Nous sommes venus par nos deux derniers ferrys jusqu’à ce cap ce 3 septembre 2022 pour avoir un bon poste d’observation pour les aurores boréales sur la plateau au centre de la presqu’île d’Aun. Il n’est que 16 heures et nous avançons jusqu’au bout du cap, cela signifie que nous devons redescendre plus de 300 mètres de dénivelé. Cela a au moins l’avantage de nous ramener au soleil car la route en descente est orientée plein nord. Le Cap Elgsnes sera le point le plus septentrional atteint durant ce voyage: 68.92 degrés nord. Il fait encore chaud au soleil, mais à l’ombre, les températures descendent au-dessous de 10°C à la fin de l’après-midi.
La route nous fait plonger du plateau Aunfjellet vers la côte de Toppsundet, c’est le passage maritime entre cette presqu’île au sud et l’île de Gytøya au nord. La masse de terre au large est l’île Andøya avec sa partie plate et marécageuse Andmyran au centre. Andøya forme l’île septentrionale des Vesterålen.
Le sud de l’île Grytøya marqué par des hautes parois rocheuse formée par la montagne Toppen. la route côtière y passe dans un tunnel.
Bien que la presqu’île Aun soit très rocheuse, on trouve une plage circulaire entre le double cap Raten à l’extrémité nord. Non loin de la plage s’arrête la route publique non goudronnée ici. Toutes les autres routes sont privées et barricadées. Ainsi on ne peut avancer qu’à pied sur la partie ouest du cap, Vestre Raten. La plage est paradisiaque, le vent est faible. Mais nous ne sommes pas enclins à prendre un bain. L’eau de la mer n’a que 12°C et l’air ambiant n’est pas beaucoup plus chaud.
À l’arrière de la plage se trouvent quelques maisons tout comme sur le cap est, Raten. Ces dernières ne peuvent pas être accédées. Pour cette raison, nous partons à pied sur la pointe ouest. Elle est marquée de ruines et d’un Kystfort, ce qui signifie simplement fort côtier.
Les ruines circulaires rappellent des bases d’artillerie. L’état du mortier fait aussi référence à la Seconde Guerre Mondiale. Le reste des installations est aussi typiquement guerrier et défensif. Tranchés et tunnels peu naturels dans le granite cachent bien quelque chose.
Au point le plus haut se trouve un blockhaus. C’est bien une installation du Mur de l’Atlantique des Allemands nazis qui défigure encore de nous jours les côtes de Biaritz jusqu’au Cap Nord. Cette longue ligne défensive côtière est mise en œuvre dès la fin de 1941 et à peu près opérationnelle dès 1943. Il ne s’agit que d’une première ligne défensive à la quelle manque cependant toute structure arrière comme d’autres lignes défensives ou des voies d’approvisionnement conséquentes. Cette ligne défensive porte ici aussi le nom de Forteresse Norvégienne. Un kystfort n’est donc pas une ruine romantique du 17e siècle, mais une installation militaire allemande.
Le blockhaus d’Elgsnes est construit sur deux nivaux et uniquement la tourelle d’observation dépasse du sol. L’observation est uniquement orienté vers le nord-ouest ou se trouve le grand passage protégé par l’île Andøya au nord des Vesterålen. On voit en bas l’entrée basse. Dans la ligne d’accès se trouve un petit trou dans le mur. C’est une sorte de canonnière pour se défendre contre des assaillants. L’état général du blockhaus est encore assez bon même si la qualité du béton semble douteuse: on y trouve aussi beaucoup de bois et des traverses d’acier pas forcément solides. Ce blockhaus ne devait pas tenir contre une attaque massive.
Dans la partie basse se trouvent des chambres sans ouverture vers l’extérieur. Elles sont très sombres. Mais une double échelle permet de monter dans la tourelle d’observation. Toutes ces parties en acier sont en bon état quand on considère la proximité de la mer et les précipitations nombreuses sur cette côte.
La fente d’observation laisse entrer un peu de lumière dans ce blockhaus sinon très sombre. Elle s’ouvre sur 180 degrés. Aujourd’hui on n’en voit rien parce que des arbres poussent autour du blockhaus.
L’arrière de la tour d’observation comporte aussi une sortie, ici le blockhaus ressemble presque à une villa. On voit sur la deuxième photo en bas la fente d’observation. Il y a des barbelés rouillés autour de l’installation mais pas d’interdiction hormis celle de passer par les pâturages au sud des ruines.
Nous redescendons par un des nombreux chemins vers l’aire de retournement où nous stationnons. Où que l’on aille, on tombe toujours sur les restes des fichus nazis. Durant la dernière semaine on les a vu dans le musée du chemin de fer à Hamar et au camp de concentration de Bergen-Belsen.
On revient à la voiture car il commence à faire frais, un méchant petit vent n’arrange pas la situation. Comme nous stationnons avec une bonne vue sur la plage, la baie et les montagnes et îles en face, nous restons ici à lire, à poster la journée vécue sur Instagram et à prendre des notes qui permettent plus tard de rédiger ces pages du blog.
On ne reprend la route retour que plus de deux heures plus tard. Elle est de la tôle ondulée sur cette partie.
La montée raide vers le plateau est en partie à voie unique, mais il n’y a que très peu de circulation. Une zone d’évitement un peu plus haut permet de s’arrêter un court instant et de contempler ce panorama typiquement norvégien. On a à gauche au fond l’Île Andøya des Vesterålen, devant l’Île Grytøya et à droite on voit la crête principale avec la frontière suédoise.
Nous remontons donc sur l’Aunfjell où nous avons prévu de passer la nuit. Mais on n’est pas près de nous coucher. On fait une randonnée tardive.
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