La Corse est connue pour ses torrents formant des vasques dans la roche granitique. Il y en a des très célèbres sur la côte est, mais on en trouve un peu partout. La forêt de Bonifatu est une aire protégée et gérée par l’Office National des Forêts. Le torrent principal est la Figarella et on y trouve aussi des vasques un peu moins connus, ici on les appelle Piscines de la Figarella. La plupart des gens qui se rendent dans cette vallée entreprennent des randonnées dans les parties plus hautes.
Nous sommes d’ailleurs surpris par le grand parking presque plein au bout de la route. Il est payant. Arrivant en Trafic aménagé, on nous demande si nous voulons rester la nuit. Nous répondons par la négative, mais on nous redemandera encore bien plus méchamment en ressortant. Nous en reparlerons plus bas.
À la caisse du parking, on nous remet un ticket et un dépliant relatant les données de la Forêt de Bonifatu. On nous conseille la carte au recto du dépliant. Sachant à peu près ce que nous voulons faire mais ne connaissant pas la région, nous inspections bien sûr cette « carte ». L’extrait concerné par notre tour est reproduit tel quel ci-bas. Il s’agit d’une orthophoto très floue callée tant bien que mal sur un modèle de terrain assez vague. Quelqu’un a dessiné en couleur les tracés de randonnées autour du parking. Nous regardons longtemps cette carte et n’y comprenons pas grand chose. Nous précisons que nous sommes géographes et cartographes!
Il est inutile de préciser que ces couleurs ne se retrouvent pas dans les balisages sur le terrain. Pour comparaison, on voit en bas notre tracé GPS sur une carte topographique. Elle montre aussi en petit pointillés les autres chemins existants et qui correspondent entièrement à la carte IGN.
Des questions rien que sur la zone autour du parking et concernant notre tour:
- Où est la route sur la « carte » ONF? Il faut beaucoup de fantaisie pour la voir à droite car la carte est orienté avec le sud vers le haut! Ce n’est cependant indiqué nulle part.
- Sur quelle base de chemin passent les parties du tracé bleu au nord de la rivière?
- Où se trouve notre remontée de la rivière jusqu’au chemin rouge? C’est un chemin bien tracé.
- Où est le virage en épingle à cheveux de la route?
- Quelle est la Punta di Ficaghjola? Quel est le point de vue marqué? Il n’y a pas de crête parallèle à la Figarella.
Nous avons finalement fait en gros le tracé rouge pour la descente, suivi le cours de la rivière et après la raide remontée, nous avons pris une partie du tracé rouge et vert pour revenir à l’entrée du parking. Là, André parle à l’agent avec uniforme ONF présent et lui demande pourquoi on distribue ici d’aussi misérables plans. Il se défend d’abord, mais André lui signifie qu’il est cartographe et auteur de guides de randonnée. Alors il s’ouvre un peu plus et montre la face caché de ce dépliant. L’ONF (un office « national ») aimerait bien utiliser un fond de carte IGN (un institut « national », donc tout aussi public), mais on ne les laisse pas. Ils doivent postuler comme tout client commercial et payer le prix fort de l’IGN. C’est quand même aberrant, à cause de cette mésentente, les gens sont amenés à se perdre en terrain montagneux. Le résultat de cette situation se retrouve partout en France où l’ONF gère les accès publics. Nous avons vu cela aussi en Guadeloupe.
Après le tour, nous revenons à notre Trafic et nous reprenons la route. Il faut bien sûr ressortir par l’entrée où l’on a payé et où nous avons parlé à l’agent de l’ONF. Nous le reconnaissons de loin, il regarde notre camion en détail, puis saute devant nous pour nous arrêter. « Depuis quand êtes vous là? Avez-vous dormi sur le parking dans le camion? Avez-vous payé pour rester? » Nous pensions être partis de l’entretien à propos de du plan en bon termes, mais apparemment l’agent a très mal pris la remarque d’André. On lui montre notre ticket qui affiche bien la date de ce jour, mais il n’est toujours pas calmé. Ce sera à la jeune femme à la caisse de nous confirmer que nous sommes bien venus le matin et repartons le même jour. C’est très curieux en tout cas.
Nous avons interpellé à la fois l’ONF et l’IGN sur notre compte Instagram, mais bien sûr, ni l’un ni l’autre répondent. Curieusement, la coopération entre l’IGN et les Parcs Nationaux semble mieux fonctionner, c’est apparemment aussi le cas avec le Conservatoire du Littoral. Bref, il y a du travail du coté de l’IGN d’accepter enfin que toutes ses données ont été relevées avec de l’argent public et qu’en conséquence touts ces produits doivent au moins être gratuit pour tout autre organisme public.
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