Soirée sur le port d’Igoumenitsa
Nous nous mettons en route pour le dernier bout de chemin sur le territoire grec, nous rejoignons notre port d’embarquement Igoumenitsa. Comme à l’aller, ce n’est pas le port de départ que nous voulions. Mais nous avons obtenu à Patras la confirmation du changement pour un navire arrivant à une heure un peu meilleure pour nous à Ancône.
La route passe le long de la côte, mais il n’y a rien à voir ou nous n’avons plus envie de voir quoi que ce soit. Nous aimons voyager en incluant des trajets en ferry, c’est toujours un peu stressant, mais cette fois-ci, avec ces nombreux changements, cela nous énerve sérieusement depuis quelques jours. On est cependant largement en avance en arrivant vers 17 heures.
Le port d’Igoumenitsa est divisé en une section internationale au sud du quai et une partie nationale (pour les îles) au nord. Les deux ont des portiques de voitures et de passagers séparés. Bien que nous soyons en Union Européenne, il faut passer des contrôles de douane et de sécurité pour les trajets entre la Grèce et l’Italie. Ils contrôlent essentiellement la présence de bidons de carburants et de gaz non fixes.
Il y a sur le port d’Igoumenitsa plusieurs grands bâtiments, dont quelques uns portent les noms compagnies maritimes, ils sont cependant tous vides comme à Patras. Il faut se rendre dans le bâtiment tout au sud et près du quai, il est marqué simplement Port of Igoumenitsa. Les guichets de Minoan-Grimaldi sont à droite dans le bâtiment.
On arrive donc à 17 heures devant le guichet, mais on nous renvoie à 18 heures bien que le personnel soit là. On va donc faire les courses au supermarché, les grands se trouvent malheureusement tous de l’autre côté de la ville (sortie nord). Il nous faut un casse-croûte pour la journée sur le bateau, quelques petits gâteaux pour passer le temps et nous prenons quelques réserves de vin pour la dégustation à la maison. Le temps des trajets et les courses font passer une bonne heure.
Nous sommes donc à 18 heures pour la deuxième fois au guichet de Minoan-Grimaldi. Cette fois-ci, il y a cinq petites queues, trois pour les camionneurs, deux pour les passagers (avec leur voiture particulière, bien que ce ne soit pas noté quelque part). Pendant 15 minutes, rien n’avance, les machines à imprimer les tickets ne fonctionnent pas. Rappelons ici que la plupart des autres compagnies émettent directement des tickets incluant le type et le numéro de cabine. Pas avec Minoan-Grimaldi. Que l’on achète en avance en agence ou sur internet, il faut toujours chercher ses tickets avant embarquement au port.
Pour allonger la durée d’attente, on ne différencie pas entre ceux qui ont tout commandé et ne cherchent que le ticket (comme nous), ceux qui font la même chose mais pour un trajet ultérieur et ceux qui achètent ici directement leur traversée. Ajoutons à cela des retraités allemands en manque de communication et on perd automatiquement beaucoup de temps inutilement. Au bout de 30 minutes (avec deux autres clients devant nous), on a nos tickets et, surprise, aussi les cartes-clés pour la cabine. À l’aller, l’histoire de la cabine lien nous avait sérieusement éprouvée. Cette joie prématurée sera trompée.
Toute la procédure d’impression des tickets est assez compliqué: il y en 4 par personne et 4 pour le véhicule. Les premiers et les quatrièmes restent au guichet. Si les perforations sont mal placés, cela crée des ennuis plus tard. Puis, ces tickets sont scannés pour émettre les cartes-clés des cabines.
À 18h30, nous reprenons la voiture pour manger au centre-ville dans un restaurant macédonien repéré lors de notre aller-retour vers le supermarché. Il est au nord du port, à la hauteur du grand parking et les terrasses sont au centre de la rue. L’embarquement étant à 21h30, on devrait être au port à 19h30. Nous n’avons jamais compris si ces deux heures incluaient le changement de ticket que nous avons déjà effectué. Une heure pour un restaurant grec n’est pas assez, on prend donc notre temps tout comme le fait le service. La salade est très rafraîchissante, les grillades sont classiques.
Peu avant 20 heures, nous sommes de retour au port. Comme on nous l’a indiqué au guichet, la passagère Alex passe les dans le bâtiment des guichets, le conducteur André passe seul avec le véhicule dans la file des camions. Mais la file de droite est réservé à ceux venant des guichets, il n’y a qu’un camion devant André. Comme à l’aller, on veut voir le coffre qui est chez nous pas du tout rangé. L’agent de sécurité fouille un peu, il n’est pas ravi du désordre. Comme pour justifier ce type de rangement, il demande André s’il voyage seul. C’est vrai qu’il ne peut pas voir ça aux tickets, mais la question ne manque pas d’absurdité puisque l’on nous a demandé de passer les contrôles séparément.
Alex et André se retrouvent derrière le bâtiment du port. Au guichet, on nous indique le quai numéro 7. Or, la numérotation commence au sud par 1 à 5 pour les trajet internationaux et va de 9 à 12 du côté nord pour les trajets domestiques grecs. Entre les deux se trouvent d’autres quais d’embarquement sans numéro et une passerelle passager. Nous nous rangeons à peu près là où devrait se trouver le numéro 7 et près d’autres voyageurs vus aux guichets.
Vers 20h30, nous ne voyons toujours pas notre navire dans la Baie d’igoumenitsa. Nous le repérons finalement grâce au site vesselfinder, il est à peine en train d’entrer la passe nord entre le continent et Corfou. Une petite voiture aux logos de Minoan tourne constamment autour des voitures et des camions. Elle finit par s’arrêter près de nous, le conducteur voit notre pancarte marqué « Ancona » et nous dit de nous ranger plus loin au sud en fin des filles des voitures. En y arrivant, il n’y en a qu’une vingtaine et il n’y en aura pas plus sur le navire. Le gros reste sont des semi-remorques qui rempliront plus tard très lentement les deux ponts inférieurs du ferry ro-ro.
L’attente est quelque peu égaillée par un coucher du soleil vraiment très beau. Un femme passe dans la file et veut voir tous les tickets. Elle en prend de chaque encore une moitié, la moitié de celui pour le véhicule est callé sous l’essuie-glace. Heureusement qu’il ne pleut presque jamais.
À la tombé de la nuit arrive un groupe véhicules militaires britanniques de quatre camions et de six Landrovers avec petites remorques. Ils sont sans signes extérieurs distinctifs, propres mais apparemment revenant de mission un peu poussiéreuse. Les véhicules sont escortés par une voiture de police grecque banalisée. Mais ces militaires ne font pas mine de se cacher. Ils portent sur leurs uniforme aux épaules un logo forme losange à fond bleu, à l’intérieur un carré rayé rouge, bleu, rouge double largeur, bleu et rouge ainsi que certains un losange bleu avec un cheval ailé blanc au centre. Leur ceinture reprend les couleurs du premier logo.
Embarquement
Le navire arrive vers 21 heures. Après environ 45 minutes il est vidé de ses véhicules qui arrivent. C’est assez rapide parce que la plupart des camions sortent dans le bon sens. Le chargement commence alors avec les premiers camions. La grande majorité rentre en marche arrière et cela dure très longtemps. Entre ces camions, on lance les voitures sur une étroite passerelle penché jusqu’à la partie ouverte du pont 5.
Ayant nos cartes-clés, nous allons directement à la cabine. Quelle surprise de la trouver déjà occupé. Nous craignons que le long procédé d’attribution de cabines doive recommencer. Il y a cependant peu de personnes à l’accueil et en y expliquant notre gène et notre énervement, on fait comme si c’était normal et on nous échange nos clés contre des autres où le numéro n’est écrit qu’au stylo.
Une nuit et un jour sur le navire
On nous case deux cabines plus loin. Bien que le bateau soit plus petit et de géométrie fort différente, l’agencement des salles, des couloirs et aussi des cabines est très ressemblante à celle du navire de l’aller. Cela concerne aussi la cabine. Cette fois-ci rien ne clapote, un rideau de douche est présent, les matelas sont plus fermes, la ventilation est réglable en débit. La température n’est pas réglable, mais elle est bonne. Il y a quand même des défauts: les boutons des lumières fonctionnent de manière aléatoire, certains caches de veilleuses manquent, un des égouts de la salle de bains sent très mauvais et la porte de la salle de bains est en décomposition avancée dans sa partie basse. Il n’y a toujours aucune chaise et le bord des lits est toujours désagréable pour s’assoir.
Nous déballons quelques affaires, prenons nos bières et montons sur les ponts extérieurs ouverts (6, 7 et 8). Il fait encore 30°C à 23 heures, ce sont des températures que nous n’avions jamais durant nos trois semaines en Grèce. Nous n’attendons pas l’interminable chargement des camions et allons dans notre cabine. Le navire se met finalement en route peu avant minuit, donc avec plus de deux heures de retard.
Le ferry ro-ro Venezia est plus silencieux que le précédent, on dort donc plus longtemps. Nous n’allons dans la salle à manger qu’à 9h45 le 29 mai 2022. On combine un croissant (André) avec une omelette au lard (Alex) et une de nos confitures.
Nous passons le reste de la journée majoritairement sur un des ponts ouverts. On change plusieurs fois d’endroit pour optimiser température, vent et ensoleillement. Ce n’est pas toujours facile car en montant vers le nord, le vent augmente et la température baisse.
De plus, certains points à l’abri du vent sont occupés en permanence par des fumeurs. Sur ce navire tout le monde fume: d’abord le personnel et les matelots, les militaires britanniques, même si la plupart ont une mine enfantine et bien sûr tous les camionneurs. Nous savons désormais que la ligne Igoumenitsa-Ancône transporte un échantillon très spécial de la population (95% masculine et 90% de fumeurs), mais nous en resterons encore surpris. C’est peut-être mieux qu’un navire plein de vacanciers camping-caristes retraités allemands, mais un meilleur mix serait le bienvenu.
Après une sieste, nous allons avec notre casse-croûte manger à 16h30 à la salle à manger. Il n’y a que le service de café et l’endroit est assez désert sinon. Les quelques camionneurs assis ici fument, même si c’est directement sous les signes d’interdiction.
Nous sortons pour chercher un endroit à l’abri du vent et pour déterminer notre position à l’aide du GPS du portable. On est à moins de 100 kilomètres d’Ancône et avec une vitesse moyenne de 37km/h, les chances sont bonnes d’arriver à peu près à l’heure prévue de 18h30 alors que nous sommes partis avec 150 minutes de retard. Il faudra bien sûr encore ajouter les aléas du débarquement, notre camion est garé devant une file de cinq Landrovers avec remorque qui doivent tous sortir en marche arrière.
Nous entendons alors un des nombreux appels dans les haut-parleurs. Ils sont vieux, grincent et avec le vent (extérieur) ou l’écho (intérieur), on ne comprend absolument rien. Nous ne comprenons que plus tard quand nous voyons de plus en plus de passagers avec leur bagages de cabine sur les ponts. Il faut vider les cabines pour permettre le nettoyage. Dans le cas de traversées en temps chauds et secs comme dans ce cas, c’est assez supportable, mais moins avec un ferry plein quand les gens doivent s’entasser dans les salles et les couloirs comme nous l’avons connus en 2009 au retour de l’Islande.
Le débarquement est rapide, mais nous ne sortons quand même que dans le dernier tiers des véhicules.
Nous quittons le port d’Ancône aux crépuscule du soir. Il fait nuit noire et il est 20h45 heures quand nous sommes sur l’Autoroute A14 en direction de Bologne. Nous savons alors que nous avons au moins 6 heures de route devant nous et que nous arriverons bien longtemps après minuit. Tout ce passe bien, la circulation n’est pas forte, même l’axe Venise-Bologne est passable. On passe minuit sans encombres au nord de Mantoue, nous sommes donc maintenant le 30 mai 2022.
Panne de feux de croisement
À 00h30 nous changeons de conducteur, André prend le volant. Nous sommes à la hauteur de Borghetto sull’Adige. C’est déjà sur le dernier morceau d’autoroute, il reste 2h3o de route. La station service est bien éclairée, mais en sortant vers l’autoroute, on voit très vite que nos feux de croisement ne marchent pas. Les feux de position et les grands phares fonctionnent. On peut tourner et torturer l’interrupteur, cela ne change rien. Il n’y a plus beaucoup de circulation, mais ni les les feux de position, ni les phares longue portée peuvent servir la nuit sur l’autoroute. On roule donc avec les feux longue portée en énervant pas mal de monde et on s’arrête à la station suivante près de Rovereto. Le petit magasin a ouvert et on y trouve même les bonnes ampoules. Nous avions déjà le cas sur le Trafic avec les deux ampoules grillées en même temps.
Le changement d’ampoules n’est pas aisée, mais à deux et à l’aide de photos faites avec les portables, nous arrivons à les changer. Mais cela ne change rien: plus de feux de croisement. Il est alors 01h00 du matin. Cette panne idiote nous arrête à deux heures de la maison. Même si nous savons que nous nous mettons gravement en faute, nous reprenons la route avec les feux de longue portée. Comme on s’était arrêté, on double des camions une deuxième fois. Curieusement ce ne sont pas les véhicules roulant dans notre sens qui s’énervent, mais les camions roulant vers le sud. Nous ne nous laissons pas irriter car il n’y a vraiment plus beaucoup de circulation. Nous arrivons fatigués à 03h00 du matin.
Les jours suivants sont occupés à vider le camion et à chercher la raison de la panne. Tout semble indiquer que cela vienne de quelque relais ou de l’unité de contrôle centrale. André teste tout ce qu’il peut tester, mais s’avoue vaincu après deux jours de recherche. C’est qu’un prochain autre départ est programmé une semaine plus tard. Au garage, l’erreur est assez vite trouvée puisque beaucoup d’autres pistes ont déjà été vérifié. C’était simplement le contact tourant!
La traversée en ferry retour à la maison est aussi visible en vidéo:
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