Traverser la Diablo Range
Pour rejoindre San Francisco, il faut traverser la grande vallée San Joaquin Valley. Nous descendons en début de soirée du 22 juillet 1996 d’abord de la Sierra Nevada des longues portions de forêts jusqu’à Jacksonville au bord du Don Pedro Reservoir. La hauteur se stabilise alors autour de 200 mètres et la route est ensuite rectiligne. On passe des plantations irrigués sans fin. Les amandes américaines viennent par exemple d’ici. Les zones sans irrigation sont sèches. Les petits villages au bord de la route sont vites passés. Avec cette route droite et les champs sans fin, nous perdons complètements nos repères.
Nous croisons les différents bras du San Joaquin Rivers autour de Mossdale. Nous passons au Highway 208 puis à l’Interstate 580 qui est l’axe principal entre Los Angeles et San Francisco, il y a au moins trois voies par direction et parfois cinq. Comme tout le monde roule à la même vitesse (environ 10mph plus vite que la limite autorisée), tout les gabarits sont sur toutes les voies et il peut arriver que l’on soit entouré de tous les côtés par d’énormes camions. Ces colonnes montent à partir de Livermore sur Diablo Range vers un col de entre des collines qui atteignent environ 550 mètres. Ces montagnes sont les dernières avant la baie de San Francisco. Les versants sont couverts d’herbe dorée et de chênes verts épars. Nous nous arrêtons au col pour admirer les éoliennes installées ici, il y en a de toutes formes, tailles et techniques. Le col Altamont Pass n’est haut que de 230 mètres, mais l’Océan Pacifique génère un vent permanent.
Le soleil est cachée derrière une brume en altitude, mais le vent soufflant ici est très chaud. Nous retournons vite dans la voiture climatisée pour avancer vers San Francisco. La ville et les alentours comptent plusieurs millions d’habitants et nous craignons le pire en matière d’offre pour campeurs. Notre carte (échelle 1:700000) affiche un symbole adéquat dans le Mount Diablo State Park loin avant Oakland. Comme nous n’avons pas beaucoup d’alternatives, du moins pas plus d’informations, nous nous y rendons. Nous ratons la bonne sortie de l’autoroute et nous perdons donc du temps à nous retrouver. Mais nous n’avons pas besoin de monter bien loin dans le parc, il est fermé tout l’été à cause du risque d’incendie.
Nous sommes fatigués et sales, cela nous rappelle notre arrivée à Yakima et nous cherchons donc un motel. Mais Danville, où nous passons, semble être un quartier noble, on n’y trouve que de grandes villas dans de grands jardins. Monter la tente ici quelque part dans une rue déserte ne nous enchante pas. Nous n’avons pas le choix, nous avançons donc vers San Francisco Bay pour voir ce que pourrons trouver dans les quartiers peut-être moins huppés.
Effleurer la Bay Area
Le Highway 24 nous mène par un tunnel à travers les Berkeley Hills. Nous voyons ensuite que cette autoroute nous mène droit dans la ville densément construite et vers la mer. Ainsi nous avons déjà dépassé les quartiers en bordure de la ville d’Oakland. On roule un certain temps à l’écart de l’autoroute pour chercher, mais nous ne nous en éloignons pas trop pour ne pas nous perdre dans cette mer de maisons et de rues. En cherchant un Motel, nous passons un affichage de température qui affiche 67°F. Calculer la valeur en degrés Celsius est compliqué, mais jusqu’à présent nous avions vu des températures au-dessus de 100°C et nous pensons à une erreur. Nous ouvrons les fenêtres et nous sommes choqués, il fait vraiment froid, notre thermomètre affiche 16°C. Nous nous demandons ce que nous faisons ici. Et l’heure avance.
Et comme nous ne nous arrêtons pas à temps, nous passons le grand pont Richmond Bay Bridge qui passe dans les quartiers au nord du Golden Gate Bride. Le Richmond Bridge est à deux niveaux et à péage, on paye un dollar dans la direction nord seulement, c’est la voie supérieure.
Notre carte mentionne plusieurs State Parks au nord de San Francisco et ceux-ci disposent en général de campings. La carte avec l’échelle misérable ne nous aide pas beaucoup pour nous orienter dans la ville de San Rafael où nous quittons l’autoroute. Nous nous croyons sur une route menant au Mount Tamalpais, mais nous arrivons à Mill Valley, un autre quartier très noble. Comme rien n’est indiqué, nous nous orientons au mieux grâce au terrain et nous trouvons ainsi une route qui semble mener au sommet. Nous passons bifurcation après bifurcation, la route devient de plus en plus étroite et nous finissons dans l’accès du garage d’une villa. Nous trouvons quelqu’un pour demander le chemin et nous devons redescendre jusqu’au centre de Mill Valley!
Errer dans le Marin County
Nous tirons des conséquences de notre errance, laissons notre atlas 1:700000 de côté, demandons le chemin vers une librairie que nous trouvons vite et nous y achetons une carte de randonnée de la région du Mount Tamalpais avec l’échelle américaine 1:28575. Dans une direction totalement contraire, c’est à dire d’abord le long de la côte, nous prenons un nouvel élan pour rejoindre le Mount Tamalpais. Le Panoramic Highway nous mène de plus en plus haut. Au col, à 460 mètres, nous arrivons au Campground Pantoll. Le soleil est déjà couché, et le camping est bien sûr complet. Nous réservons pour le lendemain et demandons le chemin jusqu’au camping le plus proche avec douche. Nous n’obtenons qu’une description vague du State Park suivant et qu’il serait possible d’y trouver une place. Il est à 40 kilomètres, inutile de dire que nous ne sommes pas ravis.
Nous prenons un autre route pour redescendre de manière raide vers la mer. La côte Pacifique est irritante dans les dernières lueurs du crépuscule, nous nous croyons aux Pays-Bas ou en Irlande. Des hérons pêchent dans le Bolinas Lagoon couvert de brume quand nous passons. Nous tournons à droite à Olema pour prendre une petite route qui entre à l’intérieur des terres sans gagner grandement en hauteur. Nous arrivons vers 22 heures au Samuel Taylor State Park et on nous laisse quand même entrer.
Le camping est plein, mais il reste de la place dans l’extension. La tente est placée sur des bouts d’écorces qui forment un sol assez doux. Au-dessus de nous et partout ailleurs poussent des Redwoods d’une hauteur incroyable. Ces arbres garantissent sans doute un long sommeil, le soleil ne peut jamais passer au sol. Nous prenons notre douche avant le dîner, le besoin est urgent. Le prix des douches est inclus dans les USD15,- pour la place. André ne veut pas attendre et prend les douches des femmes qui sont vides. Nous laissons couler l’eau chaude à flots comme si nous n’avions pas vu de l’eau depuis des mois. Nous mangeons vite et tombons de fatigue dans nos sacs de couchage. La nuit sera agréablement fraîche. Nous ne savons pas s’il pleut ou si l’humidité est tellement grande qu’elle condense sur les arbres. Il pleut en tout cas toute la nuit sur la tente. Bienvenus sur la Côte Pacifique!
Le matin du 23 juillet 1996, il pleut toujours des arbres et un brouillard froid règne dans le camping et apparemment partout ailleurs aussi. Nous mangeons près d’un grand arbre car il fait sec près du tronc. Comme nous craignons moisir si nous restons plus longtemps ici et comme on est vraiment loin de San Francisco, nous retournons dès le matin au Mount Tamalpais Camp Ground pour y montre la tente humide sur une place fraîchement libérée. Ici il fait plus sec, on a même du soleil.
Maintenant seulement, nous partons enfin en ville.
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