Après une longue route par divers cols, nous arrivons vers un autre but majeur de notre voyage en Grèce. On avait des projets de randonnée autour de la petite presqu’île de Monemvasia, mais un fort vent nous oblige à rester sagement au sud du rocher et majoritairement intra muros. Voyons d’abord le rocher en venant du nord. On ne voit des maisons que sur la terre ferme.
On s’y rend par une route qui occupe tout l’isthme reliant Monemvasia au Péloponnèse.
Nous nous garons sur le grand parking sur l’isthme alors que la route avance encore d’un kilomètre vers la ville. Cette route sert aussi de parking à ceux qui espèrent y trouver de la place. Cela génère en tout cas beaucoup de circulation inutile. Le sentier pédestre au-dessus de la route est barré en mai 2022 pour des raisons que nous n’arrivons pas à déchiffrer. Nous arrivons donc ventés et transpirants à la porte ouest de la ville fortifiée.
Monemvasia se distingue par une organisation tripartite de ses fortifications. Au point le plus élevé se trouve la citadelle (ville haute) avec deux rangées de murs défensifs. Le mur intérieur complète la fortification naturelle de la ville haute la sécurise aux points vulnérables contre les attaques ennemies. L’enceinte extérieure protège la ville basse sur trois côtés. Les murs sont surmontées de mâchicoulis et ont des petites ouvertures de fusils et des emplacements de canons. Il y a des tours à intervalles réguliers le long du mur, des postes de garde et bastions, pour assurer la défense la plus efficace. À l’intérieur des murs se trouve le déambulatoire, qui facilitait le déplacement des soldats. La première phase de construction des fortifications est datée de l’époque byzantine. Des interventions y ont été faites pendant les périodes de domination vénitienne et turque, afin de les adapter aux nouveaux besoins défensifs imposés par l’utilisation des armes d’artillerie. La ville communique par terre et par mer grâce à des portes ouvertes dans les remparts. Dans la basse ville, quatre portes sont conservées, tandis que dans la haute- ville se trouve la porte centrale, accessible par un chemin pavé fortifié avec chicane. La citadelle conserve la porte ouest, qui est liée à l’ascension sinueuse d’origine vers la haute ville.
La porte ouest est étroite et agencée en chicane. On peut monter sur le bastion pour avoir une première vue sur les maisons intra muros.
Tout de suite après la porte est se trouve la première bifurcation car plusieurs ruelles parallèles permettent d’explorer le village. Tous les locaux au rez-de-chaussé sont voués au tourisme, on ne trouve que des bars et des ventes de souvenirs chinois. Les autres étages sont soit des locations (souvent AirBnB) ou carrément abandonnés. Rares sont les maisons vraiment rénovés. Plus on monte, plus on passe des ruines. C’est aussi le cas de la zone au nord-est.
Nous prenons la route montante et aboutissons sur la place centrale de la citée et sur le parvis de l’Église Elkomenos Christos.
C’est une basilique à trois nefs avec dôme, avec trois absides semi-circulaires à l’est et un narthex voûté à l’ouest. À l’intérieur de l’abside du sanctuaire se trouve un synthronon avec le trône épiscopal au milieu. La forme architecturale actuelle de l’église est le résultat d’interventions à différentes époques. La phase de construction d’origine date très probablement de la période paléochrétienne (6e au 7e siècle de notre ère). La chapelle latérale de Saint-Jean, incorporée dans le côté sud de l’église, date du 11e au 12er siècle. En 1538, le dikaiophylax (secrétaire ecclésiastique) Georgios Kougydas fait construire les contreforts à l’extérieur du mur sud. Le dôme et le narthex ont été ajoutés en 1697. Au cours des siècles suivants (18e au 20e siècle), des réparations ont été effectuées et le clocher nord-ouest a été érigé. L’église a été dépouillée de ses icônes mobiles et de ses trésors (keimelia) à plusieurs reprises. L’empereur Isaac II Angelos (1185-1195) a enlevé l’icône du Christ Elkomenos sur le chemin du Calvaire et l’a emmenée à la chapelle St. Michael de Sthenia à Constantinople. L’intérieur de l’église est aujourd’hui orné d’icônes post-byzantines mobiles (17e au 18e siècle).
Plus haut se trouve l’Église de Panagia Myrtidiotissa, c’est celle visible en haut avec le dôme blanc. Cette basilique à nef unique est construite dans la deuxième période de la domination vénitienne (1690-1715). Le culte de la Panagia Myrtidiotissa est associé à l’île de Cythère, qui entretenait des relations commerciales et culturelles avec Monemvasia. Selon la tradition locale, l’église a été fondée au 17e siècle par l’évêque de Cythère à Mondemvasia, Philotheos Darmarios. L’église est également connue sous le nom de Panagia Kritikia (Vierge crétoise) car elle se trouve dans le quartier où se sont installés les réfugiés de Crète. La construction et la morphologie de l’église: baies rondes, forme du portail, façade à fronton, corniches décoratives, arcs légèrement en ogive, témoignent de l’influence de l’architecture occidentale. À l’intérieur, l’iconostase en bois sculpté et doré aux traits Renaissance prononcés du 16e siècle, appartenait autrefois à l’église du Christ Elkomenos.
Nous montons en direction de l’escalier dérobé vers le plateau de la presqu’île, il fait cependant trop chaud et nous craignons d’y être soufflés par le fort vent. Nous restons donc sous la falaise et avançons ici dans une zone bien moins courue par les touristes. Parmi les nombreuses ruines se trouvent aussi beaucoup de chapelles, comme celle ci-bas dont on ne connais même plus le nom. C’était une chapelle byzantine à nef unique, elle est intégrée à une maison à un moment tout aussi inconnu.
L’église Agios Spyridon n’est pas en meilleur état. C’est une église à deux nefs à l’époque byzantine. La deuxième nef a été ajoutée durant la période de la domination vénitienne (1690-1715). Des fragments de fresques murales sont conservés.
Au-dessus de nous est toujours la muraille de la ville haute (dont il ne reste que des ruines).
Même parmi les maisons en bon état se trouvent des ruines dont on ne voit l’état de désolation que d’en haut (en bas à droite).
Les bâtiments rénovés sont d’autant plus charmants sur le fond de la mer bleue marine.
La chapelle Agia Apostoloi est la plus haute sous la falaise. Cette petite église troglodytique est la plus simple forme d’un ermitage. Des fragments de fresques post-byzantines et deux graffitis du nom de Sveros, avec les dates 1713 et 1764, sont conservés à l’intérieur. Le Métropolitain de Philadelphie, Gabriel Seviros (1539-1618) était membre de la famille Sveros de Monenvasia.
La partie est intra muros est une zone vague où l’on reconnaît des restes de maisons.
Nous arrivons au mur d’enceinte est récemment rénové, nous en parcourons une partie. Ce mur oriental, segment de l’enceinte fortifiée de la ville basse, est un mur défensif rectiligne, d’une longueur totale de 81 mètres. Toute sa longueur est parcourue par un parapet à merlons et emplacements de canons. Intérieurement, le mur porte un chemin de ronde à gradins pour faciliter les déplacements des défenseurs et l’accès à l’étage supérieur de la tour. Au milieu de l’enceinte orientale des fortifications, s’ouvre une porte en plein cintre délimitée par un cadre rectangulaire. Au sud, il y a une petite tour-porte en forme de dôme avec des ouvertures cintrées pour faciliter la surveillance de l’étendue maritime. À un niveau inférieur, il y a une deuxième ligne de défense avec deux postes de canons et un emplacement pour les petits canons. À son extrémité nord, il se trouvent une tour et un bastion défensifs à deux étages, cités comme Posto di San Rocco dans les documents vénitiens de l’époque. Il comporte deux embrasures de canon. Les fouilles le long des pentes des fortifications ont révélé des données importantes relatives au réseau d’urbanisme de la ville et ses structures défensives à la fin de l’époque byzantine. À l’extérieur, il y a des vestiges structuraux d’un réservoir d’eau ainsi que des piliers datant du mur défensif d’origine. À l’intérieur, les éléments suivants ont été révélés: les ruines d’une église, les rues pavées, une citerne en forme de dôme en trois parties et des fondations de bâtiments. Les données mises au jour permettent de conclure que les fondations du mur oriental ont été érigées sur des fortifications plus anciennes de la ville, dans le cadre des travaux de reconstruction défensive réalisés par les Ottomans à Monemvasia au 17e siècle. Au cours de la deuxième période de la domination vénitienne (1690-1715), le bastion a été ajouté dans l’angle nord-est du mur, d’importantes réparations ont eu lieu (surélévation de la rocade, colmatage des embrasures des canons, crépissage des façades).
À l’est se trouve une autre porte ouverte. Elle nous permet de rejoindre le Φάρος Μονεμβασιάς (Phare de Monemvasia). Il date de 1896 mais il tombe en ruine dès les années 1990. Il est remis en état et réactivé en tant que phare en 2015.
Nous revenons ensuite intra muros et restons près du mur sud et du rivage pour revenir vers l’ouest.
On arrive à une autre grande place.
L’escalier se voit mieux avec un peu de recul.
L’église Chrysafissa semble fraîchement rénovée et forme un beau contraste face à le mer bleue et les maisons couleur roche.
Nous continuons donc vers l’ouest.
Les zones en ruines se trouvent aussi dans la partie sud et près du centre.
Les espaces verts sont sans doute aussi des espaces laissés libres par des maisons écroulées.
Encore une église inconnue. Cette édifice religieux byzantin à nef unique est construit au début du 12e siècle sur le modèle d’une église antérieure. Des traces de peintures murales et d’un dallage en opus sectile sont conservées à l’intérieur. Le templon en marbre du début du 12e siècle est exposé dans le bâtiment de la Collection Archéologique.
Vues retour sur Monemvasia
Nous revenons sur nos pas nous traversons le village sur la ruelle la plus basse non sans nous perdre dans des culs-de-sac. Il nous reste de la route à faire vers le bout de ce « doigt » du Péloponnèse, mais nous voulons encore avoir une belle vue retour sur Monemvasia de la côte. Le village n’est pas visible de la terre ferme au sud, il est trop orienté vers l’est pour cela et plus on avance vers le sud, plus la côte recule vers l’ouest. Divers points de vue et plages ne permettent pas de voir le village. Notre premier arrêt est après le port et à la hauteur de la station d’épuration, mais le village reste caché. La position avait vraiment pour but de rester à l’abri des vues de la terre ferme.
Environ cinq kilomètres plus loin, nous nous arrêtons au mini-marché d’Anastasakis pour remplir nos stocks en légumes, en boissons et en petits gâteaux. Nous voyons alors que nous sommes désormais dans le bon axe pour voir la cité de Monemvasia. Il ne reste plus qu’à trouver un endroit ouvert un peu plus loin. Ce sera une aire vague en bord de mer entre deux maisons aux coordonnées GPS 36.64774, 23.02748 peu avant le village de Ξιφίας (Xifias). Avec des boissons fraîches de la superette un peu plus loin, nous passons ici un bon temps lors d’une pause avec la vue sur la presqu’île de Monemvasia et son village.
La ville bien intéressante est aussi décrite en vidéo sur notre chaîne:
Nous cherchons maintenant un emplacement légal au sud de l’index du Péloponnèse.
No Comments