Nous partons vers onze heures de Teboursouk avec un bus public et nous nous dirigeons toujours vers le sud-ouest et la frontière algérienne. Cette fois-ci. nous y arrivons car El Kef est en grand centre routier tel que Gafsa. Même tard le soir, nous y trouvons aisément un bus pour Kalaat Es-Senam. À la gare routière d’El Kef, nous achetons aussi les meilleurs oranges jamais mangés, pourtant elle n’ont pas l’air vraiment belles.
Kalaat est un village très au bout du monde, il se trouve à deux pas de la frontière algérienne fermée depuis des années. On y est d’autant mieux accueilli quand on arrive tard le soir et hors saison. L’unique hôtel à Kalat Senam est aussi une épicerie et on nous vend des vivres en journée en plein Ramadan. En rase campagne cela est rare. La lumière du soir est fantastique à Kalaat et nous voyons déjà le but de notre voyage si loin à l’ouest: la Table de Jugurtha! Les vues sont du toit de l’hôtel.
Le matin suivant, sur le chemin de la Table de Jugurtha, nous passons au marché du village. Il n’y a pas beaucoup de légumes en plein hiver et les viandes sont toutes vendues vivantes. Heureusement nous avons l’épicerie à l’hôtel car au marché, on ne trouve rien pour un casse-croûte pour la randonnée.
Les hommes portent la kachabia (mateau en dialecte tunisien), un manteau traditionnel en laine assez grossière pour l’hiver.
On voit très peu de voitures ici.
Tour et ascension de la Table de Jugurtha
La Table de Jugurtha est plateau rocheux (mesa) de 80 hectares, à une altitude de 1255 mètres. Ses falaises, tombant à pic, ont fait de ce lieu un refuge idéal pour échapper à l’ennemi. Son accès n’est possible que par la face Nord, par un chemin étroit, creusé dans une faille. Des traces de sabots sont encore visibles sur ces pierres. Tout indique que ce lieu était une cité primitive. On y découvre des galeries utilisées comme greniers, des restes d’habitations, une fortification, des bassins creusées dans la roche pour retenir l’eau de pluie et une végétation suffisante pour nourrir le bétail. Tout laisse penser que l’homme peut y vivre en autonomie durant une longue période. Le roi numide Jugurtha résiste ici aux Romains. Il s’y réfugie avec son armée vers 107 avant notre ère. Le siège a duré des mois sans que Marius, chef de l’armée romaine, puisse atteindre le haut du rocher.
Au village, on nous dit que nous trouverons facilement l’accès pour monter à la Table de Jugurtha. Prenant la mauvaise direction, nous finissons par en faire le tour entier, mais n’en regrettons rien.
Longeant la Table de Jugurtha par le nord nous passons près ce cette cheminée. Bien que faisable avec du matériel d’escalade, nous cherchons plus loin. En effet quelques pas plus loin l’accès est plus facile, on aperçoit encore des marches et des citernes en haut du plateau.
À droite la vue vers l’ouest et donc vers l’Algérie.
A l’est et au pied de Table de Jugurtha se trouve cet abri creusé dans une roche massive. On trouve dans ce bloc de pierre un chambre avec une porte et un trou servant de cheminée.
Le soir, nous resterons une deuxième nuit dans le village paisible de Kalaat. Les chambres sont très correctes, mais il y fait 5°C le soir et sans doute moins la nuit. Mais nous avons assez de couvertures pour nous, en plus de nos sacs de couchage grand froid. Nous passons finalement assez de temps dans les chambres d’hôtels car le soleil se couchant assez tôt en février.
No Comments