André est assez fatigué après deux journées d’intensives visites avec Rothenburg, Duderstadt, Hildesheim et Bergen-Belsen, dont les trois derniers rien que cette journée du 25 août 2022. Le tout avec environ 1100 kilomètres de route depuis la maison. Le but pour demain est la visite de Brême durant la journée et la rencontre avec une amie en soirée. Ce plan ne sera réalisé qu’à moitié. André approche donc de Brême, il roule pendant une heure vers le nord-ouest et tente de combiner un emplacement en vue avec un supermarché ouvert.
Les vivres pris avec à la maison commencent à manquer, André doit donc faire les courses. Ce n’est pas une chose aisée en Allemagne car on y trouve beaucoup de supermarchés très bon marché avec des produits certes de base, mais à qualité moindre. Edeka fait partie des enseignes avec plus de produits de qualité, on y trouve aussi des produits bio. C’est toujours surprenant à voir dans un pays soi-disant riche.
Le pays ne change pas vraiment depuis quelques centaines de kilomètres. C’est plat, il y a de la forêt, des champs, parfois uniquement de la lande inculte. Et des allées le long des axes secondaires.
Emplacement au sud d’Eversen
La recherche d’un endroit pour passer la nuit du 25 août 2022 à mi-chemin entre Hildesheim et Brême n’est pas aisée. Les rares places affichés dans l’application park4night sont des parkings au bord de la route, ce n’est pas du goût d’André. Il y a cependant une multitude de pistes agricoles et forestières sans interdiction de les emprunter. Un problème majeur pour s’y poser en lisière de forêt existe. Même si cela commence toujours par une route de bonne qualité, cela se transforme en piste en approchant la forêt. Ici, il n’y a pas de la terre ou du gravier, mais du sable sec! Tant que ce substrat meuble est couvert d’aiguilles de pin, on passe bien. Mais il y a aussi des longues portions qui sont digne du Sahara et c’est tout à fait impraticables avec une camionnette bien chargée à deux roues motrices sans blocage du différentiel.
Une telle situation se présente au sud d’Eversen. Après une avancé en forêt, André doit revenir quelques centaines de mètres en marche arrière parce qu’il est impossible de faire demi-tour dans le sable. Il reste finalement à un croisement de pistes agricoles tout en prenant garde de ne pas se trouver sous un des grands chênes qui laissent tomber leur glands à cette époque de très haut avec un bruit effroyable sur la carrosserie.
L’endroit est calme, mais pas dépeuplé. Car qui dit routes ouvertes à la circulation, sait aussi que cela circule. Un agriculteur vient ensemencer le champ en face, une femme passe à cheval et des voitures utilisent ces pistes pour contourner une route coupée plus loin.
La cale de fortune est un morceau de bois mort car la cale que nous avons s’enfonçait trop dans le sable sous l’herbe maigre.
La cavalière stresse André particulièrement car il ne l’entend pas venir sous la douche extérieure. Mais il arrive à prendre sa douche et de cuisiner en paix. La nuit est calme aussi.
Le matin du 26 août 2022 commence cependant couvert et avec quelques gouttes de pluie. Cela réduit encore plus l’envie de visiter Brême. André décide de faire une journée de pause. L’emplacement au croisement de pistes agricoles n’est cependant pas idéal pour passer la journée. Il repère sur la carte quelques tumuli funéraires du l’Âge de Pierre et un chemin didactique à travers un marais.
Marais Dör’t Moor
La route menant à l’accès sud-ouest du Dör’t Moor est certes calme, mais le soleil est revenu à midi et il n’y a pas d’ombre ici. André décide donc d’entreprendre une partie du tour décrit sur le panneau. Il s’agit de deux boucles de 8 kilomètres ou d’une grande de 12 kilomètres. Les grands lacs ne sont visibles que sur la grande boucle.
Les tourbières de la région se sont crées il y a environ 4000 ans sur les sols sablonneux compressés par le vent et formant ainsi des cuvettes étanches permettant la formation de tourbières minérotrophes. Ces tourbières gagnent ensuite en acidité et la végétation s’y accroit pour former finalement des tourbières ombrotrophes.
Les tourbières traversées sur le chemin de Nordpfade ont tous connu une extraction de tourbe pour en faire du matériel de chauffage. Ces prises n’ont cependant jamais atteint des dimensions industrielles et ces entailles sont de nos jours renaturés.
La partie nord-ouest du grand tour Dör’t Moor
La Große und Weiße Moor est l’une des tourbières ombrotrophes les mieux conservées de Basse-Saxe. Certaines parties de la tourbière, notamment dans la zone de l’affouillement, montrent encore leur caractère d’origine, car l’extraction de la tourbe n’a eu lieu que modérément.
Dans la Große und Weiße Moor, on trouve des stades de landes riches en mousse de tourbe avec de la linaigrette, de la bruyère, de la camarine noire, de la bruyère commune, de la lande au romarin et de la canneberge. Il y a en partie des pelouses faites de linaigrette à feuilles étroites et de mousses. Des espèces rares telles que rhynchospora alba les trois espèces de droséra se trouvent également dans la tourbière. Dans la zone centrale de la tourbière ombrotrophe, il y a des bassins naturels dans le corps de la tourbière, intégrés dans de vastes forêts de lande.
La Große und Weiße Moor s’est formé il y a environ 4000 ans. Des dunes de sable surélevées ont empêché l’eau de s’écouler et, au départ, une tourbière minérotrophe s’est formée. Avec l’augmentation de l’acidification, une tourbière basse s’est formé avec des carex, des joncs, des corniches, des roseaux et des aulnes. Au stade de la tourbière de transition, les buissons, les arbres et la mousse de tourbe ont suivi
avec les linaigrettes. Après une longue période de fortes pluies, la tourbière ombrotrophe s‘est finalement développée.
Dès 1952, il y avait des considérations initiales pour protéger la tourbière. En septembre 1953, la zone centrale autour des quatre bassins, d’une superficie d’environ 22 hectares seulement, est placée sous protection. L’étape suivante a suivi en 1971, d’autres parties de la Große und Weiße Moor ont été déclarées zone de conservation. Une désignation en tant que réserve naturelle était difficile, car il y avait environ 100 propriétaires privés. Enfin, en 1975, 440 hectares sont déclarées réserve naturelle. Au fil des ans, le district a acquis la plupart des terres. Fin 2008, la réserve naturelle a de nouveau été agrandie à sa taille actuelle de 654 hectares.
Il y a des portions vraiment sympatiques dans le marais avec bancs, passerelles et explications, mais il faut aussi prendre en compte des parties rectilignes qui passent entre les champs et qui forment bien deux tiers du tracé. Tout est plat et le dénivelé est proche de zéro, mais la chaleur est revenue et les arbres font souvent défaut.
Schafstall Spieker à Plattenort
À mi-chemin de la petite boucle ouest, donc dans la partie nord, se trouve le Schafstall (bergerie). Il date de 1820 et abritait durant la nuit un grand troupeau de moutons qui paissaient le jour dans la lande. Le bâtiment a été sauvé de la destruction en 1992 par l’association Ünnerstedter Spiekers et des fonds européens le la Région Leader GesundRegion Wümme-Wieste-Niederung ont permis de consolider ces rénovations. Des bancs invitent à une pause.
On y trouve exposé une multitude d’appareils agricoles du 20e siècle, mais très peu d’explication excepté sur les ustensiles d’extraction de tourbe utilisé jusqu’après la Seconde Guerre Mondiale.
La partie nord-est du grand tour Dör’t Moor
Cette partie alterne avec des longues portions de route et des détours vers le sud pour passer plus près de la tourbière. En dehors des zones protégés, on trouve des champs composés principalement de sable. On n’y fait pousser des plantes qu’à grand frais d’engrais.
Sous le grand pin se trouvent des rochers erratiques rassemblés pour pouvoir mieux travailler le champ.
Lacs Bullensee
Il y aurait moyen de couper ici la grande boucle et de retourner plus vite au point de départ. Mais André veut voir les deux lacs Kleiner Bullensee et Großer Bullensee qui se trouve sur la partie nord-est du grand tour.
Après d’autres points de vue et panneaux thématiques, le chemin passe enfin au sud du petit Bullensee. Il faut dévier du sentier principal pour l’approcher. C’est un lac entourée de plantes aquatiques et très paisible, il est impossible d’approcher l’eau sans passer dans le cordon de roseau marécageux.
Le grand Bullensee est plus dégagé et la nage y est autorisé. Les deux lacs sont des types spéciaux de kettles. Le nom allemand Toteissee (Lac de glace morte) est plus parlant. Des blocs de glace restent dans des dépressions pré-glaciaires quand le glacier principal se retire. Ils sont couverts comme le reste de la surface de sables qui ralentissent la fonte ce cette glace sans nouvel apport (donc glace « morte »). Les cuvettes n’ont donc pas le temps d’être remplies par les résidus de l’érosion et des lacs sont encore visible de nos jours.
Les trois phases, de haut en bas:
- Lors de la fonte des glaciers, donc leur recul à la fin de l’ère glacière Saale, qui se termine 130000 avant notre ère, des blocs de glace isolées restent dans le paysage raboté par le glacier. Ils fondent et forment des cuvettes en ramollissant le sol de base.
- Du sable éolien, apporté par les vents, mais aussi originaire de la glaciation, se dépose. Il couvre aussi les restes de glace.
- Avec le réchauffement climatique, les blocs de glace fondent et l’eau remplit les creux formés.
Le retour par le sud du grand tour Dör’t Moor
Ce chemin est le plus fatigant de tous. Il est rectiligne et couvert de copeaux de bois et d’écorce. On marche donc sur un terrain constamment mou. Quelques points de vue hauts permettent de voir un peu plus loin à l’horizon.
La Große et Weiße Moor n’a pas non plus été épargnée par l’extraction de tourbe. Un grand nombre de boutures de tourbe faites à la main, dont certaines assez grandes, témoignent d’une époque où la tourbe était encore recueillie à des fins de chauffage nécessaires. Ils sont répartis sur de vastes zones de la tourbière, selon l’endroit où les habitants des villages environnants avaient leurs petites parcelles de tourbière.
La Große und Weiße Moor sont préservées grâce à la prévoyance des responsables du district avant l’extraction industrielle de la tourbe avec de grandes excavatrices. Lorsqu’une entreprise demande en 1963 un enlèvement de tourbe à grande échelle, les autorités demandent un avis d’expert. En conséquence, des effets négatifs sur les zones au centre de la tourbière ont été prédits. On craignait que le niveau d’eau baisse et que les bassins protégés s’envasent. Autorisation n’a donc pas été accordée.
On peut se demander si l’extraction industrielle de la tourbe aurait valu la peine car la région ne contient qu’une petite couche de tourbe blanche, qui convient principalement à ce type d’extraction de tourbe. Traditionnellement, la tourbe était principalement utilisée comme combustible, pour lequel la tourbe noire plus décomposée, plus profonde et compactée est bien mieux adaptée. Dès la première désignation en réserve naturelle, la commune a progressivement racheté la plupart des surfaces afin de commencer à réhumidifier la tourbière avec moins de conflits avec les voisins.
Avec le premier plus petit blocage des fossés de drainage, l’eau de pluie a d’abord été retenue dans les déblais de tourbe à la main. Aujourd’hui, ils comptent parmi les plus beaux endroits de la tourbière. La végétation typique des tourbières ombrotrophes s’y développe lentement à nouveau, certaines zones de tourbe sont déjà recouverts de tremblant tourbeux.
La ligne droite retour est vraiment pénible. On voit à des centaine de mètres dans la direction de marche. Sur la photo du bas André voit la voiture, elle est cependant encore à 205 mètres.
Nous présentons ce site aussi en vidéo sur notre chaîne:
Il reste des tumuli néolithiques à visiter dans la région.
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