Nous ne sommes pas ici seulement pour des formes géologiques. Nous voulons randonner vers la chapelle Αγίας Ειρήνης (Agia Irinis). C’est une trotte de deux heures pour une direction, donc quatre heures en tout minimum. Le défi est le dénivelé d’au moins 400 mètres sans réel gain d’altitude dans un versant orienté plein sud. L’aller se passe très bien puisque nous partons comme prévu à 8 heures du matin. La rando a un autre défaut: la première moitié est sur une piste sans intérêt que l’on pourrait faire en voiture si on avait un 4×4 ou une envie pressante de casser direction, suspensions ou autre.
Après une heure de marche, nous arrivons au bout de la piste et nous sommes heureux de retrouver un chemin de randonnée. Il est cependant assez exigeant. D’une part, il présente des montées et des descentes assez pentues et fréquentes, d’autre part, il y a plusieurs passages assez exposés au vide. Ce n’est pas difficile en soi, mais combinée à la durée et à la chaleur, on doit rester concentrée tout le long du chemin.
Le matin, notre versant est encore majoritairement à l’ombre.
Ces photos montrent aussi, que l’on monte assez haut pour redescendre plusieurs fois.
On voit la chapelle Αγίας Ειρήνης (Agia Irinis) dès le deuxième tiers du chemin, mais il reste encore quelques arêtes rocheuses à franchir. On arrive à la chapelle blanche après une dernière remonté.
On est en présence de plusieurs bâtiments distincts. En haut à gauche se trouve une petite maison en ruine qui semble servir d’entrepôt.
Derrière la chapelle est blottie contre le versant une construction longue qui contient entre autres des anciens logements d’émérites, des abris pour les pèlerins et les ouvriers des rénovation. On y trouve aussi le logement de la gardienne. La cellule en pierre du moine Kalogerogiannis, selon la tradition, y est aussi conservée.
Le site n’est pas utile pour une randonnée puisque l’on ne peut faire que l’aller retour à la chapelle. Mais c’est un endroit très reculé et solitaire pour se ressourcer. On ne peut pas arriver ici à l’improviste pour passer la nuit, il faut avant demander l’autorisation à la paroisse d’Agios Nicolaou. Il n’y a aucune restauration sur place. Et il n’y a pas d’eau potable.
Quand nous arrivons, une jeune femme allemande est en train de partir. Elle a passée deux nuits ici à contempler les vagues, la mer et les étoiles la nuit. Elle a aussi longuement parlé avec la gardienne. Celle-ci parle bien anglais, même si elle répète que son anglais est mauvais.
La gardienne nous raconte qu’elle est ici depuis deux ans. Au début, il fallait amener tous les vivres par des porteurs sur le chemin escarpé. Cela incluait l’eau à boire car il n’y a pas de source permanente sur cette partie du cap. Depuis, on a installé un petit téléphérique qui permet de remonter des petites charges d’une minuscule calanque sous la chapelle. Mais elle n’est accessible que par mer parfaitement calme.
La chapelle est toute blanche et fait honneur à celles de Santorin. Elle est composée d’une petite nef unique surmontée d’une coupole. Elle a été construite à la fin du 19e siècle sur les ruines d’un temple plus ancien.
La gardienne nous remet un texte en anglais relatant l’histoire du lieu, elle nous ouvre la chapelle et nous permet de monter sur le toit de la citerne portant le clocher-mur traditionnel grec.
Le clocher-mur est à droite du bâtiment. Il porte deux cloches, la plus petite est curieusement offerte par la ville de Karachi au Pakistan.
Le Cap Malea, aussi connu sous le nom de Kavos de Saint Ange, forme la dernière partie sud-est de l’Europe terrestre, c’est le point de rencontre de la Mer Égée, de la Mer Ionienne et de la Mer Crétoise. Un fort courant marin est présent ici et de ce fait, le cap a toujours fait peur aux marins. Le Cap Malea occupe une position imposante parmi les régions mythologiques de la Grèce:
- L’Odyssée d’Homère décrit le cap battu par les vagues et le vent.
- L’expression proverbiale attribue au géographe Strabon Μαλέαν δε κάμψας, επιλάθου των οίκαδ (Si tu décides de traverser Malea, oublie que tu as une famille), dépeint la traversée du cap comme l’une des plus dangereuses de la mer Méditerranée.
- Strabon attribue le nom du cap légendaire à Maleas, fils des Pélasges (premiers habitants de la Grèce mythologique).
- Le terme « Maleatis » fait référence à Apollon.
- Selon un autre mythe, Malos, roi d’Epidaure, avait fondé le sanctuaire de Maleata Apollo en 800 avant notre ère sur le mont Kinortio à Epidaure, là où Appolon donna la médecine au peuple avec la naissance d’Esculape (Asclépios, fils d’Apollon et de Koronida, la petite-fille de Malos).
- Le décor grandiose est le lieu où le sage Centaure de Héron, guérisseur des hommes, mais blessé par eux, laisse son dernier souffle en échangeant son l’immortalité avec celle de Prométhée déchu.
- Le voyageur Pausanias mentionne le Cap Malea comme le lieu d’éducation de Sylinus, le premier des danseurs adeptes de Dionysos, selon Pindare, que Pyrhicus dit être un représentant des habitants du Cap Malea.
Ce cadre mythologique est ensuite repris par la religion chrétienne, plusieurs émérites se refugient dans les grottes du cap.
La gardienne n’est pas toute seule. Elle a deux poules bien grosses et un chat très curieux et surtout très glouton.
Le chat du site détecte tout de suite notre saucisson. André tente de calmer ses assauts par une tranche jetée un peu plus loin. Le petit glouton l’avale direct, le recrache et ne pense qu’ensuite à mordre un peu dessus. Mais cela ne le calme pas, nous devons tout avoir constamment à l’œil. Il ne se calme que quand on l’enlève physiquement de manière brutale et quand arrivent les d’eux grosses poules tenus par la gardienne.
Les chats en Grèce sont tous maigres, fins et petits. Même ceux tenus et bien nourris ne gagnent pas en taille. Parfois, on voit des chats (mâles) un peu plus gros, mais ce sont aussi souvent les plus mal en point à cause des continuels combats pour les femelles.
Tout autour de la chapelle se trouvent des bancs et des tables à l’ombre d’arbres. Cette ombre est la bienvenue pour tout le monde arrivant ici.
Le chemin ne se termine pas à Αγίας Ειρήνης (Agia Irinis). On peut encore continuer en descente vers la chapelle rénovée d’Aγιος Γεώργιος (Agios Georgios). Cela permet aussi de voir retour sue Agia Irina dans son cadre de rochers escarpés.
Nous arrivons en cinq minutes près d’Agios Georgios, mais on ne voit d’abord que des ruines dont une chapelle dont la moitié a sombré du versant. Ces ruines sont le reste des monuments monastiques détruits au fil du temps par les forts vents régnant sur le cap. Saint George a été construit au début du 15e siècle.
En avançant à gauche de la chapelle en ruine, on marche sur une surface plane avec un muret au bout. On voit d’ici enfin la coupole blanche de la chapelle rénovée.
Pour y descendre, il faut passer à droite de la ruine, puis sur un escalier dans le reste d’un passage couvert.
Le parvis est banal, l’unique entrée ouverte à la chapelle se trouve ici. L’intérieur est sombre et moite, on y trouve quelques icônes et fresques.
Nous remontons vers Agia Irina puis Agia Marina.
En partant, la gardienne d’ Agia Irina nous offre un morceau de la friandise lokum, vendue en Grèce comme grecque, mais qui existe aussi en Turquie et au Proche Orient. C’est basé sur beaucoup de sucre et initialement de mastic du pistachier lentisque.
Après les au-revoirs à la gardienne, nous prenons le chemin du retour. Nous le connaissons logiquement de l’aller, mais la position du soleil a changé et les criques apparaissent sous une autre lumière. Il fait bien sûr beaucoup plus chaud.
Sur la photo du bas: la seule ombre que nous trouvons au retour est dans ces gorges que l’on croise à leur sortie.
Devant nous les caps plats d’Agia Marina.
Nous retrouvons malheureusement aussi la piste fatigante.
Nous sommes heureux d’avoir visité la forêt pétrifiée à l’aller, car à 13 heures nous ne ressentons plus l’envie d’errer en plein soleil près de la voiture. Nous sommes d’autant plus surpris de rencontrer au parking des touristes voulant faire cette randonnée en partant à midi. Nous leur répétons que c’est long et chaud, ils se lancent quand même.
Cette randonnée est aussi visible en vidéo:
Nous allons voir par la suite l’épave du navire Dimitrios.
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