Venant de Tyros, nous devons passer par le village de Leonidio pour aller dans les gorges avec deux monastères. Nous suivons les indications qui pointent à travers le village. Aux heures de midi, tout le monde est sur pied et toutes sortes de véhicules sont garés sans plan précis. Il reste une voie, mais ce n’est pas un sens unique. Certains grecs considèrent qu’une plaque étrangère correspond à une perte de droit et de priorité sur la route. Ils sont alors étonnés que l’on fait valoir ses droits dans le sens qu’ils entendent, mais s’y rangent finalement.
Le pays très escarpé à l’arrière de Leonidio est formé de gorges dignes du Verdon. Elles sont ramifiés, ce qui donne une impression de dédale.
Monastère d’Agios Nikolaos
Dans les parois calcaires verticales des gorges se trouvent cachés deux monastères hauts perchés. Le premier, Μόνη Αγίου Νικολάου Σιντζας (Monastère d’Agios Nikolaos Sintzas), est accessible uniquement par une piste chaotique impossible pour notre Renault Trafic et très fade en randonnée. Nous regardons d’en bas et continuons donc plus haut. On le distingue à peine and le vallon verdoyant sur la rive droite de la rivière Dafnon après la sortie de Leonidio, On a théoriquement une bonne vue du Μνημείο πεσόντων Λεωνιδίου (Monument aux morts de Leonidio) qui ressemble à un reste de moulin à vent. Nous passons ici à midi et au milieu de l’après-midi et les condition lumineuses sont impossibles pour prendre une photo du monastère.
Monastère Elonis
Le Μοναστήρι Eλώνας, Ελώνα (Monastère Elonis, Elonas) est accessible en voiture. Nous laissons quand même notre Trafic au bord de la route et montons les quelques 250 mètres à pied. Le monastère se visite à des heures changeantes contre offrande. On visite les galeries menant aux cellules et l’église qui est tenue très sombre. Nous y voyons le seul moine, il surveille les visiteurs et peut entendre si on laisse une aumône en sortant. Pourtant c’est un monastère de sœurs, dont quatre vivaient ici en 2001. Pourtant, nous ne visitons le monastère qu’avec des touristes non grecs. La vendeuse de miels et d’épices sur le parking l’a bien compris et vend au moins un pot de miel à tout le monde qui passe, nous compris.
On ne reçoit aucune explication sur place, les divers panneaux sont tous en grec et semblent contenir plutôt des avertissements ou des interdictions.
La construction de l’église du monastère date de 1809, comme en témoigne une inscription au milieu de l’entrée. Elle a été construite sur les fondations du bâtiment de l’église précédemment détruit par les Turcs et elle est plus grand que le bâtiment précédent. Elle n’a pas de dôme et pas d’images de saints. Son iconostase est sculptée dans du noyer. Sur le plafond se trouvent des peintures représentant à la fois l’Ancien et le Nouveau Testament. Le clocher a été construit en 1833.
Les gorges autour du monastère sont vierges de constructions, il y a pourtant une route désormais. En bas la vue vers l’est.
La vue vers le nord-ouest.
L’histoire du monastère commence en 1300. Des bergers ont vu une lumière dans un endroit inaccessible sur la falaise. Cette lumière, selon la légende, émanait d’une lampe à huile allumée devant une icône de sainte Panagia. L’évêque a chargé deux ermites de la région, Kallinikos et Dositheos, de s’installer sur le site où ils ont ensuite construit un petit monastère avec deux cellules. Les deux ont été tués par deux voleurs turcs. L’un des voleurs a été aveuglé par une lumière brillante émanant de l’icône alors qu’il tentait de voler le monastère. Les voleurs se sont repentis, les habitants du village voisin de Kosmas ont prié pour eux et l’aveugle a retrouvé la vue. Plus tard, les voleurs auraient acquis des positions influentes en Turquie et promu le monastère et le village. Dans la période qui a suivi, le monastère a prospéré, attirant un grand nombre de pèlerins et de donateurs. Après la révolte d’Orlov de 1770, les Turcs ont dévasté le Péloponnèse en représailles. Le monastère est incendié et pillé, les moines tués. Le monastère a été reconstruit dans la décennie suivante.
Dans la première décennie du 19 siècle, le monastère connaît une importante période de prospérité. Une nouvelle église a été construite, ainsi que quelques bâtiments de ferme, dont certains sont encore intacts, même après la percée d’une route. L’apogée du monastère a incité le patriarcat œcuménique de Constantinople à faire du monastère le monastère de Stauropegia, un monastère relevant directement du patriarcat et non de l’évêque. Ce succès entraîne l’octroi de nombreux privilèges par décret du sultan, mais aussi une taxe annuelle que le monastère devait verser au patriarcat. De cette façon, la menace d’expropriation des biens du monastère a été évitée.
Le monastère d’Elonis a également joué un rôle important dans la guerre d’indépendance grecque de 1821, qui est également spécifiquement attestée dans un document du Sénat du Péloponnèse de 1823. Sous le règne du roi Othon de Grèce (1832-1862), le monastère est brièvement dissous dans le cadre du décret de sécularisation de 1833, mais fut ensuite classé comme digne de conservation. C’était un monastère masculin jusqu’en 1971 et a été converti en monastère féminin en 1972.
Le site aussi est décrit en vidéo:
Nous continuons d’explorer les gorges par la suite.
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