Le centre-ville de Lübeck

Peut avant midi, ce 25 septembre 2022, nous arrivons du ferry Oslo-Kiel et après un peu d’autoroute au centre-ville de Lübeck. Nous commençons dans la rue Engelsgrube avec beaucoup de maisons aux façades très représentatives. Parmi celle-ci se trouve aussi la maison de la ville hanséatique de Gdańsk, une sorte d’ambassade dans la capitale de la Hanse qu’était Lübeck.

Maisons de Lübeck rue Engelsgrube. Photo © André M. Winter

Le quartiers des ruelles de Lübeck

Des deux côtés de la rue Engelsgrube se trouvent des ruelles trop étroites pour laisser passer des véhicules. On les appelle « Gang », ce qui signifie simplement « couloir ». Certaines sont des culs de sac, d’autres permettent de passer vers la rue parallèle suivante. Ce sont des vraies havres de paix en pleine ville. Les ruelles sont souvent pavées. Les maisons sont de tailles très différentes.

Sievers Thorweg. Photo © André M. Winter

Certains accès sont des passages étroits et bas, ce qui explique plus précisément l’appellation « couloir ».

L’hôtel de ville de Lübeck

Nous arrivons par l’arrière de l’hôtel de ville. Mais même cette façade arrière est très impressionnante avec ses tourelles et ses briques vernies noires.

Façade nord de l’hôtel de ville de Lübeck. Photo © André M. Winter

Façade nord de l’hôtel de ville de Lübeck. Photo © André M. Winter

L’Hôtel de ville de Lübeck (Lübecker Rathaus) est le siège du maire et du conseil municipal de la ville hanséatique. Il s’agit d’un édifice de style gothique de brique et de l’un des hôtels de ville les plus importants d’Allemagne.

La construction commence peu après que Lübeck eut reçoit l’immédiateté impériale, en 1226. De la construction initiale témoignent encore des parties du mur sud, de style roman tardif. L’hôtel de ville a été achevé en 1308. En 1435 a été ajoutée la nouvelle chambre de style gothique tardif, à façade pourvue de tours et construite en briques de différentes couleurs, et, environ cent cinquante ans plus tard, le pavillon Renaissance en grès par les sculpteurs flamands Hans Fleminck et Hercules Midow (1570-1572). Dans l’hôtel de ville, le conseil de la ville hanséatique se réunissait aussi en tant que tribunal: l’Oberhof de Lübeck était jusqu’en 1820 la cour d’appel pour les décisions d’autres villes relevant du droit de Lübeck. L’hôtel de ville est aujourd’hui encore le siège du maire et le lieu de réunion du conseil municipal. L’entrée principale ne se trouve pas sur la place du marché mais sur la rue Breite Strasse. La cave est louée à un maître de chai et a son entrée sur la place du marché, sous les arcades Renaissance. Source: Wikipédia.

 

Aile Renaissance, mur gothique et partie centrale de l’hôtel de ville de Lübeck. Photo © André M. Winter

Ce qui ressemble à une halle de marché miniature sur la place du marché de Lübeck était le pilori. Il est remanié maintes fois et abrite aujourd’hui effectivement quelques stands de marché.

Kaak sur la place de marché Lübeck. Photo © André M. Winter

Holstentor

La porte de Holstein est avec son architecture de la fin de la période gothique, le symbole de la ville de Lübeck. Les deux tours et le bâtiment central vus de la ville semblent former une unité. Côté parc, ces parties apparaissent clairement distinctes. Les deux tours s’avancent de 3,5 m en demi-cercle devant le bâtiment central. Chaque tour est coiffée d’un toit conique et le bâtiment central est surmonté d’un pignon. Le passage était autrefois pourvu de deux battants de porte côté extérieur. Une herse a été installée en 1934, elle ne correspond pas aux installations défensives d’origine. À la place se trouvait jadis une herse «en orgue» dont les perches de fer pouvaient être descendues une par une, et non pas toutes en même temps. Il était ainsi possible d’abaisser tous les barreaux à l’exception d’un ou deux, afin de permettre aux habitants de rentrer chez eux. Côté ville, on peut lire l’inscription S.P.Q.L. encadrée des dates 1477 et 1871. La première était la date présumée de la construction de la porte (la date exacte est 1478), la deuxième est aussi bien la date de la restauration que celle de la fondation de l’Empire allemand. Cette inscription a pour modèle le S.P.Q.R. romain (en latin Senatus Populusque Romanus « le Sénat et le peuple romain ») et devait correspondre à Senatus Populusque Lubecensis. Elle a été apposée en 1871. Auparavant, il n’y avait aucune épigraphe à cette place. Une autre inscription se trouve sur la façade côté campagne. On lit Concordia domi foris pax (« Harmonie à l’intérieur, paix à l’extérieur »). Cette épigraphe date également de 1871. C’est une forme abrégée de l’inscription qui figurait sur le Vortor (porte extérieure, non conservée), Concordia domi et foris pax sane res est omnium pulcherrima (« Harmonie à l’intérieur et paix à l’extérieur sont précisément le mieux pour tous »). Source: Wikipédia.

Holstentor face est. Photo © André M. Winter

Côté ville, la porte se trouve quelques mètres plus bas que la route et les trottoirs. Cela lui donne une impression courbée qui n’est qu’un effet optique. Ce n’est pas le cas du côté du parc.

Holstentor côté jardin. Photo © André M. Winter

Holstentor côté ouest et grenier à sel de Lübeck. Photo © André M. Winter

Près du Holstentor se trouvent les anciens grenier à sel de Lübeck. Ils sont construit dans le style de la Renaissance de briques de 1579 à 1745. Le sel provenait de salines relativement proches et formait une importante part dans le monopole commercial de la Hanse. Le sel stocké ici ne servait qu’en infime partie à la ville, la bien plus grande partie était utilisé pour conserver le hareng.

Salzspeicher Lübeck. Photo © André M. Winter

Grenier à sel de Lübeck. Photo © Alex Medwedeff

Midi est passé, nous avons faim. Notre but est maintenant un restaurant bon marché qui sert des grandes pommes de terre fourrés au choix: Kartoffelspeicher.

Massepain Niederegger Marzipan

Niederegger est le fabricant de massepain en confiserie le plus connu de Lübeck et aussi dans des grandes parties de l’Allemagne. Les villes de la Hanse ont continué à rester des ports importants après la fin du commerce des harengs et des morues. Par elles ont aussi transité les produits exotiques comme le café (Hambourg) ou les amandes et le sucre (Lübeck). Et dans une ville portuaire ce n’est pas forcement quelqu’un de local qui se lance.

Johann Georg Niederegger est né en 1777 à Ulm et arrive en 1800 à Lübeck. En 1806, il remprend la confiserie de ses patrons, mais sept mois plus tard est érigé le blocus continental par le dictateur français Napoléon. Johann Niederegger n’a donc plus de produits de base venant de Sicile pour ses spécialités. Il se maintient grâce à la contrebande via Helgoland, mais ce n’est qu’en 1822 qu’il peut ouvrir son premier café. L’entreprise grandit petit à petit pour produire 30 tonnes de massepain brut par jour.

Nous n’achetons que quelques classiques. On fait de même dans chez des concurrents. À la dégustation à la maison le verdict est unanime: Niederegger gagne gâche au zeste d’eau de vie.

Etal dans le magasin de massepain Niederegger à Lübeck. Photo © André M. Winter

Etal dans le magasin de massepain Niederegger à Lübeck. Photo © André M. Winter

Église Sainte-Marie de Lübeck

À l’est de l’église Sainte-Marie se trouve un couloir couvert appelé Kanzleigebäude, c’est en gros une extension du début du 17e siècle de la mairie. Les notaires et la justice administrative y travaillait.

Arcades de la chancellerie de Lübeck. Photo © André M. Winter

Arcades de la chancellerie de Lübeck. Photo © André M. Winter

Lorsque les premières pierres de l’église de Sainte-Marie ont été posées, le diable a cru que ce bâtiment serait un bar à vin. Il aimait l’idée, car de nombreuses âmes avaient déjà trouvé leur chemin vers lui après avoir fréquemment visité un tel endroit. Alors il s’est mêlé à la foule et a commencé à aider les ouvriers. Il n’est pas étonnant que le bâtiment ait avancé très vite. Mais un jour, le diable a dû réaliser que ce bâtiment sera une église. Plein de colère, il attrapa un énorme rocher pour briser les murs qui étaient déjà debout. Il volait juste dans les airs lorsqu’un audacieux ouvrier lui a crié: « Arrête-le, monsieur le diable! Laissez ce qui a déjà été érigé! Pour vous, nous allons construire un bar à vin juste à côté! » Le diable était très content de cette idée. Il a laissé tomber le rocher à côté du mur, où il repose jusqu’à ce jour. On peut encore voir les griffes du diable sur la pierre. Et juste en face de l’église les ouvriers ont construit la cave à vin de la mairie. La sculpture est de 1999 par Rolf Goerler.

L’église Sainte-Marie de Lübeck. Photo © André M. Winter

L’église Sainte-Marie est construite de 1250 à 1351. C’était un symbole de la puissance commerciale de Lübeck, ville appartenant alors à la ligue hanséatique. Comme le reste de la vieille ville, qu’elle domine de ses hautes flèches, c’est un monument protégé par l’UNESCO. L’église Sainte-Marie est le modèle du gothique de brique du nord de l’Allemagne. Plus de soixante-dix églises de cette région de la Baltique l’ont prise pour exemple. Elle subit des nombreuses modifications lors de son premier siècle d’existence.

L’église a subi un incendie dévastateur après le bombardement de Lübeck, de la part de la Royal Air Force, qui a eu lieu la nuit du dimanche des Rameaux 1942 et qui a détruit un cinquième de la ville. Il ne restent que les murs, tout le décor intérieur est détruit. Cela explique aussi sa relative stérilité actuelle. La restauration dure jusqu’en 1959, le dernier orgue est remis en place en 1968.

Cloches tombées de l’église Sainte-Marie de Lübeck. Photo © André M. Winter

Voûtes de la nef l’église Sainte-Marie de Lübeck. Photo © André M. Winter

Le retable d’Anvers date de 1518. Il est donné à l’église par le marchand Johann Bone, originaire de Geldern, en 1522 et il est placé à la chapelle de la Prière en 1790. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se trouvait ailleurs. C’est un triptyque de bois doré représentant des scènes de la vie de la Vierge Marie. On remarque au centre les figures sculptées de la Dormition de la Vierge, au-dessous sa mise au tombeau, à gauche l’Annonciation, à droite son tombeau. Le panneau de gauche montre en haut sa Nativité, au-dessous la Présentation de Jésus au Temple avec en haut à droite une partie de l’Arbre de Jessé et en dessous Jésus adolescent prêchant au Temple. On distingue aussi les scènes de l’Adoration des bergers, de celle des Rois-Mages, la Circoncision, la Fuite en Égypte, flanquées de la scène du mariage de Joachim et Anne, le Sacrifice du Christ et son action de grâces, etc. Lorsque le retable est fermé (pendant la Semaine sainte), il montre une scène de l’Annonciation peinte par le Maître de 1518. Source: Wikipédia.

Voûtes du déambulatoire et croix de l’église Sainte-Marie de Lübeck. Photo © André M. Winter

Le bas-relief de l’atelier de Heinrich Brabender (1515) dans le déambulatoire représentent des scènes de la Passion du Christ: au nord, Le Lavement des pieds et La Cène. Dans le cadre de La Cène, on remarque un symbole de Lübeck qui est aussi familier au folklore allemand. C’est une petite souris qui ronge un rosier, ce qui est signe de bonne chance.

Relief de la cène dans le déambulatoire de l’église Sainte-Marie de Lübeck. Photo © André M. Winter

Relief du déambulatoire de l’église Sainte-Marie de Lübeck. Photo © André M. Winter

L’horloge astronomique a pris la place de l’ancien orgue.

Cadran inférieur de l’horloge astronomique de l’église Sainte-Marie de Lübeck. Photo © André M. Winter

Détail du cadran inférieur de l’horloge astronomique de l’église Sainte-Marie de Lübeck. Photo © André M. Winter

La danse macabre de Lübeck à St. Marien a été créée en 1463, remplacée par une copie en 1701 et détruite en 1942. Le jeune Bernt Notke a créé la célèbre danse macabre de Lübeck en 1463 sur le modèle de la danse macabre à Paris de 1424 pour la chapelle confessionnelle au nord de la Marienkirche. Ce côté, détourné de la lumière, suggère la pensée à la mort et rappelle aux gens d’ordonner leur vie selon les enseignements chrétiens à travers le remords, la confession et la pénitence. À cette époque, on s’attendait à ce que la peste se propage depuis le sud et atteigne Lübeck à Pâques 1464.

La Danse macabre n’a pas été peinte sur des panneaux de bois, mais sur un mur de toile couvrant 26 mètres de long et près de deux mètres de haut, qui s’étendait le long des murs de la chapelle au-dessus du confessionnal comme une séquence continue d’images. La frise montrait 24 couples de grandeur presque naturelle, menés par une figure de la mort jouant de la flûte et une autre figure de la mort portant un cercueil. Ils se composaient chacun d’un personnage mort et d’un personnage (encore) vivant, en commençant par le pape et l’empereur, en passant par le maire et le marchand jusqu’au fermier et à l’enfant au berceau. La danse inclut des personnages de tous grades et inclut des figures féminines individuelles et d’âges divers. Les vivants ne se joignaient à la danse de la mort que de manière rigide et à contrecœur, tandis que les squelettes des morts sautaient sauvagement et avec exubérance. À la fin, cependant, une mort maniant la faux fauche toute vie.

Une caractéristique de la danse macabre de Lübeck, qui la distingue de toutes les autres danses macabres traditionnelles, est le fait que la danse macabre se déroule directement devant le paysage local de Lübeck. De cette façon, le spectateur peut s’identifier aux personnages de la danse et se rendre compte qu’un miroir se tient devant lui ici et maintenant, dans lequel il se voit danser avec la mort. Face à la mort, cela prouve la fugacité du pouvoir, de la richesse et de la beauté dans ce monde. Un texte sous les personnages se déploie d’une manière tout aussi artistique que la séquence colorée d’images du tableau. C’est un dialogue entre les morts et les vivants. La danse macabre rappelait à l’individu d’orienter sa vie vers l’au-delà et la rédemption d’une part et de s’engager dans sa tâche personnelle au sein de la communauté sociale de ce monde d’autre part. La dance macabre de Sainte-Marie ressemble à celle de l’église Saint-Nicolas de Tallinn, la danse de la mort de Reval, que Bernt Notke a réalisée vers 1500 sur le modèle de sa frise de la danse de la mort de Lübeck. Ce fragment, également peint sur toile, forme le début d’une danse macabre à l’origine complète avec 13 personnages. Le dynamisme des figures et la luminosité de ses couleurs donnent encore une idée de l’expressivité de la peinture de Lübeck.

Le revêtement mural délicat de la frise de Lübeck a été fréquemment réparé au fil des ans et a finalement été tellement usé en 1701 que l’ensemble du tableau a été remplacé par une copie du peintre d’église Anton Wortmann. En même temps, le poète de la ville Nathanaël Schlott crée un texte plus moderne. Comme sur l’ancienne danse macabre, il prend place sous les personnages. Les nouveaux vers véhiculaient une nouvelle compréhension de la mort.

La danse macabre de St. Marien a fait son effet depuis sa création jusqu’à nos jours. En témoignent les formes traditionnelles et nouvelles du type d’art, en particulier lorsque les guerres, les épidémies et autres catastrophes évoquent un sentiment de peur et d’impuissance face à des puissances écrasantes. C’est précisément à ces moments-là que les gens cherchent et trouvent une expression de leur humeur existentielle dans la représentation de la danse de la mort. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la danse macabre de Lübeck a été complètement détruite. Aujourd’hui des interprétations artistiques récentes gardent vivant le sujet de la mort et de la Danse macabre.

Reproduction de la danse macabre de l’église Sainte-Marie de Lübeck. Photo © André M. Winter

Nous ressortons de la ville par une autre rue avec des maisons historiques, la Mengstrasse. Elle est en travaux, mais les façades ne sont pas moins importantes.

Deux majestueuses maisons à pignons à ailes latérales sont réunies en une seule en 1863 sous la forme de la maison dite « Schabbelhaus » du nom de son propriétaire, mais détruis en 1942 comme une grande partie de la ville.

Après acquisition par la ville en 1955 par les marchands de Lübeck deux anciennes maisons plus loin dans la même rue sont  est transformées en « Alt-Lübecker Kaufmannshaus » (« maison marchande de l’ancien Lübeck ») avec un restaurant. Le numéro 48  est une maison Renaissance en brique à trois étages avec un pignon courbé à couronne triangulaire, construit en 1558. Reconstruit après les dommages causés par une explosion en 1562. Au 18e siècle, elle a été reconstruite sur trois étages et doté d’une nouvelle façade. La numéro 50 est aussi une maison Renaissance en brique à trois étages avec pignon à redents, de la 2e moitié du 16e siècle. Au lieu du simple portail d’origine, le portail en terre cuite magnifiquement décoré de la 2e moitié du 16e siècle avec pierres vernissées et murs profilés est transférés ici en 1955 de l’ancienne maison à la Fischstrasse 34. La frise d’entablement est de l’atelier de Statius von Düren (16e siècle). Elle représente le meurtre des enfants à Bethléem et la fuite en Égypte.

Nous revenons à la voiture garée sur la presqu’île Wallhalbinsel, mais nous explorons aussi ces vieux docs en partie reconvertis.

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