Nous nous levons longtemps avant le lever du soleil pour monter dans la nuit au Pas de l’Aiguille et vivre de là le lever du soleil sur le Mont Aiguille et le Massif des Écrins. Initiallement, nous voulions bivouaquer sur le plateau près des Cabanes de Chaumailloux, mais l’expérience aux Rochers du Bournillon deux jours plus tôt nous a laissé des mauvais souvenirs. De plus, nous craignons des vaches et leurs cloches sur le plateau ce qui se confirmera en montant. Avec l’attente du lever du soleil et le recueillement au mémorial de la Réstance du Vercors, il nous faut cinq heures pour l’aller-retour.
distance: 9km
dénivelé: 550m
Venant du Royans, nous arrivons peu avant la tombée de la nuit sur les prés sous le Pas de l’Aiguille. Plein d’élan, nous avançons jusqu’à la fin de la piste forestière sous les Fourchaux. L’endroit est loin d’être plat, mais avec un peu d’ingéniosité, on arrive à caler le Trafic de manière horizontale. Après installation, nous entendons cependant le bruit de clochettes et des aboiements de chiens. Nous sommes stationnés à côté du pré de la Grange Girard où se trouve un bon millier de moutons. Mais nous admirons les derniers rayons de soleil sur le Mont Aiguille.
Il reste aussi un peu de soleil sur les rochers abrupts des Marionnents. Le lendemain matin, nous serons là haut pour admirer le lever du jour. Mais à cause des moutons et des chiens, nous rebroussons chemin et nous nous arrêtons dans un virage de la piste quand la nuit est déjà tombée. Une seule voiture passe peu après et comme nous nous levons très tôt, la nuit sera tranquille mais courte.
Montée au Pas de l’Aiguille
Peu avant 5h notre réveil sonne. Le soleil se lève vers 7h et il faut un peu plus d’une heure pour monter au Pas de l’Aiguille et encore 20 minutes pour rejoindre le bord du plateau plus au sud. Cela nous laisse une marge théorique de 30 minutes. Nous préparons un thermos de thé et en buvons un peu avant de partir. Sur le début du chemin, on mange quelques petits gâteaux, mais nous prévoyons de prendre notre vrai petit déjeuner en haut.
Il règne une nuit complètement sombre au départ. Dans ce vallon, il n’y a aucune habitation, le ciel est clair, sans lune et les étoiles suffisent à peine pour voir sa main devant ses yeux. Nous passons près des moutons et leurs chiens de garde, les clochettes sont bruyantes comme la vielle, mais les chiens se tiennent heureusement tranquilles. Ils ont dû prendre notre flair la veille. Au bout du pré, on entre dans la forêt et ici il fait tellement sombre que la main n’est plus visible devant les jeux. Au zones ouvertes, on peut reconnaître l’existence de rochers blancs sur le chemin, mais c’est tout. Nous devons utiliser les frontales. Cela crée un effet de tunnel rendant les abords encore plus noirs. Dans la forêt sombre à gauche et à droite des oiseaux et autres animaux naturels chantent, crient, hurlent et font bouger des branches, cette scène est vraiment effrayante. Ce n’est qu’en raisonnant de manière rationnelle que nous pouvons nous défaire de cette peur ancestrale de la nuit: nous nous disons que de jour, les bruits sont les mêmes et quand on voit dans la forêt, on ne voit guère plus loin que de nuit. En gros cela ne change rien sauf que l’on trébuche sur le chemin qui devient de plus en plus irrégulier et raide. Le fait de ne pas connaître le chemin n’arrange d’ailleurs rien.
Il nous faut 40 minutes pour enfin ressortir de la forêt non loin sous le Pas de l’Aiguille. Nous retrouvons alors la lueur du ciel du début de l’heure bleue matinale. Le soleil se trouve encore loin derrières le Massif des Écrins au fond et le Mont Aiguille apparaît en silhouette.
Il nous faut quand même 1h30 pour arriver au Pas de l’Aiguille. Ce point n’est pas idéal car encaissé et nous avions prévu de passer sur le plateau vers le sud. Nous voyons que ce passage n’est pas direct et qu’il faudra plus de temps que prévu pour y arriver. Nous sommes indécis, rester au col ou avancer vers le bord des Rochers des Marionnents et de risquer de rater le lever du soleil car on doit contourner un vallon et des cuvettes. Nous accélérons notre pas tout en observant le ciel. Il reste très longtemps dans cet état mi-illuminé. C’est sans doute dû à la hauteur des cimes dans les Alpes en face, leurs 4000 mètres et plus cachent la lueur du soleil qui doit déjà briller dans la Plaine du Pô.
Vue du lever du soleil du point 1651 des Rochers des Marionnents
Nous arrivons finalement à temps, il nous reste en même assez pour entamer le petit déjeuner. André, qui n’aime pas partir sans petit déjeuner copieux, est heureux de se réchauffer ainsi car il faudra encore attendre près d’une heure que le soleil soit là et chauffe. La photo du bas semble claire, mais le soleil ne se lèvera que 15 minutes plus tard. Nous sommes sur une butte au sud de la cote 1651 de la carte IGN.
Le début du lever du soleil commence tout doucement. Il doit briller quelque part plus loin au sud (à droite sur la photo). Nous prenons des dizaines de photos, la plupart visent bien sûr le Mont Aiguille.
Quand nous voyons le jour venir sur le Mont Aiguille, nous sommes contents d’avoir pu lutter avec succès contre notre paresse et nos habitudes et d’être là à cette heure inhabituelle.
Nous changeons un peu de place pour nous rapprocher du bord de la falaise plus près de du point 1651 de la carte IGN. Le soleil apparaît enfin aussi pour nous.
De cet autre point, nous voyons aussi vers le point de départ et sur les moutons au pré de la Grange Girard. Une partie du chemin montant au Pas de l’Aiguille est aussi visible.
Le Pré de Chaumailloux
À la montée, nous sommes passés ici très vite pour ne pas rater le lever du soleil. Il faisait encore noir et nous n’avons vu ni le refuge, ni la cabane, ni le mémorial. Maintenant qu’il fait bien clair et que le soleil commence à chauffer, nous inspectons ces lieux.
Le refuge octogonal est assez récent, équipé d’un poêle, d’un peu de bois de chauffage et de lits superposés mais sans matelas ni couvertures. Apparemment, des gens ont passé la nuit ici et en descendant, nous voyons que d’autres rangent des tentes qui étaient montés autour du refuge. Nous arrivons cependant trop tard pour leur demander comment se passait leur nuit entre les troupeaux de vaches.
Entre le refuge et le col se trouve la cabane du berger (fermée) et une petite mare. On ne voit pas le Mont Aiguille entièrement du refuge, ni de la cabane.
Entre le lac et le Pas de l’Aiguille se trouve un mémorial de la Résistance. Nous consacrons un article à part pour ce haut lieu de la liberté: Le Monument de la Résistance du Vercors au Pas de l’Aiguille.
Descente du Pas de l’Aiguille
Il y a maintenant beaucoup plus de lumière et l’humidité de l’air est de plus en plus visible et gênante.
Dans la descente, un groupe de bouquetins femelles des Alpes croise notre chemin non sans faire tomber beaucoup de pierres. Ce sont des animaux extrêmement bien adaptés au terrain escarpé et il est incroyable de voir ou ils passent pour brouter quelques rares herbes. Presque exterminé au 19e siècle, le bouquetin est réintroduit avec succès partout dans les Alpes en Europe. Originaire des Alpes, ils sont néanmoins les acteurs principaux de l’érosion des sols et des zones escarpés peu stables.
Plus bas, nous repassons dans la forêt qui ne nous apparaît plus si effrayante. Il ne s’agit même pas d’une forêt dense, ni haute.
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