt.
Mais nous sommes dans un forêt exploitée comme on en trouve dans le Vercors, le Jura ou les Vosges. Les pistes que l’on y trouve servent à l’exploitation forestière, les rares places ouvertes ne sont pas des parkings mais des places pour entreposer des troncs avant de les transporter plus loin. Les rares prés sont utilisés pour faire du foin, il est exclu de s’y placer en camion. Comme il pleut, on ne veut pas rester sous des arbres et dans ces conditions, nous ne trouvons pas mieux qu’un croisement de pistes forestières.
Nous nous garons de manière à nous retrouver sur une surface plane même si ce n’est pas logique dans le sens d’un croisement de route. Nous pensons que personne ne passera, mais nous nous trompons. Le matin, il y a aura deux voitures de personnes allant aux champignons.
Nous sommes au début des congés, on n’a rien de spécial à faire ni même des photos ou des vidéos à éditer. Bien sûr, il n’y a presque pas de réseau ici. Nous lisons donc et quand nous avons froid, nous chauffons un café. Lorsque les précipitations cessent pour un moment, nous explorons un peu les environs. Il y a de la forêt, des prés, un pont et une rivière.
La région est géologiquement basée sur une ancienne masse volcanique et l’humus qui s’y forme est d’un marron foncé. Les rivières ont naturellement une couleur jaune-brune peu habituelle et qui fait d’abord penser à une grave pollution. Mais ces cours d’eau sont très propres, les libellules et autres insectes qui s’y trouvent en sont la preuve. Cet couleur d’eau se trouve aussi dans les rivières plus grandes et les lacs. Mais heureusement, l’eau des robinets et autres points d’eau est claire!
Pour faire un ciel rose au coucher du soleil, il faut forcément de l’humidité et des nuages. Nous en avons à volonté cette soirée. La perturbation touche à sa fin, mais des ondées pluvieuses continuent à passer durant la nuit.
Le matin du 12 juillet 2020, le soleil est présent. Avec la forêt, il n’est pas toujours facile de placer le camion pour qu’il ne soit pas à l’ombre le matin, mais cette fois-ci, celle marche bien. Au début du petit déjeuner, nous portons encore des pulls, mais nous les retirons bientôt.
La lentille de l’appareil photo du portable se couvre de buée en passant de la voiture au soleil, cela crée des effets de flou qui harmonisent très bien avec notre état à peine réveillé.
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