Nous passons le 20 juillet 1996 du Toiyable National Forest dans la plaine torride. Avant d’y arriver, nous voyons un monument près d’un point de vue. Il marque une attraction touristique assez spéciale. C’est l’endroit où des touristes pouvait observer dans les années 1950 des tests atomiques à ciel ouvert effectués dans la plaine du Nevada Test Site plus bas. Des bus entiers ont été acheminés ici. Tous ces gens ont subi des fortes radiations. Il s’agit aujourd’hui encore d’un site militaire et nous ne voulons même pas savoir ce qui y est testé actuellement. Dans les derniers versants avant la vallée, nous marquons un dernier arrêt pour admirer les Joshua Trees qui couvrent de manière très éparse le bas du massif.
En bas dans la plaine, donc 1000 mètres plus bas que l’emplacement de la tente durant la nuit, nous retrouvons le Désert des Mojaves. L’air au-dessus de la route est tellement chaud que la route semble disparaître à l’horizon. Nous sommes seuls sur cette route. Le Nevada avec son environnement inhospitalier semble réunir tout ce que les autres ne veulent pas sur leur territoire: casinos, zones de tests atomiques et des grandes prisons fédérales. Des panneaux avertissent qu’il est formellement interdit de prendre des gens en auto-stop ici. Presque partout nous avons capté au moins une station radio jouant de la musque country. Ici ce n’est qu’une radio classique et une autre religieuse. Nous les appelons depuis « radios des prisonniers ».
Nous devons contourner grandement les Spring Mountains. Nous reprenons notre direction principale sud-ouest seulement à Pahrump, le seul lieu habité que nous croisons aujourd’hui. Enfin, il s’agit surtout de deux stations d’essence qui ont la publicité facile en affichant “Next Gas 200 Miles”. Nous remplissons aussi notre réservoir. La station est assez récente, avec des cactées plantés et une exposition d’objets des premiers colons. Les saguros ont des petites pancartes affichant “Dept. of Agriculture, Arizona”, ce sont les seuls que nous verrons durant ce grand tour.
Nous arrivons peu après Pahrump dans l’avant-dernier état fédéral de notre voyage, c’est cependant aussi le plus grand et nous passerons pas mal de temps ici. Le panneau “Welcome to California” ne se trouve pas à côté de beaux palmiers ici, nous restons dans un désert désolant. Le Death Valley se trouve derrière la montagne au fond.
Nous devons monter au col Salsberry Pass, mais il n’est haut que de 1000 mètres. Le Jubilee Pass suit, et c’est le dernier avant de descendre dans le chaudron du Death Valley. La route en descente est d’assez mauvaise qualité, mais on voit bien que l’on arrive dans une large vallée entourée de hautes montages. Elles sont en partie 3000 mètres plus hautes que le fond du Death Valley. Nous arrivons par le sud et c’est en même temps le point le plus méridional de notre tour (35,9°N). Plus nous descendons dans la vallée, mois il y a de la végétation, à la fin on ne trouve même plus d’herbes. On ne voit plus que des pierres et du sable, l’air scintille. Il n’est même pas midi, mais il fait plus de 40°C et même avec la climatisation, la chaleur est insupportable dans la voiture.
Bad Water
Après environ 50 kilomètres de route dans cette vallée irréelle, nous arrivons au point le plus bas d’Amérique du Nord à 85,5 mètres sous le niveau de la mer. Ici s’accumule l’eau d’une petite source, mais la forte évaporation la rend très salée et cela explique son nom. L’odeur du lieu est nauséabonde, nous ne savons pas si cela vient du lac ou des toilettes mobiles qui cuisent au soleil.
Les deux photos sont de positions différentes mais toutes les deux sont orientées vers le nord-ouest.
Artist’s Palette
Nous ne rendons pas hommage au Devil’s Golf Course, le terrain de golfe le plus absurde du monde pour monter dans les versants de roche colorée appelés Artist’s Palette. La route monte un peu, on arrive même au-dessus de niveau de la mer. Il s’agit de cendres volcaniques et de rochers en diverses phases d’oxydation. La scène est irréelle avec le ciel bleu en arrière-fond. Si seulement il ne faisait pas si chaud! Nous ne sommes pas en état de monter plus prés sur le sentier dans les roches colorées.
La route en descente passe dans des grands talus d’éboulis et sur des cône de déjection ce qui prouve qu’il peut pleuvoir assez fort ici.
Furnace Creek
Au Death Valley Village, une petite oasis artificielle, nous garons notre voiture du mieux sous des peupliers et des palmiers et nous tentons de prendre notre casse-croûte dehors sur un des bancs. Nous observons des corbeaux qui restent complètement immobiles à l’ombre, le bec grand ouvert pour se rafraîchir. Christian essaie de prendre des notes, mais il n’arrive pas à tenir le stylo, la transpiration des paumes des mains est trop forte. Le Visitor Center n’est pas très noble, mais la climatisation fonctionne. Nous tentons de trouver des informations pour passer la nuit. Il y a certes un camping au fond de la vallée, mais même si la température s’abaisse de 20°C, il fera toujours 30°C la nuit. Nous découvrons sur la carte un Campsite dans les montagnes au sud où la nuit pourrait être plus fraîche. Nous demandons un des rangers présents comment ont peut rejoindre ce site. Il répond par une autre question: « quelle voiture avez-vous? ». En décrivant notre petite voiture de location, il prend un air sérieux et stipule que l’accès est impossible sans 4×4. Mais cela ne nous effraye pas, pour une nuit fraîche, nous sommes prêts à tout.
Les Mesquite Flat Sand Dunes
Nous sommes en milieu d’après-midi, à l’heure la plus chaude possible. On avance quand même vers le nord de cette Vallée de la Mort. Nous passons le grand lac salé Amargosa à la recherche de dunes. Elles se trouvent près de la bifurcation de la route 190 vers l’ouest et vers Stovepipe Wells, c’est aussi la route pour monter dans les montagnes plus fraîches. Les dunes ne sont pas grandes, mais nous nous y rendons quand même. Pris d’ambition, nous voulons prendre une photo d’une dune sans traces de pieds d’autres touristes. Cela revient bien sûr à monter haut et loin, mais nous atteignons un tel point. Curieusement, on trouve ici dans le sable les plantes les plus vertes de toute la vallée. Sur la photo au fond: l’Amagrose Range.
De retour à la voiture, nous nous sentons cuits. Le véhicule est resté au soleil et le temps d’abaisser la température en ouvrant les portes, André place sont vieux réveil-thermomètre à l’ombre sous la voiture, c’est la seule ombre disponible. Il est 16h30 et le thermomètre affiche 49,6°C avant de noircir complètement l’affichage à cristaux liquides. On a donc sans doute franchi la barre des 50°C à l’ombre ici.
Ce ne sont pas des températures pour camper, nous nous remettons en route pour monter le plus vite possible dans les montagnes. Nous quittons le Death Valley par Stovepipe Wells et nous y sommes déjà à 1,5 mètres d’altitude. La route continue de monter et nous remarquons les réservoirs d’eau de refroidissement au bord de la route, mais notre voiture semble bien supporter la chaleur. Dans le plat, le moteur tient bien la température même avec la climatisation, mais maintenant en montée, nous voyons l’aiguille approcher du rouge. Nous entendons le liquide de refroidissement bouillir quelques minutes après. On s’arrête moteur tournant, mais nous ne voyons pas de fuite et nous décidons d’appliquer le mode expédition: climatisation éteinte, fenêtres ouvertes, chauffage allumé à fond et rouler dans les moyens tours. L’aiguille de température revient dans la zone acceptable, pourtant la route continue de monter. Mais nous sommes arrivés dans des zones d’ombre et en montant la température est descendue sous les 30°C.
Nuit près du Mahogany Flat
La route 190 continue vers l’est et le Panamit Valley, nous bifurquons cependant pour monter dans une vallée parallèle menant dans la crête à l’ouest du Death Valley. Nous atteignons l’altitude de 1620 mètres sur le col Emigrant Pass, le paysage prend das allures presque alpines, la route est de moins en moins large et la bande de bitume est de plus en plus trouée. Par contre l’air à respirer et les températures sont bien bien plus agréables. Nous tentons de monter le plus loin possible pour monter notre tente. À Wildrose, juste un croisement, commence la piste qui se dégrade à vue d’œil et qui devient de plus en plus raide.
Après quelques temps de conduite difficile, nous arrivons près de grandes bories en forme de ruche alignés au bord de la route (Wildrose Charcoal Kilns). Des panneaux nous expliquent qu’il s’agit de fours à charbon de bois du début du 20e siècle. On s’en servait pour produire du gaz afin d’extraire du plomb et de l’argent du minerai. Le terrain nous semble trop en pente et trop caillouteux pour monter la tente et l’intérieur des fours sent encore trop fort le brûlé. Nous continuons donc.
La suite de la piste est vraiment désastreuse. Il s’agit simplement d’une trace dans le talus. Nous devons sortir maintes fois pour enlever de trop grosses pierres. On est donc soulagé quand nous arrivons au Thorndike Campground. Nous voulions initialement monter au Mahogany Flat qui n’est que 500 mètres plus loin, mais nous en avons assez d’aplanir la route. Nous montons la tente certes sur des cailloux, mais quand même sous un grand arbre.
Lorsque nous avons tout installé nous nous sommes remis en forme rien que par l’air frais. On fait donc encore une balade pour le coucher du soleil. Après quelques minutes nous arrivons au Mahogany Flat (2590 mètres), ce site serait meilleur pour la tente et on a la vue sur le Death Valley, mais la voiture n’y serait jamais passé. Nous avançons encore en peu en direction du Telescope Peak qui atteint 3369 mètres. Des panneaux avertissent de champ de neige et qu’il peut même neiger en été.
Nous admirons le Death Valley d’un point de vue naturel. La vallée est plongée dans l’ombre, mais il y fait sûrement encore bien chaud. Les lacs de sels ressemblent à des grands surfaces enneigées. Les rayons du soleil couchant montent progressivement vers les cimes à l’est du Death Valley. Fatigués, nous retournons à la tente dans les dernières lueurs du jour. Pendant notre petite randonnée d’autres sont venus s’installer auprès de nous, nous ne sommes donc pas les seuls à avoir compris que l’on pouvait mieux respirer et dormir ici!
Le matin du dimanche 21 juillet 1996, le soleil ne nous atteint que très tard et il fait donc vraiment frais. Nous savons cependant, que nous devrons redescendre dans la fournaise, même si ce ne sera plus le Death Valley, les autres plaines autour ne sont guère meilleures. Nous profitons donc d’autan plus du petit déjeuner. Plus loin à l’ouest, nous verrons plus tard vers les montagnes enneigés de la Sierra Nevada
Par le Panamint Valley
Nous redescendons un peu en direction des fours à charbon de bois, la route reste mauvaise, mais les pierres enlevés la veille ne sont pas revenues sur la route. De Wildrose part une piste en descente vers le Panamint Valley. La route et la bande d’asphalte, ou ce qu’il en reste, est un peu plus large que notre voiture. Elle passe dans un vallon sec (wash) et il est impossible de voir si quelqu’un vient en face. Mais nous sommes seuls ici.
Plus bas, la route avance dans la vallée sur un grand cône de déjection. Tout en bas, nous sommes de de nouveau à 90 mètres d’altitude dans le Désert des Mojaves. L’air est immobile, les 40°C sont de nouveau dépassés. Le Panamint Valley est comme le Death Valley fermé par des montagnes de tous les côtés. On trouve ici des étendus de sel et une route rectiligne sur laquelle on doit rouler les phares allumés à cause des réflexions dues à la chaleur. Nous croyons que l’on tourne ici les films et les clips vidéo de type « easy rider ». La vallée est parfois interdite d’accès parce que l’aviation militaire y fait des test de vols en rase-motte.
La photo du bas montre au fond la route qui nous mènera hors du Panamint Valley.
Aux quelques baraques de Pinamint Springs, nous revenons sur la route principale venant du Death Valley par le col Towne Pass. On trouve ici un bar, un téléphone et une station d’essence. Notre jauge fait triste figure, mais nous ne voulons pas payer les prix exagérés ici.
Le Darwin Plateau
La route nous mène en hauteur sur le Darwin Plateau, on atteindra les 1500 mètres. Avec l’expérience de la veille, nous éteignons la climatisation, mais nous ne mettons pas le chauffage. Le moteur tousse un peu, nous transpirons comme des fous, mais on passera sans panne.
Le plateau est un désert de roches foncés variant du rouge au noir. Le terrain est accidenté et la route suit une corniche. La carte nous montre la possibilité d’un détour par le nord l’énorme Owens Lake (lac de sel), mais nous visons directement Olancha, parce que nous n’avons presque plus d’essence. Le petit supermarché permet de faire le plein de vivres. Bien que les déserts nous fascinent, nous en avons assez et nous voulons revoir des prés verts et de l’eau fraîche. Le but de la soirée est donc fixé avec le Yosemite National Park. Mais il reste encore de la route désertique à faire.
Nous restons dans le Owens Valley pour y monter vers le nord. Il s’agit de la dernière grande vallée sèche avant la Sierra Nevada. Ici passe aussi le Los Angeles Aqueduct qui alimente cette grande ville en eau. Longeant le lac Owens à l’ouest, nous voyons que l’on y récolte du sel. Christian y prend un peu de sable qui est forcément salé. Plus loin au nord, nous retrouvons la steppe nue. Le long de cette route 395, nous croisons des colonnes de voitures et de camping-cars de location, mais ils sont tous en direction du sud. En les voyant, nous nous rendons compte que nous faisons notre tour dans le sens des aiguilles d’une montre et que ce n’est apparemment pas la direction habituelle.
La route est longue et sans grand intérêt et sans alternative, nous devons avancer de 250 kilomètres vers le nord. Au milieu de l’après-midi, notre ventre nous rappelle sa fonction primaire. Nous sommes alors à Bishop, il fait encore terriblement chaud et nous ne trouvons pas notre endroit de pique-nique idéal. Nous faisons donc un détour par les montagnes en direction du Sabrina Lake. Il s’agit de 30 kilomètres pour monter à 2900 mètres d’altitude. Nous nous retrouvons dans un univers merveilleux de granit lissé par les glaciations, une forêt dense et des prés verts. Le lac est entouré de montagnes atteignant 4000 mètres et bien couvertes de neige. Le lac d’allure alpine n’est pas tout à fait calme car il est couverts de bateaux de toutes tailles. Nous trouvons quand même un endroit sympa au bord du lac avec une bonne vue sur les pics et nous dégustons notre casse-croûte. En descendant, la steppe reprend à Aspendell à 2590 mètres.
Au nord de Bishop, la route 395 se transforme en véritable autoroute et monte progressivement vers les montagnes et on passe par moments la limite de l’Inyo National Forest. Nous arrivons au Mono Lake après le col Deadmans Pass (2448 mètres). Nous voyons de loin les formes étranges qui bordent le lac salé bleu foncé Le lac était plus grand à l’origine, mais depuis que les rivières l’alimentant sont déviés vers Los Angeles, le lac se meurt. Nous ne les approchons pas parce que nous sommes trop fatigués de la route et il nous reste encore du chemin jusqu’au Yosemite Park.
Nous quittons l’autoroute vers l’ouest donc peu avant le Mono Lake. Les voie et ses virages nous rappellent les routes dans les Alpes. Crevés de la chaleur et des 480 kilomètres de route, nous arrivons à l’entrée du parc national qui se trouve à 3030 mètres d’altitude. Nous sommes cependant très déçus quand on nous apprend que tous les campings accessibles avant la tombée de la nuit sont pleins. Nous retournons donc vers la camping au Tioga Lake (2969 mètres) dans l’Inyo National Forest.
Le gars sympa logeant dans la première caravane est le gardien. Nous pouvons même planter notre tente dans l’herbe près du lac. Les soleil disparaît derrière l’horizon lorsque tout est installé. Il commence de suite à faire frais et nous devons sortir nos pulls et chauffer une soupe! Avec la fraîcheur arrivent aussi les moustiques que nous avions oublié dans le désert. La vue par-dessus le lac sur les versants enneigés du Mount Dana (3978 m) dédommagent cependant.
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