Recherche d’un hôtel
L’interstate 15 nous mène en fin d’après-midi du 18 juillet 1996 directement dans le centre de Las Vages. Nous venons du désert et après quelques panneaux publicitaires, nous sommes en ville. Tout près de la ville se trouve la Nellis Air Force Base, nous voyons même atterrir un avion furtif. Nous descendons de l’autoroute à la première indication du centre-ville et nous sommes tout de suite parmi les hôtels de la deuxième rangée. Nous nous étions donné rendez-vous à l’hôtel « Glaspool Inn » aujourd’hui ou demain avec Doris et d’autres, des collègue de l’excursion au Canada. Nous n’avons aucune idée comment chercher cet hôtel, regarder les panneaux ne sert à rien, trois quarts des immeubles et même des maisons plus petites sont des hôtels et la ville est immense. Nous essayons de trouver des renseignements à une station d’essence. Christian demande un policier de grande taille et d’allure effrayante le chemin de cet hôtel, mais celui-ci ne comprend rien (« Klasspool or what? »).
Nous cherchons ensuite l’office du tourisme quand la nuit commence à tomber. Lorsque nous voyons l’enseigne tout à l’autre bout de la ville, nous n’avons pas besoin de demander parce que le Glaspool Inn se trouve juste à côté. L’hôtel n’est pas des plus luxurieux, la piscine se trouve directement en bord de route. À la réception, on ne connaît pas les dames que nous cherchons. Nous laissons un message que nos amies ne verront jamais bien qu’elles débarquent ici le lendemain. Tant pis.
Comme nous sommes à l’office du tourisme, nous entrons pour réserver une chambre dans l’hôtel le moins cher pour cette nuit. Pendant que nous attendons, la dame allemande essaye de vendre un vol en avion de tourisme par dessus le Grand Canyon, chose que nous n’aimons pas du tout. Quand elle s’occupe de nous, nous lui en font part dans l’allemand le plus noble dont nous disposons, mais elle nous explique que les bénéfice de ces vols va aux réserves amérindiennes. Soit. Elle nous réserve quand même un hôtel pas trop mal pour un prix raisonnable. Son seul défaut: il est de l’autre côté de la ville, là d’où nous venons initialement. Nous traversons donc la ville sur le Las Vegas Boulevard, c’est la rue principale avec toutes les lumières et parmi celles-ci se trouvent aussi des feux tricolores.
Le Sahara, c’est le nom de notre hôtel-casino, est une machine industrielle à touristes. Le site n’est pas tout à fait central, mais au moins directement sur le Las Vegas Boulevard. On avance en voiture sur trois voies. Nous essayons et réussissons de garer notre voiture nous même au garage, peut-être est-ce plus facile avec toute la poussière qui colle dessus. L’accueil est plein de monde, mais il s’agit de groupes que nous pouvons doubler et nous recevons vite nos clés de chambre sous forme de cartes de crédit. Notre chambre est au 20e étage, la vue de le fenêtre donne sur une partie assez verte de la ville. Au plus tard maintenant nous nous demandons pourquoi nous voulions absolument prendre une douche au Lake Mead. Ici, nous pouvons doucher 24h si nous le voulons. Nous ne restons qu’une nuit.
Nous prenons donc une première douche et nous allons manger assez tard au restaurant de l’hôtel, enfin un des restaurants. Les repas ne coûtent pas grand chose, à côté des tables à manger sont positionnées des machines à sous, juste pour le cas d’un besoin urgent de perdre de l’argent entre deux bouchées.
Lorsqu’il fait bien nuit et que la température chute sous les 40°C, nous allons à pied sur le Las Vegas Boulevard où se trouvent tous les casinos. Grâce aux publicités il fait aussi très clair la nuit. L’accès à tous les casinos est gratuit, uniquement les shows sont payants et toujours grandement annoncées. On passe une des Wedding-Chappels (mariages éclairs). Christian fait bientôt demi-tour, André essaie de prendre quelques photos de nuit. Il rentre finalement lui aussi crevé à la chambre de l’hôtel. Après une énième douche, nous allons dormir à minuit. La température affiché sur le parking de l’hôtel reste effrayante pour cette heure de la nuit: 96°F (35,6°C).
Le matin du 19 juillet 1996 nous rappelle les semaines au Canada où nous logions toujours dans des hôtels. Après le petit déjeuner, nous rangeons nos affaires pour affronter la chaleur dehors. Nous tentons de minimiser les chemins et prenons tout avec pour descendre à la voiture. La descente vers le parking est fatigante. Nous partons sans crier gare, il y a partout des queues et nous avions payé la veille.
La photo montre le parking ouvert, notre voiture se trouve cependant dans un garage couvert.
Nous voulons regarder cette ville folle de jour. En 1855, il n’y avait ici que du sable et des cailloux. Avec le chemin de fer qui arrive en 1905, se forme une petite ville autour de la gare. Après la seconde guerre mondiale, la ville devient ce qu’elle est aujourd’hui. Las Vegas avait 365000 habitants en 1995, avec le nombreuses communes limitrophes qui abritent tous les habitants, le million est atteint. Par mois arrivent entre 4000 et 6000 nouveaux habitants. L’aéroport est le huitième au monde avec 27 millions de passagers.
Il est environ 09h30 et il fait déjà très chaud quand nous nous mettons en route.
Fremont Street
Nous commençons par la vieille Downtown au nord, la Fremont Street. Cet ancien centre a été devancé par le Las Vegas Boulevard, on essaie actuellement de la remettre au goût du jour. La route a été entièrement couverte d’un énorme toit transparent doté de millions de lumières. On trouve effectivement des climatiseurs ici, mais cela ne fonctionne que sans vent et loin des rues qui croisent cette route couverte. Le Plaza Hotel, connu d’anciens films, se trouve ici. Le grand toit de la Fremont Street ne le laisse plus apparaître si massivement.
La photo de droite montre l’entrée du bar Girls of Glitter Gulch où les serveuses travaillent les seins nus.
Il est 10 heures du matin et il y a peu de personnes jouant aux machines à sous et dans les casinos. Naïfs comme nous sommes, nous entrons dans un de ces casinos pour y photographier. Nous n’avons pas le temps de lever l’appareil et nous sommes stoppés par des gardiens en civil qui nous indiquent poliment que ce n’est pas autorisé. Nous nous rendons ainsi compte qu’une grande partie des personnes présentes sont du personnel et des mouchards. Pourtant maintenant (2020), on trouve Street View dans la Fremont Street.
Le Las Vegas Boulevard
Le « nouveau » Las Vegas se trouve cependant sur le Las Vegas Boulevard au sud. Les hôtels gigantesques se trouvent ici, avec leurs oasis intérieures, leurs fontaines surdimensionnées (et puant le chlore) ou les villes antiques plagiées. Les monstruosités commencent juste au nord de notre hôtel le Sahara avec le Stratosphere: sur la tour se trouve des montagnes russes. La fin sud se trouve près de l’office du tourisme. Nous connaissons en gros les grandes adresses du passage en voiture et de notre excursion nocturne où André avait progressé jusqu’au Desert Inn. Nous voulons donc commencer ici et avancer progressivement vers le sud.
Nous ne savons pas trop quoi faire avec la voiture. Nous nous garons dans le garage couvert d’un des grands hôtels, personne ne nous demande quoi que ce soit, alors nous y laissons le véhicule. Nous commençons donc notre excursion citadine à pied. Nous débutons par le Treasure Island (hôtel à 3000 chambres), on organise ici des batailles navales de pirates de grandeur presque nature dans des bassins gigantesques. On projette de la vapeur d’eau sur la passants pour les rafraîchir, mais cela ne sert qu’à salir les objectifs de nos caméras. Il fait 105°C, ce qui correspond à 40°C, comme l’affiche le panneau de l’hôtel Monte Carlo.
On ne peut pas visiter tous les casinos, mais nous n’en omettons pas beaucoup. Rien que le fait de faire une partie de la trotte dans les couloirs climatisés nous incite à entrer partout. Apparemment personne n’a encore pensé à faire des couloirs climatisés entre tous les casinos. Peut-être que l’on veut garder la clientèle chez soi? L’immeuble suivant est le Mirage avec les fontaines d’eau chlorée déjà évoquée et qui sort d’imitations de volcans. Ici travaillent Siegfried et Roy avec leurs tigres blancs.
Le Caesar’s Palace comporte tout simplement la reconstruction d’une partie de l’antique ville de Rome. Des effets de couleurs et de lumière sur les voûtes basses donnent une impression de grandeur. Nous ne rencontrons pas César et nous ressortons donc dans la chaleur.
Certains hôtels sont en ruine, d’autres rasées, ceci occasionne des marches forcées au soleil. Nous arrivons à l’hôtel-casino le Monte Carlo, au nom bien honnête et avec l’affichage de température. Derrière se trouve un complexe en construction, le New York New York où l’on bâtit des copies des gratte-ciels les plus importants sur le carré d’un pâté de maisons. Même les palmiers de la rue sont récemment plantés est arrosés automatiquement.
En face se trouve le MGM Grand, le plus grand hôtel du monde en 1996 avec 5800 chambres de première classe, 15 restaurants et plusieurs casinos. L’entrée forme une gigantesque tête de lion, symbole de la société cinématographique. Nous ne parcourons pas toutes les salles de ce monstre.
Nous pouvons passer la Tropicana Street par un passage climatisé et doté d’un tapis roulant pour ne même plus devoir marcher. L’hôtel Tropicana est dans la partie sud du Las Vegas Boulevard et il nous semble moins pompeux, mais ce n’est sans doute qu’une impression. Nous y déjeunons dans un restaurant avant que Christian essaie de perdre quelque « nickels » (pièces de cinq cents) dans les machines à sous. Nous ne gagnons pas beaucoup plus que nous misons et inversement. Nous passons en fait plus de temps à observer les gens en train de jouer, que ce soit de manière stoïque ou complètement excitée. Une femme très grosse ne tient presque pas sur le siège devant sa machine. Il ne faut même plus insérer de la monnaie ni tirer un levier: la carte de crédit est dans la machine et elle appuie de manière répétée sur un gros bouton rouge sans montrer le moindre signe de sensation même si les trois bon signes s’alignent. Elle fait cela des heures durant, les valeurs affichés sur la machine ne dépassent pas cinq dollars. La musique en arrière-fond est douce et doublé de sons de coulée de monnaie, apparemment pour suggérer des gros gains qui n’arrivent jamais. On ne voit presque que des machines à sous. Les mises sont minimes par rapport à ce que nous connaissons d’Europe même aux rares jeux de table et à la roulette. André est tenté de photographier, mais il reconnaît des gardiens à tous les coins de la salle.
La ville n’est pas du tout achevée, on voit des nouvelles constructions partout, surtout dans la partie sud près de l’aéroport. Les casinos sont ouverts et en fonction bien avant que l’immeuble de l’hôtel soit achevé comme nous le voyons dans les chantiers de l’Excalibur (un château de conte de fée) et du Luxor. Ce dernier est une énorme pyramide égyptienne creuse, les chambres se trouvent dans murs externes obliques, les ascenseurs sont aussi en pente. La salle centrale pourrait contenir neuf avions Boeing 747, le sphinx et l’obélisque devant dehors sont plus grands que les originaux d’Egypte. Mais rien n’est en pierre ici, tout est en toc (contre-plaqué et plâtre).
Arrivés à la fin de la partie intéressante de la ville, nous nous trouvons devant le problème du retour à notre voiture qui est garé quelque par dans la partie nord du Las Vegas Boulevard. Il est exclu de faire ce chemin à pied, nous n’en pouvons plus de la chaleur. le monorail de Las Vegas n’existe pas encore, nous prenons donc un des bus publics et nous voyons que même ici tout le monde ne roule pas en voiture. En bon géographes, nous explorons avec notre propre voiture les quartiers extérieurs de la ville qui ressemble ici à tout autre ville américaine. On fait ici quelques courses et le plein. À l’approche du soir, nous sortons au plus vite de la ville, on a passé assez de temps ici.
Une nuit au Toiyabe National Forest
Comme souvent, nous n’avons qu’un plan vague des destinations pour les jours suivants. En gros c’est le Death Valley, mais c’est trop loin pour ce soir parce que la nuit est entrain de tomber. La seule chose qui ressemble à une zone naturelle vivable entre Las Vegas et et le Death Valley sur notre carte sont les collines du Toiyabe National Forest avec ces divers sites de campings. Nous voyons retour sur Las Vegas de la route qui monte dans la forêt et nous voyons que ce n’est vraiment qu’un carré artificiel dans le désert. Au loin on, voit et on entend très légèrement les incessants atterrissages et décollages des avions de l’aéroport, mais tout autour c’est le silence, le sable et le désert de pierres. Il n’y a aucun repère naturel qui justifierait l’installation d’une ville ici.
Une partie du Toiyabe NF se trouve sur les Spring Mountains au nord-ouest de Las Vegas. Le Mount Charleston atteint 3632 mètres et ce que nous avons d’abord qualifié de collines sont des montagnes où on peut faire du ski en hiver. La forêt est chétive et très sèche, tout est très sec et des interdictions de faire du feu sont affichées partout. Nous ne montons pas vers ces hauteurs ce soir, mais on ressent déjà bien l’air frais. Mais nous ne sommes pas les seuls à rechercher cette fraîcheur naturelle, tous les Campgrounds sont pleins, les tentes se trouvent partout entre les arbres et aux endroits les plus impossibles. Il fait déjà complètement noir et nous ne sommes pas confiants pour cette nuit. Nous continuons de monter la route et finissons par monter notre tente non loin de celle-ci entre rochers et arbres, la voiture étant garé ailleurs sur le bas côté. Les gens festoient aux loin sur les campings, mais on ne les entend presque pas. Il n’y a presque pas de circulation et nous dormons bien mieux qu’initialement espéré.
Le matin du samedi 20 juillet 1996, nous sommes réveillés par les premières voitures qui montent plus loin dans le massif montagneux. Au lieu de rester assis sur des cailloux pour le petit déjeuner, nous plions notre tente et nous allons vers un des campings tout près pour trouver l’habituelle table de pique-nique. Nous trouvons ici aussi de l’eau fraîche et bonne qui n’est disponible à Las Vegas qu’au prix fort. Le beurre est ranci et liquide, mais le lait a tenu le coup, tout est parfait donc.
Avant de partir, nous profitons consciemment de l’air frais et respirons quelques bons coups profonds comme des fumeurs qui savourent leur pipe. Nous savons que nous devons redescendre dans la chaleur torride de la pleine. Nous voyons d’ici la large vallée sèche ou passe l’Interstate 95, les lacs de sels secs et des montagnes nues entre des dunes de sable. Le désert est plein de couleurs, mais uniquement vu de si haut.
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