Nous prenons souvent la route entre le Tyrol et la Provence. Il y a en gros deux itinéraires utiles. Par le nord, Turin et le Col de Montgenèvre vers Briançon, mais cette route peut être compliquée en hiver. Plus souvent nous prenons la voie par le sud: Brescia, Piacenza, Tortina, Savona et par Menton, on arrive donc par les Alpes-Maritimes.
En partant tôt le matin et sachant que la journée est de toute manière trop courte en hiver pour faire quelque chose d’utile le soir à l’arrivée, nous essayons de visiter des villes de la Plaine du Pô qui bordent l’autoroute. Il y en a beaucoup sur cette route et souvent c’est la météo qui avorte ces essais. Nous planifions ces arrêts pour nous dégourdir les jambes et non pas pour visiter une ville coûte que coûte sous la pluie ou le vent.
Aujourd’hui, nous avons opté pour Piacenza qui se trouve au sud du Pô et à peu près au milieu de notre trajet entre Innsbruck et Peille. En passant la ville sur l’autoroute, on en a une vue assez défavorable: on traverse la zone industrielle sur un long viaduc. Mais en prenant la sortie est au croisement des autoroutes A1 et A21, on arrive assez vite au nord du centre. Nous trouvons de la place pour nous garer au grand parking de la gare, mais nous sommes le 25 décembre, un jour normal c’est sans doute plus difficile.
La ville porte le nom français de Plaisance. Mais franchement, elle n’a rien de français et bien qu’elle peut être plaisante, il n’est pas nécessaire de surmener les exonymes obsolètes de nos jours. À la limite des places fortes environnantes à tous les temps, la ville a fait partie de l’une ou de l’autre sans vraiment en tirer des désavantages. Aujourd’hui c’est un grand centre urbain, artisanal et industriel avec un centre préservé, même s’il a souffert des bombardement durant la seconde guerre mondiale.
Nous laissons notre voiture à la gare et nous nous dirigeons par les ruelles vers le centre. On est en hiver, les ombres sont donc longues et les ruelles sombres, même avec un ciel bleu. Comme d’habitue, André avais placé quelques repères sur la carte OSMAnd sur mon portable, et nous nous dirigeons donc de point en point. André n’a choisi que quelques sites clés glanés dans notre bibliothèques de guides de voyage et sur Google Maps. Comme il reste de la route, nous visons une heure de visite et avec une pause dans un café italien, nous investissons donc 1 heure et 30 minutes.
Nous arrivons sur la place de la cathédrale (Piazza Duomo), mais c’est le mauvais moment de cette journée hivernale pour admirer la façade principale.
Il faut donc aller chercher les détails ou jouer avec le soleil.
Mais en allant chercher une autre façade visible de la Piazza Chiostri Del Duomo et donc moins connue, on retrouve les couleurs vives:
Les ruelles peuvent être sombres, mais les accès aux palais le sont encore plus.
Nous enchaînons les églises. Elles ont l’avantage d’être sur des places permettant d’avoir un peu de lumière hivernale. Ici sur la Piazza Sant’Antonino.
Une autre grande église dont la façade principale est noire d’ombre au point que nous n’essayons même pas d’en prendre une photo. Mais de la Piazzale Plebiscito, on a une vue sur la façade sud.
Nous arrivons enfin sur la place centrale de la ville, la Piazza dei Cavalli. Le palais gothique impressionne ici. Chose curieuse, le palais est dans les étages supérieurs, au rez-de-chaussée l’immeuble ressemble plutôt à une halle de marché.
Nous avons la chance que le soleil est quand même assez haut pour aussi éclairer la face sud dans la cour.
L’immeuble est composé principalement de briques, mais des parties représentatives comme la façade extérieure et les colonnettes des fenêtres sont en calcaire finement taillé et poli.
Le palais a été construit à partir de 1281 sur ordre du gibelin Alberto Scoto. Selon le premier projet, le palais aurait dû être quadrangulaire, mais à cause d’une épidémie de peste, le travail fut arrêté et le projet stoppé. Seul le côté nord du palais est terminé. Le résultat est un excellent exemple d’architecture civile de l’époque en style ogival lombard. À l’intérieur se trouve un grand salon qui, en 1644, est devenu un théâtre. Il est aujourd’hui le siège de la municipalité et porte aussi le nom de Palais communal. Source Wikipédia.
Dans la cour du palais gothique se trouve aussi un coin avec des plaques et des inscriptions rappelant les morts de diverses guerres. Une plaque particulière attire notre attention: celle de la guerre de Libye 1911-1912. Il s’agit de la guerre italo-turque, qui marque le passage de la Libye du joug ottoman au colonialisme non moins cruel de l’Italie. Cette guerre, certes mineure et loin des centres européens, est pourtant un signe précurseur de la première guerre mondiale. Ce sont surtout les nationalistes des diverses ethnies des Balkans qui font encore partie de l’Empire Ottoman qui se réveillent en voyant la facilité avec laquelle l’Italie a chassé les turcs de Libye.
Ce sont les détails de l’histoire que l’on n’apprend pas à l’école et dont on n’entend même pas parler durant des études de géographie. On les voit seulement en ouvrant grand les yeux quand on voyage.
C’est l’hiver et bien que le soleil brille, il fait frais. Dans ces conditions, ils faut profiter des rares cafés ouverts ce 25 décembre. Près du palais gothique nous en trouvons un qui sert aussi des gâteaux locaux. Il n’est pas des moins chers, mais on peut être assis à l’intérieur et il y a aussi un peu de chauffage.
Après cette pause bien agréable, nous retournons par un autre chemin à la voiture garée au nord du centre-ville.
L’Italie est le pays des chapelles, il y en a à tous les coins de rue.
Nous avons bien aimée cette affiche. Traduit cela signifie « La liberté est en vente ici ». Bien sûr, Libertá est un journal local.
No Comments