Démarrer le vlogging de voyage ?

Ayant visionné des reportages des Routes de l’Impossible de TV5, Youtube nous a proposé des vidéos de vloggeurs et de vloggeuses décrivant leurs voyages au long cours. Mettant de côté notre intérêt tout particulier pour ce type de voyage avec son propre véhicule, c’est quand même la méthode et la technique du blog vidéo qui nous a captivé au point de vouloir nous y mettre aussi. Partant du statut de photographes assez expérimentés, nous nous sommes cependant vite rendu compte du grand nombre d’obstacles à franchir et du long temps d’apprentissage pour arriver à des résultats présentables. Nous précisons qu’il s’agit d’une analyse théorique des besoins sur la base des vidéos de “travel-vlogs”, nous avons juste commencé de faire des vidéos sans être en mesure de conter ainsi notre savoir. C’est donc sous forme d’un blog écrit et non pas en vlog que nous vous présentons nos conclusions.

En nous basant principalement sur des vlogs de voyage de 2019 (présentés en bas),  nous tentons de tirer des conséquences pour ceux qui veulent débuter un vlog.

Pour l’hébergement des vidéos, nous ne traitons ici que Youtube du fait de sa prédominance sur le marché et de l’effet de communauté qui y permet d’agrandir son audience. En principe, Dailymotion est comparable, mais avec une audience réduite. Les sites Vimeo et Alugha sont gratuits dans le leur version de base, mais elle est notre avis trop limitée pour un grand nombre de vidéos. Dépassant ces limites, les prix mensuels sont assez élevés, Alugha limite même la bande passante en sortie.

Conditions essentielles pour démarrer un vlog performant

Le thème du voyage

Vu le succès de certains blogs ou vlogs, à priori le thème du voyage et donc la destination n’ont pas d’importance primordiale. Il s’agit aussi d’une mise en scène du cadre et de soi. Bien sûr, il sera plus facile de présenter des destinations vendeuses et originales que la banlieue défavorisée de Paris. Mais il est aussi possible de piocher dans les thèmes moins courants, voire difficiles. Dans ce cas, il faudra faire plus de recherche en amont. Un exemple de spécialisation sont les explorations urbaines de lieux délaissées (Urbex).

Si on couvre des thèmes très différents, il vaut mieux scinder les chaînes. Ainsi on peut très bien combiner la “vanlife” et la gastronomie dans la vie réelle, mais cette combinaison de thèmes ne couvre pas une même grande audience de passionnées. Combiner le voyage  et son véhicule (ce qui se fait souvent) peut être problématique: visionnant un vlog sur un voyage en Asie Centrale avec des superbes vidéos d’Ouzbékistan, on s’intéresse peut-être moins aux déboires que l’on peut y avoir en y roulant en mobylette, sachant que l’on roule en van aménagé. Il faudra faire bien la part des choses, il faut un thème principal (surtout), puis un peu de “vie” autour pour l’authenticité, mais cela ne devra pas dépasser 20% du contenu. Idéalement on place ces passages “légers” au début et à la fin des vidéos.

Extrait d’un motovlog, caméra sur le casque. Photo Wikimedia CCSA4 Tipikawa

Extrait d’un motovlog, caméra sur le casque. Photo Wikimedia CCSA4 Tipikawa

La mise en scène de soi

Vloggeur Charlie McDonnell. Photo Wikimedia CCSA2 CallyMc

Vloggeur Charlie McDonnell. Photo Wikimedia CCSA2 CallyMc

Il semble qu’il ne soit ni utile, ni possible de se cacher soi-même. Le plus simple est de se filmer soi-même dans un cadre quelconque. Le plus difficile est de filmer d’autres personnes dans un cadre naturel splendide. La limite de l’égocentrisme et de l’exhibitionnisme est assez vite atteinte.

Sous ce chapitre tombent aussi la jeunesse et le facteur “jeune femme blonde”. Il est indéniable que cela joue aussi, c’est évident dans l’exemple Itchy Boots. Le couple des Marioles Trotteurs est original dans ce domaine, Marion est bien belle et coquette, par contre son compagnon Anatole est plutôt l’ours mal léché. C’est aussi un peu le cas chez Herr Lehmanns Weltreise.

Cependant, André répondant lui-même plutôt à la caractérisation d’ours mal léché, il se dit que nous sommes tous comme tout le monde. Dégageons-nous de l’idée reçue d’un idéal purement optique ne répondant à aucune réalité ci-bas sur terre. Mal rasé, cheveux de travers? C’est comme ça que l’on sort d’une tente ou du van le matin!

Montrer toute sa journée?

Les vlogs de voyage actuels, surtout ceux à moto avec une grande cadence de mise en ligne, opèrent souvent sur le schéma de tout montrer: la chambre d’hôte, le repas, les discussion avec les habitants, ils filment même leurs passage en douane et les agents. Nous dissocions cela de la “mise en scène de soi” parce que l’on peut documenter tout ce que l’on voit et ce que l’on fait sans être tout le temps au centre de l’image. Il faut reconnaître que cela apporte un effet de vécu en direct, on part embarqué  avec le vloggeur ou la vloggeuse, on y est vraiment. Cela permet aussi d’avoir quelque chose à montrer tous les jours, car on déjeune forcément tous les jours. Cette méthode reprend aussi un peu le schéma de certaines séries télé et cela explique peut-être un peu le succès. Le vlog moto de Pedro Mota y excelle jusqu’à l’excès et c’est aussi la preuve que cela marche en tant qu’ours mal léché.

Le caractère répétitif et ostentatoire va cependant lasser, car on retombera forcément sur les blagues et les mêmes coups de gueule quelques numéros de vlogs plus loin. Au lieu de passer un temps fou à toujours placer sa caméra à toutes ses actions et à devoir couper et améliorer ces scènes pas forcément cinématographiques, on trouve que l’on devrait investir plus dans la qualité des prises de vues avec un vrai contenu de voyage (les lieux en soi donc) et de fournir un contenu informatif approfondi.

Le matériel vidéo

Certains exemples le démontrent, un téléphone portable suffit théoriquement. Cependant, partant de la prétention d’un photographe, les prémisses en ce sens seront un peu plus poussés. Il faut retenir que l’on voyage et même un cinéaste devra faire attention au poids et au volume du matos. Dans ce sens, l’équipement des Marioles Trotteurs avec deux caméras de petite taille, divers objectifs et un drone semi-professionnel me semble l’approche la plus prometteuse.

Grand angle et zoom

En filmant à main levé, on agira de préférence avec des optiques lumineuses de très grand angle. Le champ de focalisation est plus grand, il est possible de se mettre en scène soi-même sans que sa tête remplisse tout le cadre et l’effet de bougé sera toujours amoindri. Il n’y a qu’à faire l’essai sur un même parcours à main levée avec un objectif grand angle et un objectif zoom, le grand angle sera toujours plus potable. Le grand angle permet aussi de zoomer dans les vidéos en post-traitement. Un téléobjectif sera toujours à mettre sur un trépied en filmant, sauf éventuellement pour des très courtes séquences.

Stabilisation et mise au point continue

Pour faire des vidéos où la caméra elle même est en mouvent, donc hors trépied, deux facteurs sont importants: la stabilisation et le mise au point continue. Contrairement à la photographie, c’est la mise au point continue qui est plus importante que la stabilisation. Pourquoi? La stabilisation mécanique du boîtier et/ou de l’objectif fait des toutes petites corrections de bougé quand on prend des photos. Il s’agit donc par exemple du bougé dû au fait d’appuyer sur le déclencheur. Ce sont des distances de correction beaucoup plus petites que lorsque l’on tient une caméra à la main pour filmer. Ces sauts ne sont corrigeables que par un logiciel (à la volée avec GoPro) ou matériellement avec un montage gimbal (stabilisation externe à trois axes motorisées). Une grande partie du bougé peut être corrigé en post-traitement.

Par contre, une mise au point continue rapide aide beaucoup pour faire des passages sur des plans rapprochés dans la même séquence. Des caméras DSLR des années 2015 moyenne gamme et aussi les caméras plus petites de ces années-là ont un focus beaucoup trop lent. De plus, les microphones internes enregistrent très souvent les moteurs de mise au point, il faut donc utiliser un microphone externe, ce qui n’est pas toujours possible sur les petits appareils.

Il ne faut pas croire que l’on peut aisément faire la mise au point manuellement lors d’un mouvement manuel de la caméra qui filme des plans différents. D’une part, tourner la bague sur l’objectif engendre un bougé en plus, d’autre part on n’a pas de repère pour vérifier la netteté. En effet, on ne peut pas regarder par le viseur, la séquence filmée est uniquement affichée sur l’écran sur des DSLR. Sachant qu’en voyage, nous opérons en extérieur, il est évident que même avec un écran orientable une mise au point visuelle ne sera pas facilement possible. C’est donc toute la différence d’un travail avec un trépied dans un studio. La seule solution est de prédéfinir quelques plans avec leur mise au point spécifique et de tourner effectivement la bague sur l’objectif. Cela requiert beaucoup d’entrainement.

Stabilisation 3D ou logicielle?

Stabilisation tris axes avec un gimbal
Grand gimbal. Photo Wikimedia CCSA2 Puramyun31

Grand gimbal. Photo Wikimedia CCSA2 Puramyun31

Un gimbal (mot anglais pour cardan) est un système de stabilisation d’une caméra externe à celle-ci. On trouve des modèles acceptables à partir de EUR500. Plus la caméra est grande, plus les bras du gimbal et l’ensemble sera grand. Le principe est une stabilisation sur trois axes avec des servomoteurs. Il faut donc une alimentation électrique à part pour ce système. La caméra reste bien dans la ou les dimensions que l’on fixe. Il y a cependant une autre contrainte: fixée sur un gimbal, on ne peut plus toucher au bagues de l’objectif pour faire des mises au point spécifiques, on bougerait trop l’appareil. Il faut faire cela avant. L’alternative est d’utiliser une mise au point télécommandé, mais là on arrive dans le cadre du matériel trop lourd, trop gros et bien plus cher.

Stabilisation purement logicielle sous GoPro

Beaucoup de vlogs utilisent la caméra d’action GoPro qui livre effectivement de bons résultats. Ces petits boîtiers sont assez chers, surtout avec tous les accessoires nécessaires qui vont autour. Ainsi la caméra de base ne dispose même pas de fixation standard pour un trépied.

Caméra d’action sur une moto. Photo Wikimedia CCSA4 Tipikawa

Caméra d’action sur une moto. Photo Wikimedia CCSA4 Tipikawa

La fluidité de mouvement n’est pas atteinte par une stabilisation mécanique dans le boîtier comme c’est le cas avec la plupart des caméras photo numériques, il y a une stabilisation logicielle. En effet, la GoPro est doté d’un fort processeur interne qui recadre d’extrait central pour effacer le bougé à la volée. C’est tout le problème de la technique: jusqu’à environ 1/8 de la surface est réellement coupée et perdue, tout le bord manque. C’est une grande aide pour un résultat rapide à main levé, mais c’est problématique quand on veut bien cadrer ses plans, on ne saura pas trop ce qui sera coupé, car rien n’est configurable en détail.

La GoPro est faite pour filmer en continu, mais en plus elle est gourmande en électricité. Il faut donc prévoir des piles additionnelles. Sachant que cette caméra ne sera qu’une option dans le cadre de productions de qualité, on peut se demander si l’investissement d’environ EUR700 (avec les accessoires nécessaires) est rentable et si le maniement d’un appareil supplémentaire apporte vraiment l’effet désiré.

Se passer de gimpal et de GoPro

Même si un système gimbal permet de facilement prendre des vues presque cinématographiques avec une caméra quelconque, nous pensons qu’il doit être possible de s’en passer avec une combinaison de méthodes. Celles-ci valent aussi pour se passer des appareils de type GoPro.

  • ne pas chercher à faire des séquences de vol planée avec la caméra à bout de bras et travailler avec un trépied ou un monopode en n’utilisant qu’un seul axe de rotation ou en modifiant la profondeur de champ ou le zoom.
  • commencer à s’entraîner à stabiliser la caméra en la tenant à deux mains et serrée contre le corps et en limitant les oscillations de la marche en s’abaissant dans les genoux.
  • utiliser un grand nombre d’angle de vue différents et en profiter durant le montage.
  • utiliser des séquences de route, mais ne pas simplement ajouter de la musique de fond mais plutôt un texte parlé avec du contenu relatif à ce que l’on voit.
  • penser aux formats différents: vues en drone, séquences timelapse etc.

Le drone

Ce sous-titre sans point d’interrogation affirme qu’un drone est obligatoire pour un vlog de voyage. Cela semble presque être ainsi, tous ceux que nous avons regardé dernièrement en utilisent, à faible dose cependant. Il est vrai que cela produit des plans incroyables, on peut ainsi mettre en scène son véhicule qui roule dans la région que l’on présente. Mis à part cet effet spectacle, un drone peut aussi apporter une vraie information supplémentaire en offrant une vue d’ensemble intermédiaire entre ce qui est visible sur des images satellites ou des photos aériennes et la vue du sol. La liste des points problématiques est cependant longue:

  • Le prix: sous EUR1000 tout compris, ces drones restent des jouets de moindre qualité.
  • Le risque de perte du drone est réel, surtout que l’on l’utilise en terrain non connu à l’avance.
  • C’est un autre appareil qu’il faut penser à recharger, il y a des cartes mémoires à fournir et ce sont des données supplémentaires à traiter.
  • Les droits d’utilisation sont très flous et les interdictions ont tendance à se multiplier. Au niveau national il y a des règlements visant souvent la taille du drone, le côté professionnel ou certains objets comme des sites militaires ou la vie privée des individus. Au niveau national il y a aussi des interdictions absolues dans certains pays d’Afrique ou d’Asie (l’appareil doit être laissé à la frontière ou scellé). Puis il y a des interdictions régionales ou locales qui sont souvent énoncées sur des sites touristiques.
  • Bien que la pub suggère la facilité d’utilisation d’un drone (qui est insinué par la caméra grand angle montée dessus), c’est un appareil qui exige un apprentissage en soi et qui est même plus exigent que la vidéo terrestre. On le pilote avec des manettes et un portable ou une tablette fixée dessus, on y est toujours soumis aux aléas de reflets et d’ombre parce que l’on agit en extérieur.

On peut se demander s’il est possible de se passer d’un drone avec un monopode, comme le démontre Olivier Schmidt sous Comment se passer d’un drone et d’une grue. Dans l’autre sens, nous nous demandons si on peut utiliser un drone comme caméra d’action à la main et de profiter de sa stabilisation de l’objectif. Apparemment c’est difficile parce que le gimbal des drones est trop sensible aux secousses, il est plutôt optimisé pour corriger les mouvements souples en l’air.

Petits drones de voyage DJI MavicPro et Ryze Tello. Photo Wikimedia CCSA4 SimonWaldherr

Petits drones de voyage DJI MavicPro et Ryze Tello. Photo Wikimedia CCSA4 SimonWaldherr

Miniaturisation?

Dans le théorie, nous nous interrogeons sur la possibilité d’utiliser une caméra miniature pour plus de discrétion, donc encore plus petites que GoPro et les semblables. On en trouve pour la surveillance, mais il faudrait tester leur qualité de l’image. Nous nous souvenons de la caméra sur lunettes de Nicolas Hulot dans Ushuaïa. Vu la qualité d’image de capteurs miniaturisés sur des drones, on pourrait en déduire que la qualité image des caméras miniature de surveillance ne sera pas à la hauteur d’une caméra DSLR ou de la caméra d’un bon portable.

Les caractéristiques des caméras

Cela pourrait être un très grand chapitre car il y a une grande quantité de caméras sur le marché. On va cependant se limiter aux caractéristiques des vidéos. On a fait des test avec diverses caméras et portables des années 2015, ils enregistrent à 2K maximum (1920 pixels en largeur) et avec un maximum de 30fps (images par seconde). C’est pas mal tel quel, mais ce n’est pas assez pour un bon post-traitement.

2K est la résolution de bon écrans et de bons vidéoprojecteurs actuels ou dans un futur très proche. Or, en enregistrant avec un grand angle, on aura tendance à zoomer lors du post-traitement dans certaines parties des clips. Avec 2K en entrée et 2K en sortie, tout zoom revient à une perte de qualité graphique. Filmant en 4K (ou un peu moins), il reste de la marge pour la stabilisation et le zoom si on vise une vidéo finale en 2K.

Avec 24 images par seconde on est à la limite inférieure de la fluidité de l’image pour l’œil humain. Notre caméra photo (Canon 700D) enregistre en 2K avec 25fps maximum, en 1K elle atteint 50fps. Beaucoup de portables filment avec 30fps et c’est toujours trop peu. Pourquoi faut-il en plus? Une plus haute cadence et le seul moyen de générer un ralenti fluide et limpide. Ces ralentis sont importants pour pouvoir varier les séquences, surtout en filmant des paysages ou des éléments naturels. Le ralenti sert aussi à atténuer ou même à rendre intéressant le bougé en filmant à main levé. À partir de 60fps il est possible de faire des ralentis utiles.

La caméra doit donc filmer en 4K et en 60fps au moins.

L’expérience vidéo

Comme pour la photographie, il faut avoir l’œil pour une bonne séquence vidéo, mais il faut aussi de l’expérience dans la façon de diriger une caméra. Tenir un téléphone portable tremblant à la main peut paraître authentique, mais cela manque gravement de qualité. Ce n’est guère mieux en tentant de diriger de manière fluide une grande et lourde caméra photographique numérique sans des prises spéciales pour la tenir.

Il faut donc s’entraîner avec son matériel. On peut certes apprendre sur le tas, mais une chaîne vlog est regardée par les abonnés assidus des débuts jusqu’aux dernières publications et si cette qualité diffère trop dans le temps, l’ensemble du vlog de voyage en souffrira. Avec le problème d’autonomie électrique évoqué plus haut, on fait aussi mieux de faire l’apprentissage par le “try and error” avant le départ.

Le logiciel de montage vidéo

Comme pour la photo, il n’y en a pas 36.000 de bons et de valables. Il n’y a rien de complet qui soit totalement gratuit. Tous ces logiciels exigent un long temps d’apprentissage. Au prix du logiciel, il faut parfois ajouter un prix pour des effets spéciaux et payer pour la musique de fond. Les Marioles Trotteurs donnent quelques explications pratiques ici: Comment on réalise nos vidéos sur la route?

Nous avons testé les logiciels suivants rapidement. Nous nous sommes donné trois objectifs à réaliser:

  1. Joindre deux séquences brutes (rushs) avec une transition, du son et une introduction avec du texte.
  2. Créer un time lapse à partir de photos statiques.
  3. Optimiser une séquence de dashcam avec beaucoup de vibrations.

DaVinci Resolve 15+

Logiciel DaVinci Resolve est professionnel, complet et il nécessite quelques heures à être maîtrisé. On y trouve quelques effet, des transitions vidéo et audio ainsi que des modèles graphiques prédéfinis pour des textes, mais pas de sons ni musiques. Tous ces effets sont présentés sous formes de listes sans aperçu. Beaucoup d’optimisations graphiques sont possibles, mais elles exigent des connaissances spécifiques pour en tirer du profit. Le logiciel est long à installer et il faut désélectionner pas mal d’options inutiles. DaVinci Resolve très exigeant envers l’ordinateur, l’interface d’édition peine sur une machine un peu vieille, mais les tâches sont exécutés correctement et résultat exporté est de qualité.

Il y a une version de base complète gratuite, les limites se trouvent dans des résolutions au-delà de 4K et 60fps en export. Il est possible de produire des vidéos utilisables avec cette version libre. La version pleine coûte EUR300.

  1. OUI. Joindre deux rushs et en faire une petite vidéo présentable est bien réalisable
  2. OUI. Si l’on importe des fichiers d’origine numérotés tels qu’ils sortent de la caméra, Davinci Resolve peut reconnaître des séquences unies et importer les photos en bloc dans dans la timeline. Mais toutes ne sont pas bien reconnues. Cela fait donc quelques images seules et quelques blocs de différente taille. En les ajoutant à la timeline, ces images et ces blocs reçoivent des longueurs différentes. Il n’est pas toujours possible de modifier la longueur correctement dans la timeline puisque l’on y a un mélange de photos statiques et de séquences déjà transformées en vidéo.
  3. OUI, il y a une stabilisation effective sous Étalonnage > Power Window > Stabilisateur. Dans la logique du logiciel cela se fait dans les réglages de détail après l’ajout à la timeline.
Capture d’écran de Davinci Resolve 15. Photo © André M. Winter

Capture d’écran de Davinci Resolve 15. Photo © André M. Winter

Vu que nous utilisons maintenant ce logiciel, nous avons pris des notes des premiers pas sous Davinci Resolve 15.

Filmora 9

Le logiciel Filmora est pour tout le monde et les débutants. Il y a beaucoup d’effets utiles et des transitions. Il  est facile à installer et fonctionne aussi correctement sur des ordinateurs un peu plus vieux. L’interface est facile d’approche, tous les effets de transition, les sons et des musiques libres sont présentes pour faire une vidéo présentable et complète. Les transitions et les effets sont affichés avec des icônes assez bien compréhensibles. La version libre exporte toutes les vidéos avec une énorme filigrane sur plus d’un tiers de la surface.

Il n’est pas possible de produire des vidéos utilisables avec la version libre! EUR60 pour la version utile, y compris les mises à jour.

  1. NON (OUI). Joindre deux rushs et en faire une petite vidéo est vite fait.
  2. NON (DUR). Le time lapse est réalisable mais c’est fastidieux. Les photos individuelles sont importés dans le bon ordre, on peut prédéfinir un temps par défaut avant de les introduire dans la timeline, mais le temps minimal est ici d’une seconde et pas au-dessous de cette valeur. Une fois dans la timeline, on peut certes définir des durées individuellement, mais seulement photo par photo, c’est impraticable avec une centaine de photos. En tout cas, nous n’avons pas trouve d’autre option que d’exporter la vidéo trop longue, de la réimporter et d’y changer la vitesse. Bien sûr, avec la filigrane énorme qui est ajoutée deux fois, le résultat est complètement fichu.
  3. NON (OUI). La stabilisation fonctionne assez bien avec une vidéo avec beaucoup de vibrations. Nous n’avons pas fait d’essais avec moins de vibrations à la base pour voir si le résultat est alors vraiment propre. Des sites discutant ce logiciel plus amplement prétendent cependant que la stabilisation est médiocre comparée à Adobe Premiere Pro.
Capture d’écran de Filmora9. Photo © André M. Winter

Capture d’écran de Filmora9. Photo © André M. Winter

Windows Photos 2019

Application gratuite sur Windows 10, c’est le successeur du Media Player. L’interface est extrêmement basique et le logiciel travaille bien sur des ordinateurs plus faibles ou anciens. On peut ajouter des titres et des textes en blocs indépendants et en surcouche, mais les durées et les arrangements sont très limités. Il y a quelques musiques de fond, elles se calent sur la longueur du clip, mais rien n’est configurable.

  1. LIMITÉ. Joindre deux rushs et en faire une petite vidéo est vite fait, mais il n’y a pas de transitions et il y a bien trop peu de configurations.
  2. NON. Le time lapse est réalisable mais c’est compliqué Les photos individuelles sont importés, mais pas dans bon ordre. La durée par défaut est de 3 secondes et il faudrait changer ceci à chaque photo individuellement. Comme il n’y a pas moyen d’éditer la vitesse, exporter et réimporter en tant que vidéo ne fonctionne pas.
  3. NON. Il n’y a pas d’option de stabilisation.
Application Windows Fotos 2019. Photo © André M. Winter

Application Windows Fotos 2019. Photo © André M. Winter

D’autres logiciels que nous n’avons pas pu tester convenablement:

  • Adobe Premiere Pro et After Effects: pour les expérimentés, beaucoup peut et doit être configuré individuellement, beaucoup d’effets doivent être construits cadre par cadre soi-même. Pas de version test. En gros, on paye EUR60/mois pour tout le paquet logiciel Adobe (ou le même prix pour les deux applications). Il y a uniquement des versions gratuites de 7 jours.
  • Avid Media Composer est un logiciel lourd avec une version gratuite qui devrait fournir des résultats corrects, mais l’enregistrement, l’installation et le maniement des fichiers sont incroyablement compliqués: un anti-virus réclame une vingtaine de fois des actions assez périlleuses comme la création d’utilisateurs. L’installation exige aussi des redémarrages de l’ordinateur, ce qui est très gênant. Il faut aussi s’enregistrer avant de pouvoir lancer l’application, Puis une fois fraîchement installé, avant de pouvoir démarrer, il faut faire une mise à jour. Bref, c’est long et inutilement compliqué. Une fois démarré, le logiciel ne lit pas directement les fichiers MOV, AVI et MP4. Nous abandonnons, la procédure de désinstallation est encore très longue, c’est vraiment minable.
  • Final Cut Pro est un logiciel semi-professionnel fonctionnant uniquement sous Apple, il y a une version test délestée valable 30 jours, après il faut payer au moins EUR300. Nous ne pouvons pas tester ce logiciel.
  • iMovie est un programme gratuit de base pour le grand public sur Apple. Nous ne pouvons pas tester ce logiciel.
  • Movavi: logiciel simple pour Windows et Apple pour au moins EUR50. Il y a une version test, mais le site n’explique pas en quoi elle est limitée, nous n’avons pas installé ce genre de “boîte noire”.
  • HitFilm Pro est destiné aux professionnels. Installation rapide, démarrage assez long. Une version test semble utilisable indéfiniment, après l’abonnement est d’au moins EUR10 par mois. Le programme ne démarre pas convenablement sur un ordinateur portable de 2012, donc pas de tests.
  • Edius: logiciel professionnel, il y a une version test valable 30 jours, après c’est au moins EUR600. Pas de test car à long terme trop cher.
  • Vegas: la version Movie Studio est simple et coûte EUR40, la version Pro est un logiciel professionnel à EUR600. Pas de versions pour tester en ligne.

Le son et le texte

Une vidéo est un montage audio-visuel, le son vient par son importance avant l’image. La raison se trouve dans notre cerveau: nous pouvons interpréter correctement une image de mauvaise qualité, mais nous sommes irrités et agacés quand nous entendons des sons grinçants, des musiques trop fortes, des micros sans protection au vent, etc. Il faut aussi se remettre en mémoire que l’information importante passe par la voix, la belle image ne remplace pas les faits.

Les vloggeurs et vloggeuses mettant leurs vidéos en ligne durant le voyage sont limités dans le temps et par la technique pour traiter leurs vidéos. Ils enregistrent donc le son directement avec la vidéo et ajoutent de la musique pour les passages montrant de la route ou simplement la nature. Pour parler le texte en “live”, il faut avoir certaines qualités de journaliste télé et on ne doit pas hésiter à papoter en tout lieu et devant tout le monde. Concrètement, on tient donc à la main une caméra avec un micro et on est bien visible et repérable ainsi. Mais en plus, on parle et on commente de manière directe ce que l’on voit et dans le cas idéal on interview aussi des passants. Cela revient à faire beaucoup de choses à la fois et dans un cadre exposé, voire peut-être hostile.

Il est aussi possible d’ajouter le texte parlé plus tard. Avantage: on connait le contenu vidéo et on a le temps de préparer son texte. Désavantage: il faut aussi le temps d’enregistrer ce son et le mixer de manière intelligente avec la vidéo.

On ne trouve pas bien de faire parler des jeunes enfants dans les vidéos, certains vloggeurs qui voyagent en famille le font. Cela se comprend mal. Puis est-ce que ces enfants trouveront cela bien quand ils seront plus grand? Deux exemples français (bien que les noms des vlogs soient en anglais) qui font majoritairement parler leurs enfants: Family on tracks et Raised On The Road.

Le contenu du texte parlé est aussi très important. Juste papoter passe parfois, mais la parole captive souvent plus que l’image. Les utilisateurs voudront aussi avoir des informations pertinentes, il ne suffira pas de lire les textes des panneaux dans les musées. En mode “découverte” on peut parler de ce que l’on voit, aussi sans grandes connaissances, mais en mode “expert” (que l’on est en tant voyageur), il faut aussi savoir caser de l’information de qualité. Dans la pratique, si l’on parle directement dans ses vidéos, il faut se renseigner avant de partir sur un site que l’on veut filmer et il faut aussi avoir toutes ces informations en tête.

Ayant fait quelques essais en filmant avec une caméra DSLR, de documenter ce que nous voyons en marchant, en parlant et en orientant la caméra et l’angle de vue, on peut dire que ce n’est pas évident du tout. Il y a le côté technique, le contenu de ce que l’on dit et il faut faire preuve de beaucoup d’assurance.

Apprendre à parler

Comme précisé plus haut, il y a des gens nés vendeurs de marché et présentateur télé, pourtant la plupart du commun des mortels commence à bégayer devant une caméra et un micro. En en tout cas, c’est ainsi qu’André s’est suis reconnu dans ses premiers essaies. Ces points-ci l’ont jusqu’à présents aidés:

  • Avoir un environnement (caméra, micro, lieu et lumière) qui donne des résultats visuels à peu près corrects. L’audio doit aussi être enregistrable (donc pas trop de vent, etc.).
  • Avoir quelque chose à dire. Cela a l’air trivial, mais avec une idée concrète en tête, on parle bien plus facilement.
  • Avoir préparé un sommaire des idées à développer, y compris des mots clés et des jeux de mots que l’on veut utiliser.
  • Ne pas parler sans interruptions, marquer des pauses entre chaque phrase. C’est mieux pour le spectateur, mais c’est aussi utile pour le post-traitement: on coupe facilement une séquence image, mais un son parlé ne se coupe sérieusement que durant une pause. Dans le même ordre d’idée, il vaut mieux avoir plusieurs petites séquences que l’on joint par la suite qu’une longue vidéo avec des erreurs à découper.
  • Définir des signes avec la main en début, lors de corrections et à la fin de la vidéo. Cela aide pour post-traitement, mais cela aide aussi lors de l’enregistrement, on commence à parler qu’après ou avant son propre signe.
  • Comme avec les séquences de paysage, il est préférable de changer de plan même si cela requiert plusieurs environnements à tester.

La musique dans les vidéos

Il n’y a que peu de musiques libres de droits. La manière la plus pratique est un abonnement à un service de musique pour vidéos. Quelques exemples:

  • audionautix.com: libre sous Creative Commons License 3.0, liens vers des sites commerciaux
  • artlist.io: abonnement pour toutes sortes de vidéos (EUR17/mois), valable aussi après la fin de l’abonnement.
  • musicbed.com: abonnement à partir de EUR25/mois, mais fixé à une chaîne de distribution et augmentant avec le nombre d’abonnées.
  • danosongs.com: EUR50 pour une centaine de titres d’un musicien à durée illimitée.
  • storyblocks.com: abonnement à partir de EUR15/mois.
  • epidemicsound.com: abonnement pour EUR13/mois.
  • Musique libre: chaîne sur Youtube.

Bien que ces musiques soient souvent cataloguées par genres, la recherche de titres convenables est longue, voire interminable. C’est surtout une question de goût et on n’atteindra pas les préférences de tous ses abonnées. Le tri des bons titres est surtout faussée par la recherche de ce que nous connaissons nous-mêmes et ce sont en général des titres commerciaux que nous n’avons pas le droit d’utiliser (non, placer Queen, Toto ou Goldman n’est pas possible). Il ne faut pas tomber dans le piège à rechercher des titres qui ressemblent aux titres connus. L’approche la plus simple est de n’utiliser la musique qu’en arrière-fond, uniquement sur des courtes séquences et de donner la préférence au texte parlé de qualité.

Quand on a du matériel vidéo sans textes parlés, des sons d’origine inutilisables et rien à raconter en post-production, il y a moyen de caler les vidéos sur la musique. Ainsi on fait un saut de scène sur un changement de rythme dans le titre musical (strophes par exemple).

Les introductions et les éléments répétitifs

La page d’entrée d’une chaîne sur Youtube n’est pas une belle vitrine. La mise en page est modifiée tous les mois, beaucoup d’éléments ne peuvent pas être configurés et d’autres restent aléatoires. Il faut donc placer tous ses effet identificateurs à l’intérieur des vidéos.

L’effet de reconnaissance doit se passer par une introduction animée pas trop longue, il faut aussi un générique de fin par défaut. Idéalement cela contiennent des courtes séquences attrayantes. Le problème est que l’on n’en a pas vraiment avant le départ et qu’il faudrait conserver ces “signatures” dans temps. À côté de ces séquences identiques à chaque vidéo publiée, il faut aussi un début et une fin parlée, individuelle à chaque vidéo. Pour ceci il y a deux moyens:

  • Toujours dire la même chose. Ainsi Itchy Boots commence toujours par “Good morning Internet, welcome to my channel, it is 07:40 in the morning”, le tout en montrant l’heure affichée sur son portable. C’est très simple et cela a l’avantage de garder le côté répétitif: il ne faut pas se casser la tête à trouver un texte. De plus, cela passe bien, même si le cadre n’est pas génial. Cela n’épargne cependant pas d’annoncer ce qui se passera dans la vidéo. Il faut aussi penser à ceux qui regardent plusieurs de ces vidéos à la suite, si une grande partie est simplement répétition, le danger est que l’on zappe sur une autre chaîne.
  • Une entrée individuelle oblige dès le départ à parler du vif du sujet, donc avoir quelque chose à dire, même si c’est tôt le matin. Il faut aussi trouver un cadre même s’il pleut ou s’il y a une tempête de sable, le tout en tenant les critères de qualité en hauteur.
  • Une logique de suivi réalisable est d’avoir un résumé de la dernière vidéo au début de l’actuelle et si c’est possible de pouvoir présenter un aperçu de la vidéo suivante. Cela est génial pour le spectateur s’il suit la chaîne et regarde les vidéos à leur sortie. S’il les enchaîne, c’est un peu lassant. Il faut donc que ces sections soient courtes. Justin Van Colen, bien que gérant une chaîne un peu chaotique, applique cette méthode dans son voyage de Bangkok vers la Normandie. Cela empêche bien sûr de publier en direct, il faut au moins un décalage de deux publications.

Les génériques du début et de la fin doivent être en relation avec la longueur du contenu réel de la vidéo. Pour dix minutes de contenu, il ne faut à notre avis pas dépasser 8 secondes au début et 10 à la fin. On en voit souvent qui sont plus longs on trouve trouve cela vraiment problématique. Ce n’est pas à la longueur d’une introduction que l’on reconnaît la qualité d’une chaîne.

Pour l’ordre au début, il y a, entre autres, ces méthodes:

  • intro par défaut – intro individuelle – contenu – générique de fin par défaut: une méthode standard, type cinéma, passe pour tous les contenus, même ceux de moindre qualité.
  • extrait exemplaire – intro par défaut – intro individuelle – contenu – générique de fin par défaut: une méthode annonce, type reportage télé, problématique pour les jours où il n’y a pas grand chose à dire.

Générique de fin sous Youtube

Youtube permet actuellement de mettre deux liens vers des vidéos et un lien vers sa chaîne à la fin de ses vidéos. Le rendu est assez grossier parce qu’il cache beaucoup du champ de vision. Si on veut utiliser cet effet, il faut prévoir un laps de temps où l’on peut encore avoir du son, mais où le contenu visuel n’est plus important, car cela vient en superposition et non pas après la vidéo. Ces affichages ne sont possibles que pour les vidéos de plus de 25 secondes. Ils ne peuvent pas être réduits à des très courtes durées (cela semble dépendre de la longueur de la vidéo totale). Il a y au maximum trois éléments, on peut les faire apparaître à des moments différents. Vu l’état de l’interface pour ces ajouts en début 2021, il est prévisible que ce type d’affichage sera modifié dans le futur, il ne faut pas s’y fier. Ainsi il y avait quelques années des bulles que l’on pouvait mettre en surcouche, mais les abus ont été excessifs et cette possibilité a été enlevé.

Référencement et titres des vidéos

Contrairement aux textes et au photos, le contenu des vidéos est difficilement indexés par les moteurs de recherche, leurs logiciels n’y trouveront pas de mots ni d’images clés. Mettre de l’information pertinente (donc dispendieuse pour le créateur) uniquement sous forme d’image et de texte parlé dans la vidéo ne servira à rien. D’autres erreurs souvent vues:

  • Titres crieurs: oui, il faut attirer l’utilisateur, mais le titre doit corresponde au contenu et le titre a aussi beaucoup de poids dans les moteurs de recherche. Dans un vlog de voyage, le titre doit contenir le pays, le lieu, le thème, ce qui s’y passe, éventuellement une date et une numérotation. Il ne reste pas vraiment de place pour des mots purement publicitaires.
  • Titres entièrement ou en partie en majuscules: une mauvaise habitude vue surtout chez les auteurs français. On enfonce le clou de la bêtise en casant des signes spéciaux comme des cœurs dans le titre d’une vidéo.
  • Nom du vlog/blog dans les titres des vidéos: à priori, vu le manque de place dans le titre et quand le titre est bon, il n’est pas nécessaire d’y répéter le titre du vlog, surtout qu’il est toujours affiché sur avec le titre. Beaucoup le font quand-même, dans ce cas nous conseillons de le mettre tout à la fin.
  • Numérotation et ordre de téléchargement: les utilisateurs ne viennent pas tous au jour zéro du vlog. Il faut qu’ils s’y retrouvent aussi lorsqu’ils arrivent au numéro #58. Une numérotation continue et conséquente s’impose donc, on numérote aussi les vidéos hors-série! Chez YouTube, l’ordre d’affichage par défaut est strictement chronologique inverse: post-produire une vidéo du départ du voyage et la télécharger en plein milieu de celui-ci mettra un désordre incurable dans sa chaîne. On peut créer des playlists pour remettre de l’ordre, il faut cependant savoir que l’utilisateur lambda accédera par une vidéo trouvée par le hasard des recherches ou des propositions et qu’il continuera de là dans la liste de toutes les vidéos de la chaîne. Rien ne lui indique d’aller voir dans les playlists.
  • Dans l’affichage d’une recherche, les titres sont tronquées. Il faut donc que les mots importants pour l’utilisateur soient placés au début du titre. La numérotation doit aussi plutôt être au début pour cette raison.
  • Une part tout aussi importante pour les moteurs de recherche est la description. Ici le texte est libre et tout ce qui ne rentre pas dans le titre y trouvera sa place. Sur la vue par défaut, cette description est aussi tronquée sur les trois premières lignes environ. Y copier toujours le même texte est donc contradictoire tout comme l’est le placement répétitif des mêmes liens affiliés. Par contre, il est bien d’y caser le lien vers son site web où l’on peut mettre ses vidéos mieux en ordre.

On retiendra que l’utilisateur n’est pas uniquement un consommateur passif comme devant la télé des années 1980. Il y a effectivement ceux qui se laisseront uniquement guider par des effets crieurs, mais puisque nous sommes dans le thème du voyage, une grande partie fera des recherches précises sur un pays, une lieu ou un thème. D’une part, il faut leur permettre de trouver ce contenu (par le titre et la description), d’autre part il faut aussi que ce genre d’utilisateur trouve l’information qu’il cherche dans la vidéo même. Si  le titre annonce des chutes d’eau inconnues dans le Botswana, il ne faut pas que les vingt premières minutes parlent de termites ou du passage de la frontière du Congo.

Longueur des vidéos

Plus une vidéo est courte, mieux on pourra s’y concentrer sur un thème et plus il sera facile de trouver des titres et des descriptions pertinentes. Ces vidéos ne dépassent en général pas 10 minutes. La numérotation et le téléchargement chronologique continu sont importants dans ce cas: YouTube propose à la fin d’une vidéo une vidéo suivante et idéalement c’est le numéro suivant. Il faut retenir que ce n’est qu’une minorité qui regarde la vidéo en tant qu’abonnée et juste à sa sortie. Il faut voir sa production de vidéos à long terme et la chaîne doit pouvoir être visionnée de manière logique aussi cinq années plus tard.

Les vidéos de durée moyenne jusqu’à environ 25 minutes obligent à faire des sous-chapitres et il faut presque un scénario avec des rebondissements. L’avantage est clairement de pouvoir figer l’utilisateur devant sa vidéo. Mais bien sûr, trouver un titre clair sera plus difficile. Il faudra aussi une description plus longue.

Les longs métrages (au-delà de 30 minutes) ne sont plus vraiment à ranger dans la catégorie de vlogs. Ils peuvent avoir leur justification, mais il faudra les ranger dans d’autres chaînes.

Une vidéo téléchargée sur YouTube est définitive

Les faits énumérés ici valent pour la version de base de YouTube sous 1000 abonnées.

Plus une vidéo est longue, plus on a de chance d’y caser des erreurs de toute sorte. Une vidéo est cependant un bloc uni dès qu’il est téléchargé, on ne peut plus le modifier! Cela vaut aussi pour le son et si on veut couper des parties. Les seules options sont:

  • Effacer le son complètement ou le remplacer par de la musique libre proposée par Youtube.
  • Effacer la vidéo et la recharger de manière modifiée: tous les compteurs recommencent à zéro, tous les likes et commentaires sont perdus. Il n’est plus possible de replacer une autre vidéo à la même place (sauf dans les playlists, mais ceux-ci ne sont pas la porte d’entrée d’un utilisateur xyz).
  • Couper des parties à la fin, au début et au centre. Cela exige de chapitres clairs y compris le texte parlé et la musique de fond car les coupes sont nettes.
  • Flouter des zones pour une certaine durée.
  • Editer la description ou mettre soi-même un commentaire de correction: ce ne sera pas vu par ceux et celles qui regardent les vidéos enchaînes en plein plein écran

Les options sont donc très maigres, il faut être sûr de son coup. C’est un grand pas en arrière pour ceux et celles opérant jusqu’ici sur des blogs ou des sites web classiques: dans ces cas, toute correction est toujours possible. Commencer un vlog de voyage à zéro force donc rien que par ce fait de s’entraîner avant. La plupart des plateformes proposent d’utiliser des comptes ou profiles multiples.

Plus de likes, d’abonnements et de liens en retour

Le succès d’un site web, d’une chaîne vidéo ou d’un autre média se mesure en abonnements, en likes et aussi au nombre de commentaires. Dans les médias comme YouTube, Facebook et Instagram, ces nombres sont la clé pour être vu de plus de personnes encore. C’est le point sombre du jeu, car la qualité en soi ne compte pas.

Il faut donc inciter les utilisateurs de s’abonner à sa chaîne et d’aimer des publications, tous les vloggeurs et vloggeuses le font et c’est un peu répétitif. Une manière efficace est aussi de liker et surtout de commenter des sites et des vidéos des “concurrents” pour signifier à leurs utilisateurs que l’on a aussi des choses intéressantes à présenter.

C’est dans ce cadre que le nom de son site et de sa chaîne vlog devient primordial. Ainsi les noms des vlogs présentés ici ne sont pas très représentatifs: “les Marioles Trotteurs” sont certes (globe-) trotteurs, mais pas forcément marrants; “Itchy Boots” fait référence à la nostalgie du voyage (itchy feet), mais ce nom est loin d’être unique; “Herr Lehmanns Weltreise & Mr. Pink” contient certes le terme “tour du monde” (“Weltreise”), mais il faut étudier les vidéos en long et en large pour comprendre que “Herr Lehmann” et “Mr. Pink” sont les noms de deux vans aménagés, surtout que “Mr. Pink” est de couleur verte.

La plupart des vlogs performants le font aussi dans un but lucratif. Il n’y a pas de mal à ça, surtout qu’il y a beaucoup de travail à réaliser ces contenus et que YouTube, Facebook et Instagram en vivent aussi. Bien sûr, on peut faire un vlog uniquement pour soi-même et ses proches restés à la maison. La plupart des vlogs de voyage débutent ainsi. Mais voyager génère des coûts et si on peut les éponger un peu, tant mieux.

Gestion des sites et des commentaires

Les commentaires et les discussions sont un fort critère de placement en avant sur toutes les plateformes. Il faut vraiment encourager les utilisateurs à commenter, il faut répondre soi-même à toutes les questions (qui se répètent souvent) et il faut aussi commenter soi-même sur les sites et les chaînes de “concurrents”.

Avoir du succès avec son vlog revient aussi à devenir la cible de spam et de cyberharceleur (haters). Quand on passe plusieurs jours pour le montage vidéo et que par la suite suivent des centaines de commentaires à gérer, cela devient vite embêtant, surtout sachant que l’accès internet est souvent aléatoire en voyageant. Le spam et les commentaire désobligeants peuvent être effacés et leurs auteurs bloqués par des tierces personnes comme de la famille restée à la maison avec une bonne connexion internet.

Les vidéos en ligne et les médias annexes

Avoir sa chaîne vidéo ne suffit pas. Il faut un site web interactif et à côté de ça au moins Facebook et Instagram. Ce sont donc au moins quatre registres sur lesquels il faut jouer avec un même contenu de base mais avec des aspects et des aperçus différents, car ces médias ciblent des groupes d’utilisateurs différents.

Dans les vidéos, ce sera l’effet de l’image animée, le partage de la vie de voyage et de la vie des gens rencontrées, l’animation de la nature, etc. Le tout devra être accompagné d’un texte parlé qui peut avoir une moindre profondeur. Le site web sera tout le contraire, ici on peut briller de manière écrite avec des informations de fond et des détails. Ce contenu sera activement recherché par ceux qui voudront partir sur les chemins et routes que l’on propose soi-même.

Entre ces deux se trouvent Facebook et Instagram pour la consommation rapide de vues attrayantes. Contrairement à la chaîne vidéo et le site web, ces médias ne rapporteront sans doute jamais de l’argent au voyageur. Mais ce sont de forts pôles d’attraction vers les vidéos et le site web. On regarde bien plus vite et facilement une notification de Facebook ou d’Instagram qu’une notification de Youtube ou d’un email de mise à jour d’un blog classique. Si la photo ou la courte vidéo présentée sur Facebook ou Instragram invite bien, le pas d’aller vers les vidéos et/ou le site web sera plus facilement franchi pour l’abonnée lambda.

On constate chez plusieurs vloggeurs et vloggeuses, aussi chez ceux présentés plus bas, qu’ils ne réussissent pas à trouver un équilibre entre leurs vlogs, leur site web et les autres médias. Souvent le site web débute fort et reste par la suite en friche et souvent soit Facebook, soit Instragram est délaissés au dépens de l’autre. Pourtant tous ces médias ciblent des groupes d’utilisateurs différents et le but doit rester de tous les amener vers les vidéos et le site web, car c’est ici que se situera le contenu qui perdure dans le temps.

Commercialisation des sites

Tout se passe par la publicité et les partenariats.

Publicité

YouTube est devenu très strict pour passer un compte récent dans le programme monétisable, c’est à dire avec de la pub revenant à l’auteur. Il faut avoir 4000 heures de vues les 12 derniers mois, c’est une chose assez facile à atteindre avec du contenu spécialisé et de qualité. Or, il faut aussi 1000 abonnés à la chaîne, ceci est déjà bien plus difficile, là il ne suffit plus de faire le tour de ses amis et leur demander de s’abonner. Ceci explique aussi le très répétitif “veuillez vous abonner” à la fin de la plupart des vidéos des derniers temps.

Toujours sur YouTube, les rentrées monétaires non-négligeables débutent vers les 50.000 abonnés à la chaîne, les 10.000 vues et les 1.000 likes par vidéo. Il ne s’agit que de quelques euros par vidéo, il faut voir le bénéfice dans le cadre d’une centaine de vidéos avec des caractéristiques au-dessus ce ceux nommées. Ce cap franchi, la multiplication se fait presque toute seule jusqu’à un niveau de 200.000 abonnés à la chaîne, les 100000 vues et les 10000 likes par vidéo. Au-delà, il faut avancer dans le marketing détaillé sur YouTube. En se basant uniquement sur YouTube, le seuil de 200000 abonnés peut suffire à en vivre durant le voyage (en van, donc sans frais d’hôtel). Il faut être conscient qu’il n’est pas évident d’arriver à ces valeurs et qu’il faut pouvoir garder la cadence.

Ce ne sont pas les likes qui font vivre, mais les clicks sur la publicité seulement. Contrairement à un blog personnel, où l’on peut doser la publicité à sa guise, sur YouTube c’est bien moins évident. YouTube gère les pubs en surcouche et les coupures avant, au milieu et entre les vidéos de manière assez opaque. C’est pourtant la zone primordiale, car c’est la seule qui est vue en mode plein écran. Les publicités autour sont un peu mieux gérables, mais celles-ci sont vraiment au second plan. Tant que l’on a pas passé les seuils pour la monétisation, il n’y a pas de coupures publicitaires.

Sur le site web, on peut aussi mettre des publicités. Pour arriver à des des revenus palpables, il faut dépasser les 200000 pages vues par mois pour en tirer EUR50,-. Pour atteindre un tel nombre de pages vues, il faut de l’information de qualité et il est nécessaire de devenir un site de référence qu’il faut aussi savoir tenir à jour (par exemple pour le voyage dans une région spécifique). Ces chiffres ne s’atteignent qu’après quelques années.

Facebook et Instagram ne sont en général pas commercialisables pour des voyageurs. Il faut pour cela passer des partenariats.

Partenariat

Les partenariats commerciaux  peuvent se faire sur tous les médias (vlog, site web, Facebook et Instagram), souvent c’est même voulu par les partenaires.

Le partenariat classique organisé avec des sponsors avant le départ n’est plus vraiment possible. Ceux-là sont désormais trop axé sur le sport et les extrêmes. De plus, ils sont assez retissant envers des voyageurs au long cours. Le partenariat contre pièces (pour le véhicule) marche un peu mieux. Itchy Boots reçoit quelques services et pièces par le constructeur de sa moto, les Marioles Trotteurs ont des remises sur des pièces de rechange envoyés par Euro4x4parts.

Une méthode simple est l’affiliation par Amazon: on s’y enregistre et on met des liens vers les produits que l’on présente. Pour les voyageurs économes, cela se limite à leur matériel pas forcément vendeur. De plus il faut juger soi-même si on veut soutenir le système anti-social du patron d’Amazon.

Pour des partenariats plus lucratifs, il faut trouver une niche dans laquelle on est expert et où on peut se poser en porte-parole avec son public d’abonnés. Sur une voyage au long cours et partant à zéro avec son vlog, il faudra nouer ce type de partenariat durant le voyage, ce qui ne facilite pas la chose. Ainsi les Marioles Trotteurs ont annoncé en juillet 2019 qu’ils interrompront leur voyage pour deux mois à la fin de l’année pour mettre de l’ordre dans leurs finances et sans doute pour nouer des contacts de partenariat.

Longueur d’édition des vidéos

Une valeur clé est le temps de traitement des vidéos sur l’ordinateur. Les vlogs présentés plus bas en parlent, beaucoup d’autres ne le font pas. Pourtant c’est une valeur primordiale pour se décider à vlogger. Pour des vidéos qualitatives et présentables, nous pensons qu’il faut au moins un jour d’éditions pour 20 minutes de vidéos mises en ligne. Cela représente donc au moins un jour de travail rien qu’à passer devant l’ordinateur et sur le logiciel vidéo et, ça n’inclut pas les recherches à posteriori pour agrémenter les vidéos de contenu qualitatif. Il faut juger sur la base de ses voyages précédents si l’on veut sacrifier autant de temps en cours de route.

Il est théoriquement possible, du moins pour les voyages de deux semaines maximum, de faire le montage au retour et donc d’alimenter son vlog de manière différée. Cela ne réduit cependant en rien le temps d’édition et ça pose des problèmes de stockage des vidéos. En traitant les séquences durant le voyage, on fait déjà un tri assez massif.

On peut aussi décaler la publication et/ou pré-produire des vidéos tout en gardant une cadence de publication régulière. Cela permet d’apporter beaucoup mieux de l’information pertinente de peaufiner le rendu et d’ajouter des résumés des vidéos passés et des vidéos à venir.  Les défauts: on s’éloigne très vite du “vlog en direct” et on passera encore plus de temps devant l’ordinateur.

Électricité pour le traitement des vidéos

Faire un vlog revient à traiter ses vidéos lors du voyage, en live différé en quelque sorte. Cela signifie qu’il faut un ou des ordinateurs portables récents, du logiciel et des disques durs externes pour ce faire. Hormis le prix, le volume et le risque de perte/destruction/vol de ce matériel supplémentaire, il faut aussi alimenter tout cela en électricité au milieu de nulle part. La demande en ampères-heures pour le traitement dépasse de loin les besoins du campeur normal qui alimente uniquement sa pompe à eau, ses barres LED et son chauffage stationnaire.

Avec un panneau solaire de 150W et des batteries auxiliaires de 120Ah, on est déjà sur la bonne voie, cependant cela ne vaut que lorsque l’on reste dans les contrées chaudes et ensoleillées. Lorsque l’on traite sérieusement en longuement ses vidéos lors d’un voyage au long cours, cela ne suffit plus. Il faut travailler plusieurs heures d’affilées sur l’ordinateur, on tire bien plus de 200W en incluant les pertes de conversion de tension. Les ordinateurs portables sont très gourmands en électricité dès qu’ils bossent sérieusement: une batterie auxiliaire de 120Ah pleine sera à recharger après moins 5 heures rien qu’avec le traitement des vidéos.

Quelles solutions existent pour augmenter l’autonomie?

  • Rouler et faire tourner le moteur: cela marche sur des voyages courts où l’on est en constant mouvement. Mais dès que l’on voyage plusieurs semaines, on aura des jours sans bouger, justement pour traiter les vidéos.
  • Augmenter les panneaux solaires: ce n’est utile qu’à un certain degré, car il faut aussi stocker cette énergie. Au-delà de 250W, cela est inefficace si on ne part pas en camion poids lourd.
  • Optimiser les batteries: les batteries classiques et les AGM ne répondent pas aux critères, ils prennent trop de place et sont trop lourdes. Une solution sont les accumulateurs au lithium fer phosphate (LiFePo). Une présentation d’une installation de 200Ah  se trouve sous Lithiumbatterie Umbau im Wohnmobil (en allemand).
  • Utiliser un générateur portable: cela semble réservé au grands campeurs, fait du bruit, exige en général un réservoir additionnel d’essence et nécessite des batteries adaptées. Mais cela peut être une option à étudier.

Les panneaux solaires sont surtout défaillants en hiver et en forêt, pour ceux qui voyagent dans le nord et hors saison, cela est facteur important à considérer. Rouler et faire tourner le l’alternateur ou un générateur portable aident dans ce cas. L’alternative est de chercher un prise dans un camping, sur un parking ou chez un privé.

Cellules LiFePo4. Photo Wikimedia CCSA4 Yo-Co-Man

Cellules LiFePo4. Photo Wikimedia CCSA4 Yo-Co-Man

Internet en voyageant

Carte SIM norvégienne de 2013. Photo Wikimedia CCSA3 Bjoertvedt

Carte SIM norvégienne de 2013. Photo Wikimedia CCSA3 Bjoertvedt

En Union Européenne, le roaming est au prix de son abonnement national depuis 2018. Cela aide beaucoup à condition d’avoir un abonnement de base conséquent. Attention, la Suisse n’est pas incluse dans ce système de roaming unifié, par contre la Norvège et l’Islande y participent.

Pour tous les autres zones, il faut avoir un portable débloqué, les portables avec abonnement ne sont pas en général pas débloqués. Il faut donc acheter des cartes SIM dans chaque pays traversé. Les vloggeurs et vloggeuses réalisant des tours du monde en 2018/2019 démontrent que c’est vraiment possible dans tous les pays où l’on peut voyager.

Il semble aussi qu’il y ait du réseau sur au moins sur les grands axes dans tous les pays du monde. Il faut cependant s’armer de patience, la 4G n’est pas disponible partout et mettre en ligne une vidéo de 10 minutes peut durer six heures au Ghana. Ce temps est à ajouter au temps d’immobilisation, au temps nécessaire au traitement des vidéos et au besoin en électricité.

Les vlogs professionnels utilisent des antennes spéciales pour augmenter leur débit internet. Il s’agit de champignons placés sur le toit du véhicule qui amplifient le signal.

Vlogs étudiés

Nous sommes tombés par hasard sur ces vlogs, cet hasard étant basé sur le logiciel de YouTube qui essaie de présenter en alternative du contenu regardé précédemment. Ils diffèrent tous l’un de l’autre, ce qui les réunit sont les voyages au bout du monde et le fait qu’ils soient tous partis de rien en matière d’abonnées et de revenus directs de leurs vlogs. Tous en tirent désormais au moins quelques centaines d’euros par mois.

Les Marioles Trotteurs

Un vlog classique avec une vidéo d’une vingtaine de minutes mise en ligne de manière régulière chaque lundi à 20h. On ressent qu’ils sont expérimentés en vidéo par leurs vie professionnelle antérieure, le matériel est cependant amateur, ce qui prouve que l’on peut en tirer des vidéos de qualité. Les vidéos sont numérotés et suivent le cours du voyage. Il y a des hors-série avec des FAQ en live, de la présentation du matériel, des péripéties du départ, etc. Le but est un tour du monde Afrique-Asie. Ils sont partis en automne 2018 avec un financement pour deux ans. Après 10 mois, ils essaient de basculer le financement sur le revenu de leur chaîne YouTube et des partenariats.

Donnés clés:

  1. Langue: français.
  2. Auteur(s): Couple français né dans les années 1990.
  3. Voyages: Europe, Afrique de l’ouest.
  4. Financement: Base incluant le véhicule: environ EUR25000. Coût de vie incluant réparations et carburant: EUR500 par personne et par mois de voyage.
  5. Véhicule: Mitsubishi L300 4×4 de base avec galerie et tente de toit. Aménagement basique à l’intérieur.
  6. Textes parlés: simples, honnêtes et parfois naïfs, mais très axés sur le côté social. La grande majorité des textes sont parlés en live, le langage parfois très familier n’harmonise pas vraiment avec la bonne qualité des vidéos.
  7. Type de vidéos: Chaque vidéo est axée sur un thème qui découle du vécu lors de l’étape précédente. Ils recherchent visiblement certains spots ou événements rares et beaux pour les présenter dans leurs vidéos. Ils doivent être presque constamment la caméra à la main. Il semble qu’ils forcent un peu leurs interlocuteurs à se laisser filmer.
  8. Matériel: appareils photo Lumix amateurs, leur caméras ne sont pas activement cachés, mais ils filment tout le temps. Certaines séquences sont filmés au portable ou avec un drone. Camion équipé de manière basique avec batterie auxiliaire et un panneau solaire standard. Deux ordinateurs portables. Logiciel d’édition professionnel.
  9. Temps d’édition pour les vidéos de voyage: 30 heures pour 60 minutes de vidéo.
  10. Cadence: une vidéo d’un quart d’heure toutes les semaines à une heure fixe, éditée et mise en ligne durant le voyage.

Liens:

Itchy Boots

Globe-trotteuse par sa profession d’origine, cette femme se lance dans un grand périple seule et à moto à travers toute l’Asie, départ en Inde en 2018 pour retourner en Europe en un peu plus d’un an. Des vidéos sont mises en ligne à une cadence élevée, mais il n’y a pas de régularité. Il s’agit surtout d’un road-movie incluant les gîtes, les repas des rencontres au bord de la route. Le tracé du voyage évolue au fil du temps, mais elle aime rouler et passe donc aussi à côté de beaucoup de sites intéressants. Elle se met principalement en scène elle-même. Depuis la fin 2019, elle est en voyage dans les Amériques et depuis 2021 en Afrique du Sud.

Donnés clés:

  1. Langue: anglais.
  2. Auteur(s): Femme néerlandaise seule, née vers la fin des années 1980.
  3. Voyages: Asie, Arabie, Europe, Amérique, Afrique.
  4. Financement: non communiqué. Mais d’après les faits, le financement de départ incluant le véhicule: environ EUR15000. Coût de vie incluant réparations et carburant: EUR2000 par personne et par mois de voyage dans des pays au niveau de vie bas, bien plus en Oman, Grèce, etc. Elle loge chaque nuit en AirBnB ou chez l’habitant et mange au restaurant. Ceci élève le coût par rapport à ceux partis en camper léger.
  5. Véhicule: Moto Royal Enfield Himalayan. Originalité: moto achetée en Inde et roulant avec plaque indienne jusqu’en Europe.
  6. Textes parlés: très élémentaires, tous en live. Beaucoup de longues séquences en road-movie avec uniquement de la musique.
  7. Type de vidéos: Chaque vidéo retrace le trajet précédent. Les sites sont choisis au hasard au bord de la route. Elle filme tout et toutes les personnes sur sa route, mais elle se filme surtout elle-même.
  8. Matériel: caméra vidéo amateur (GoPro), elle travaille souvent en caméra cachée, fixée sur son casque, aussi quand il est posé quelque part à l’écart. Certaines séquences filmés au portable ou en drone de moindre qualité. La moto n’a pas d’équipement spécifique mis à part divers supports pour fixer la caméra. Un ordinateur portable pour l’édition avec un logiciel vidéo amateur.
  9. Temps d’édition pour les vidéos de voyage: 16 heures pour 60 minutes de vidéo.
  10. Cadence: Une vidéo de 10 minutes en moyenne après chaque trajet, fréquence maximale: tous les deux jours.

Liens:

Herr Lehmanns Weltreise & Mr. Pink

Il s’agit d’un vlog atypique, parce qu’il y a des long-métrages de 90 minutes et le vlog de voyage n’est ni continu, ni conséquent.  Il est cependant exemplaire par la qualité des images et du texte parlé. À côté de ce long récit, il y a des vidéos de la préparation techniques des véhicules. La vidéo du double voyage d’Allemagne par la Russie dans le Désert de Gobi en Mongolie sert visiblement d’appât pour attirer des gens lors d’une tournée de présentation en salles. Voyages de quelques mois depuis environ 2010, depuis 2018 ils vivent en partie de dons.

Donnés clés:

  1. Langue: allemand.
  2. Auteur(s): Couple allemand né dans les années 1990 (les femmes changent dans le temps…).
  3. Voyages: Amérique, Russie, Mongolie, Iran, Tunisie.
  4. Financement: Base incluant le véhicule: EUR35000. Coût de vie incluant réparations et carburant: moins de EUR500 par personne et par mois de voyage.
  5. Véhicule: Mitsubishi L300 4×4 avec cabine et capucine construite par leurs propres soins.
  6. Textes parlés: très philosophiques et aussi politiques, contenu recherché. Les textes sont parlés en live dans les courtes vidéos et en post-production dans les longs métrages.
  7. Type de vidéos: Prises de vues étudiés à l’avance, certains interlocuteurs locaux sont visiblement instruits ou les séquences sont prises avec un téléobjectif. Ils restent plusieurs jours et semaines pour chercher et réaliser les vidéos qu’ils désirent.
  8. Matériel: caméra vidéo professionnel, de petite taille, mais pas caché. Drone de qualité. Camion équipé de grandes batteries auxiliaires et d’un grand écran d’ordinateur externe. Logiciel d’édition professionnel.
  9. Temps d’édition pour les vidéos de voyage: 50 jours pour 60 minutes de vidéo.
  10. Cadence: une grande vidéo par voyage, vlogs plus courts dans le passé.

Liens:

D’autres vlogs de voyageurs

Ces vlogs décrivent aussi des voyages étendus.

Justin Van Colen

Un jeune de Normandie avec une bougeotte très prononcé. Il travaille à l’étranger et n’hésite pas à traverser le Pakistan lors des élections législatives. Son premier coup est de partir avec une 4×4 immatriculée en Thaïlande, avec une Thaïlandaise et un permis de conduire thaïlandais pour rentrer en France. Le paysage et les spots visités le sont un peu au hasard, mais le vécu est largement partagé et ce avec beaucoup d’honnête. Il a une astuce assez simple pour rester sérieux en toute situation: il est presque toujours en chemise bleue claire.

Il a partage son temps d’édition pour une vidéo: 35 heures pour un film d’une vingtaine de minutes.

Texte parlé en français, parfois en anglais, mais généralement traduit en sous-titres. Lien: Justin Van Colen.

Gregsway

Un belge qui parle beaucoup et très vite, qui détale toutes sortes de thèmes sans jamais laisser le voyage ou au moins la mise en scène d’un lieu de côté. Comme Justin Van Colen, il a définitivement la bougeotte, mais en plus il est oralement exhibitionniste. Il parle bien dans ses vidéos qui sont composés d’une multitude de plans. Il joue beaucoup sur et avec sa jeunesse, mais il détaille qu’il n’est pas naïf. En matière de voyage, il est assez difficile de suivre, il peut être en camping-car au Maroc et passer une semaine à Bali entre temps.

Texte en français. Lien: Gregsway.

Pedro Mota

Depuis plusieurs années sur une moto, mise en scène minimaliste, qualité image un peu grandissante avec le temps, mais souvent misérable. Ce néerlandais parle bien anglais, mais c’est en très grande partie en roulant et avec des micros défaillants plus d’une fois. Il roule et plante sa petit tente à des endroits vraiment impossibles et ce en général tout seul, cela fait en partie son attrait. La liste des pays visitée est très longue: il est ainsi passé dans le Kurdistan Irakien et reste plusieurs mois en Bolivie. Il vit en partie des revenus des vidéos et des dons de ses spectateurs.

Le texte parlé est en anglais et parfois en espagnol. Lien: Pedro Mota.

GrizzlyNbear Overland

Un couple franco-australien avec un peu trop d’argent (à priori), un volg et un véhicule souvent très propre, tout est toujours très bien arrangé et mis en scène. Au bout du monde, ils se filment en train de cuisiner comme on le ferait en partant un weekend en province. En gros, c’est une présentation de type très américaine répondant à beaucoup de clichés BCBG: couple dans la fleur de l’âge, gros Landrover Defender peaufiné avec cellule amovible américaine, grimpant, joggant et pratiquant de la gymnastique durant le voyage (alors que d’autres disent que voyager en soi est assez fatigant). Ils documentent aussi beaucoup de rencontres avec d’autres overlanders, ceci donne l’impression que l’on ne sera définitivement plus le premier à découvrir l’Ouzbékistan.

En gros, c’est un vlog que nous n’aurions pas regardé longtemps s’ils ne montrait pas les erreurs commises avec honnêteté: casse de l’axe en avant à cause de pneus trop grands sur jantes déportées vers l’extérieur, d’autres défauts flagrants de Landrover, confiance maximum dans leur cellule amovible qui les limite cependant dans leur rayon d’action, manque de nourriture à cause d’imprévus mécaniques, manque de chauffage et de réchaud à essence, manque de matériel comme des simples chaises pliables pour l’extérieur etc.

Le texte parlé est à l’image des séquences montrés, en anglais mais avec sous-titres en français. Lien: GrizzlyNbear Overland.

Les Artisans de demain

Un couple français partis d’Afrique du Sud avec un 4×4 immatriculé là-bas. Ils remontent l’Afrique de l’est, passent ensuite vers l’Iran et le Pakistan. Véhicule équipé sommairement. Au début caméras simples, mais dès le départ une très bonne qualité vidéo que ce soit pour l’image ou le texte parlé. Une grande partie du texte est ajouté en post-production. Ils n’ont commencé leur chaîne YouTube qu’au milieu du voyage, mais ils postent aussi des vidéos tournés avant ce qui crée un certain désordre.

Les deux sont assez atypiques car ils n’ont pas du tout l’air baroudeurs.

Lien: Les Artisans de demain

Voyage Voyages

Homme seul grisonnant se mettant surtout en scène soi-même et avec le temps en plus des artisans et d’autres voyageurs. Installé dans un camping-car classique, il détaille surtout ce véhicule et divers cas de la vie sur la route. Son humour est une question de gout et le titre mène à peu de vidéos de pays et de paysages.

Lien: Voyage Voyages

Weltumsaurerung

Couple suisse alémanique voyageant  dans un vieux camion 4×4 de l’armée réaménagé avec une cellule récente. Le titre et un jeu de mot avec la marque de leur camion (Saurer). On les trouve surtout en Asie centrale. Ils font des vidéos simples, voire très simples et n’ont pas encore franchi les seuil de la monétisation.

Lien: Weltumsaurerung

Bald and bankrupt

Homme seul et parfois accompagné de femmes qui voyage vers des destination impossibles comme la frontière sud-est de l’Ukraine ou l’Arménie juste après dernière guerre avec l’Azerbaïdjan. C’est un poids-lourd sur YouTube avec trois millions d’abonnées et au moins autant de vues par vidéo. Il se met en scène soi-même avec des personnes parfois marginalisés.

Lien: bald and bankrupt

Just-Escape.com

Un groupe de trois anglais dans leur cinquantaine avec deux gros camions 4×4 à la conquête de la Mongolie en plein hiver. Les températures mettent les voyageurs et le matériel à rude épreuve. À -40°C, leurs chauffages stationnaires tombent en panne et ils ont beaucoup de peine à faire démarrer leurs camions qui sont pourtant bien entretenus. À ces basses températures, ils détruisent aussi leurs matériel photo et vidéo et ils rentrent de Mongolie en catastrophe (tout en annonçant repartir sous peu). Les vidéos du début couvrent surtout la construction du camion, la route simple est documenté en blabla inintéressant mais certains sites visités sont mis fabuleusement en scène. Bonnes musiques de fond. La seule explication pour les sites sont des données GPS insérées dans les vidéos.

Le texte parlé est en anglais avec un fort accent, certaines explications sont extrêmement longues.

Lien: Just-Escape.com.

The Way Overland (TWO)

Couple australien en route de l’Australie à Londres. La mise en scène répond à certains clichés de vlogs: jeune femme mise en avant avec un compagnon un peu grognon. Ils ont avec eux leurs planches à surf et leur équipement de plongée, pourtant ils traversent le Karakorum. Ces ambiguïtés continuent entre la route parfois très originale et l’équipement bien pensé d’un côté et le texte parlé complètement rabâché. Surtout la femme peine souvent à trouver des mots et elle affiche un sourire crispé et forcé.

Texte parlé: anglais australien assez bien compréhensible. Lien: The Way Overland.


Relevé d’une randonnée au sud de l’Île d’Elbe. Photo © André M. Winter

Relevé d’une randonnée au sud de l’Île d’Elbe. Photo © André M. Winter

Transfer de photos de la caméra sur l’ordinateur portable en Islande en 2009. Photo © André M. Winter

Transfer de photos de la caméra sur l’ordinateur portable en Islande en 2009. Photo © André M. Winter

Parfois on en fait en double, comme ici à Ålesund en Norvège en 2016. Photo © André M. Winter

Parfois on en fait en double, comme ici à Ålesund en Norvège en 2016. Photo © André M. Winter

Les prises de la voiture sont simples mais elles se reconnaissent dans le résultat. Photo © André M. Winter

Les prises de la voiture sont simples mais elles se reconnaissent dans le résultat. Photo © André M. Winter

Problèmes sur les lieux touristiques comme ici en Islande. Photo © André M. Winter

Problèmes sur les lieux touristiques comme ici en Islande. Photo © André M. Winter

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