Notre équipe est complète depuis ce matin 5 septembre 2022 et nous nous mettons directement à explorer le nord de l’Île Austvågøya. Nous tombons sur les restes énigmatiques d’un navire. Les faits que nous avons pu rechercher sur place sont assez maigres. Il s’agit d’un bateau de pêche en bois classique de la région. On ne trouve de l’information sur Internet qu’en cherchant avec les termes « forlist morfjorden » (« naufrage morfjord »). Un problème majeur est que « Morfjord » est un nom de famille assez fréquent et c’était aussi le nom d’un chanter naval de la région. Rien n’est indiqué sur les cartes marines norvégiennes.
Le navire avait été construit en 1920 à des fins de recherche scientifique pour la prospection de pêche par la société Gravdal Skipsbyggeri à Sunde i Sunnhordland. La coque mesurait 21 mètres en longueur et 5 mètres en largeur. Le bateau disposait de cabines avec 9 couchettes. Le moteur principal était un Bolinder suédois, deux cylindre semi-diesel qui développait 70 chevaux. Bolinder construisait aussi des tracteurs. Le bateau rend des bons services malgré sa petite taille. Il est modernisé en 1928 pour un voyage plus long en mer de Norvège. Cependant, lors d’un service en 1931, on découvre des graves corrosions. On décide de l’abandonner pour la recherche, mais on en retire tout l’équipement pour le transférer sur le futur Johan Hjort II qui est aussi construit à Sunnhordland. L’ancien navire est quand même remis en état et vendu d’abord sous le nom de « Kola », puis « Ruth Vagle ». C’est le nom de la femme l’un des derniers propriétaires, la société A. J. Vagle à Stamsund. Ce navire reste à Hadsel dans les Vesterålen en tant que barge pour le transport de sable sous la propriété de Morfjord Betongvarefabrikk à Sverre Engen. Après une tempête, le navire s’échoue en 1976 là dans le Morfjord sur la côte nord d’Austvågøya. (Source norvégienne: journal Kyst og Fjord 2016/46 page 21).
La photo de l’épave encore en assez bon état se trouve dans le journal sur l’histoire de la navigation norvégienne: Skipet 3/14.
On a trouvé une photo du navire de 2002 où les flancs de la coque sont encore debout et où le pourtour est peint de couleur blanche, tout comme on le voit encore sur les bateaux de pêche maintenant. Une photo de 2012 et une de 2014 montrent les restes à peu près disposés comme maintenant.
On voit un reste d’un côté du navire quand on ressort du creux du Morfjord en venant de l’est. Il y a une petite place au bord de la route (côté mer) pour s’arrêter environ 150 mètres avant.
Il est logique qu’il est mieux de passer ici par marée basse pour inspecter les restes du navire. Frederik et André s’aventurent dessus. Il y a des parties en bois blanchi sans algues et on peut avancer ainsi jusqu’à ce qui reste du moteur. On voit les moyens de construction sur les pans de bois restants. Les fixations des planches entre-elles semblent faits initialement de grosses chevilles en bois et d’autant boulons en acier. Il reste aussi des arceaux en acier qui liaient horizontalement.
Le moteur nous intrigue beaucoup. Nous reconnaissons un gros cylindre et un gros volant. Une partie excentrée ressemble à un compresseur, c’est en fait l’admission du mélange air-diesel. Ce type de moteur est un des premiers à remplacer les machines à vapeur. C’est un moteur très tolérant vis à vis la qualité du carburant, il se passe de carburateurs, de bougies et d’injecteurs et il est optimisé pour tourner à bas régime. À l’arrière se trouve une sorte de gros carter qui pourrait avoir contenu la sortie de l’axe vers l’hélice.
Le gros bloc métallique percé était sans doute un réservoir.
Le Morfjord nous réserve d’autres surprises comme des dunes qui ne se trouvent que quelques centaines de mètres plus loin.
No Comments