Le musée viking de Borg sur les Îles Lofoten

C’est notre dernier grand site visité durant notre temps basé dans la maison louée aux Îles Lofoten. Nous venons de la Plage de Unstad où des nuages sont apparus, mais ici le soleil est de retour.

Le musée est très moderne et saisonnier. Beaucoup d’activités ne sont possibles qu’en été et nous sommes ce 16 septembre 2022 définitivement dans la basse saison. C’est peut-être pour cette raison que nous avions vu le navire viking reconstruit Lofotr à Ballstad cinq jours plus tôt. Ces activités sont avant tout tournés vers les (jeunes) enfants, c’est peut-être mieux que nous n’y sommes pas forcé. Le problème: sans ces activités, le musée ne consiste en gros que par la grande maison longue.

Habit de viking. Photo © André M. Winter

Il y a certes une salle d’exposition de trouvailles archéologiques du site, mais celles-ci sont très maigres. Les pièces exposés sont numérotés, on peut écouter une explication sur son portable grâce à une page web disponible uniquement localement sur un réseau wifi spécial. Hormis les quelques pièces exposés, on trouve aussi une salle où est montré un film épique et théorique du lieu qui est placé dans la période de migration vers l’Islande vers l’an 600 de notre ère. On voit un groupe partir, mais aussi revenir ici.

La salle d’exposition est en tout cas très sombre.

Contrairement à leurs représentations actuelles, les vikings ne portaient pas de casques et surtout pas avec des cornes. Ceux visibles plus tard sont d’ordre décoratif. L’habit reproduit est basé sur un cadavre d’homme trouvé dans une tourbière et dont les vêtements étaient encore en assez bon état.

Mais sinon, les vikings utilisaient peu de métaux durables, peu de verre et surtout du bois dont il ne reste pas grand chose.

Objets de pêche: hameçons et lests. Photo © André M. Winter

Débris de verre avec décoration de feuilles d’or du 7e siècle. Photo © André M. Winter

Gullgubbe pièce d’or battu. Photo © André M. Winter

Gullgubber sont des objets d’art, des amulettes ou des offrandes trouvés en Scandinavie et datant de l’âge du fer nordique. Ils sont constitués de fines pièces d’or battu, de petite taille, généralement entre 1 et 2 cm². Ils étaient le plus souvent estampillés d’un motif, et sont les plus anciens exemples de toreutique en Europe du Nord. Ces objets datent de la fin de l’âge du fer. Plus précisément de la fin de l’âge des migrations jusqu’au début de l’âge viking, en particulier ce que l’on appelle en Norvège, l’ère mérovingienne ou en Suède l’Âge de Vendel, qui s’étend de 550 à 800 de notre ère. Cependant il peut être difficile de dater ces objets. En effet, ils ont souvent été trouvés dans des contextes qui ne permettaient pas la datation ou dans lesquels ils n’ont pas été datés. Il semble probable qu’ils aient remplacé les bractéates, qui nécessitent beaucoup plus de métal, après que l’obtention d’or de l’Empire byzantin soit devenue difficile. Source: Wikipédia.

Restes d’un navire viking. Photo © André M. Winter

Après la salle d’exposition, on passe vers l’extérieur et on monte vers la maison longue reconstruite sur la base des fouilles juste à côté. La maison actuelle se voit de la route, la maison à l’emplacement initial resterait cachée.

Maison longe à trois nef de Borg. Photo © André M. Winter

Plan de la maison longue viking et des fouilles à Borg

Les fouilles archéologiques entre 1983 et 1989 on relevé les vestiges d’une maison longue à trois nefs qui avait deux périodes d’habitation entre 500 et 950 de notre ère. La maison est bâtie vers 500 lors de la période de migration vers l’Islande et le Groenland. La ferme-musée de Þjódvelðisbærinn en Islande est très semblable: sans fenêtres et uniquement des puits de lumière servant en même temps de cheminée.

Elle avait alors une longueur de 67 mètres. Vers 700, la maison est agrandie des deux côtés pour atteindre 83 mètres de longueur totale. C’est la plus grande maison connue de l’époque viking. Cette maison  était divisée en cinq chambres: la chambre d’habitation, le vestibule, la salle de banquets, la réserve et l’étable. Les quatre premières sont reproduites dans la maison reconstruite à côté du site archéologique.

Les pièces de bois (en rouge sur le plan) indiquent la position des piliers et la division des chambres. Le mur de terre indique les murs extérieurs.

Zone réelle de la position de la maison longue viking de Borg. Photo © André M. Winter

Nous entrons dans la longue maison par la porte ornée sur le côté sud-est. Les chambres se reconnaissent grâce au mobilier, mais malheureusement, il n’y a ici aucune explication et l’audioguide ne couvre pas cette partie du musée. Il nous semble que beaucoup d’ateliers et d’activités se tiennent ici en été, mais ainsi vide de vie, c’est assez décevant. On ne trouve aucune explication sur la méthode de construction de la maison ou sur les objets exposés. Certains semblent authentiques, d’autres sont très clairement imaginées. On peut se demander si on ne perpétue pas ainsi des faux clichés.

Après la sortie, on contourne vers le rivage du plan d’eau Innerpollen. Il est relié par Ytterpollen à Mjåsundet et ainsi à la côte nord des Îles Lofoten. Ces passages sont étroits et truffés d’écueils, de rochers et de bancs de sable. C’est donc un mouillage très protégé, mais aussi difficile dans la vie de tous les jours. Il est peu pensable que les vikings installés ici sortaient régulièrement par cette voie en mer.

Carte OpenTopoMap du musée viking de Borg avec notre tracé

Il faut d’abord monter un peu, on voit alors bien retour sur la maison longue.

La maison longue viking de Borg et les montagnes de Vestvågøya. Photo © Alex Medwedeff

La maison longue viking de Borg et les montagnes de Vestvågøya. Photo © André M. Winter

À l’aller, on passe à gauche de l’église moderne de Borg, au retour on remonte à droite de l’église.

Innerpollen, Borge Kirke et Handbergstinden. Photo © Nicolas Medwedeff

Au bord de Innerpollen est aménagé un quai. On y trouve deux petits bateaux.

En 2006, le musée a acheté une réplique polonaise du navire Gokstad. Ce navire avait été trouvée dans le fjord d’Oslo et avait été daté à 900 de notre ère. Il se trouve maintenant au musée des navires viking à Oslo. Le copie a été construite en 2000 et fait 65% de la taille du navire Gokstad original. Il s’appelait alors le «Jomsborg», mais a reçu un nouveau nom à son arrivée aux Lofoten. Vargfotr est décoré de couleurs vives et est un spectacle impressionnant à la voile ou à la rame.

Trois bateaux plus petits datant d’environ 850 ont été retrouvés le long du navire de Gokstad. Femkeipingen est le plus grand de ces petits navires et mesure environ 10 mètres de long. Le mot Femkeiping signifie que le bateau est équipé de 5 paires de rames (keiper). Un projet impliquant la construction d’un femkeiping à utiliser à Borg a été lancé en janvier 2002. Le bateau a été construit à grande échelle et du bois de chêne a été utilisé comme pour l’original. Un savoir-faire considérable est nécessaire pour fabriquer une telle réplique, étant donné les larges virures du navire qui peuvent être aussi petites que 12 mm d’épaisseur. D’autres répliques ont montré que ces bateaux peuvent être ramés très rapidement, et c’était aussi notre expérience. Le bateau est également adapté à la navigation lorsqu’il est gréé d’une simple voile carrée. Le projet a été mené par le constructeur de bateaux local Frik Harald Bjerkli.

Deux færings (bateaux à quatre rames) trouvés mesuraient huit et 6,5 mètres de long. C’étaient des bateaux plus légers utilisés avec le navire Gokstad. Basé sur le concept de « bateaux suiveurs » mentionné dans les sagas, ceux-ci étaient probablement remorqués derrière le navire principal. Lorsque les bateaux ont été découverts, ils avaient été découpés en pièces et il a fallu beaucoup de temps aux archéologues pour reconstituer toutes les parties du petit bateau et du plus grand.

Le grand absent ici est le navire Lofotr qui se trouve en septembre 2022 dans le port de Ballstad. Nous l’y avons vu quelques jours plus tôt sans connaître les raisons de ce déplacement. Voici deux photos du navire là bas.

Derrière le quai sur Innerpollen se trouve un hangar de bateau au sec. On peut y faire entrer les navires sans mât en les roulant sur des rondins de bois. Il est vide, on y a cependant étendu des voiles.

La reconstruction du hangar à navires est basée sur une fouille archéologique à Rennesøy dans le sud-ouest de Norvège. Sa largeur à la mesure du navire Lofotr pour son abri d’hiver.

Hangar à bateau viking à Borg. Photo © André M. Winter

Hangar à bateau viking à Borg. Photo © André M. Winter

Innerpollen. Photo © André M. Winter

Sur le chemin du retour, nous passons près de la forge viking. Elle est basé sur les vestiges d’une forge trouvée au nord de la Suède. Une partie de la charpente en bois avait été carbonisée, ce qui l’avait conservée pour la postérité. En Norvège, peu de fouilles ont permis de découvrir des bâtiments de forge datant de l’âge du fer. On sait toutefois que les forges étaient des petites bâtiments, construits à une certaine distance des fermes en raison des risques d’incendie. D’ailleurs, en septembre 2022, le bâtiment principal de la forge de Borg avait brûlé.

Ils étaient construit de trois murs de tourbe et de pierres, alors que le quatrième, un mur à pignon, était en bois. Parfois, comme c’est le cas pour le peuplement viking de l’Anse aux Meadows, Terre-Neuve, la forge était en partie construite à flanc de colline, ainsi que nous avons choisi de faire la reconstruction.

Forge viking à Borg. Photo © André M. Winter

En revenant vers le musée, nous repassons près de la maison longue que nous regardons encore en détail des deux côtés.

Maison longe viking à trois nef de Borg. Photo © Alex Medwedeff

Face nord-ouest de la maison longue viking de Borg. Photo © André M. Winter

En sortant, nous passons dans le magasin du musée où se vend du bric-à-brac fabriqué en Chine. On certes faim, mais la cafétéria ne nous tente pas, on préfère renter pour prendre le café. La fin de la journée consiste surtout à ranger la maison. C’est à dire de tout remettre en place et de mettre déjà un  maximum de choses dans la voiture pour le départ demain matin. On n’a pas beaucoup de route à faire, on fait encore divers arrêts dont le premier à Grimsøy.

No Comments

Leave a Comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.