En Italie en camion aménagé en hiver

Valable toute l’année

La France et et l’Italie sont les seuls pays où dormir dans un camion est expressément autorisé au niveau national. Des restrictions peuvent cependant être prononcées: en Italie cela vaut par exemple pour la plupart des petites îles, presque toute la côte de Sardaigne et plusieurs autres sites très touristiques. Cette réglementation n’est pas forcément tourné vers le camions aménagés et restant discrets, il s’agit surtout d’enrayer la prolifération massive des grands camping-cars.

Des barres au parkings se trouvent plutôt en ville.

En hiver

La situation est semblable à la France du point de vue de la législation, sauf qu’en hiver, l’exécution des rares interdictions est quasiment inexistante. Il y a cependant plus de camping-cars (italiens et touristes) et sur les sites très prisés, on ne sera rarement seul.

Notre trafic au bord sur l'Arno à Laterina. Photo © André M. Winter

Notre trafic au bord sur l’Arno à Laterina. Photo © André M. Winter

Une différenciation suivant grandes régions se trouve plus bas.

La mobilité motorisé des italiens

L’Italie est pénible la nuit sur des zones à 10 kilomètres autour des villes et villages. Des jeunes viennent faire des tours en mobylette ou en Fiat pour y faire grincer leurs pneus justement aux endroits que nous sommes tentés de choisir. Ils viennent peu avant minuit et jusqu’à quatre heures du matin, c’est donc totalement incompatible avec le sommeil du campeur en camion classique. Cela va augmentant vers le sud et cela est complètement indépendant des saisons. Cela augmente même lors des fêtes de fin d’année et à pâques. Par contre, ils ne semblent pas aimer les culs-de-sac et les pistes avec trop de sable.

Un autre phénomène typiquement italien, que l’on retrouve cependant aussi ailleurs, mais qui est moins pénible, sont les amourettes en voiture. Ce sont souvent des petites voitures ou des berlines qui viennent se garer à une dizaine de mètres de ton camion. Ils papotent et après quelques temps les vitres s’embuent sous leurs agissements sexuels. Après 15 à 30 minutes ils repartent. Cela se passe de la tombé à la nuit jusqu’à minuit, on n’entend pas plus que la voiture arriver et repartir. C’est assez indépendant des saisons.

D’autres viennent seuls, en couple ou en famille, aussi sans sortir de la voiture et par toute saison. Ils regardent la mer, la nature, font courir leur chien sans sortir de la voiture etc. Cela arrive aussi durant les fêtes et nous avons eu le cas désagréable sur un site en Sicile le 24 décembre, soirée où ou nous espérons ces gens en famille. La seule explication que nous trouvons à ce phénomène est l’extrême exiguïté de leurs appartements et leur affection à l’automobile. Ils vont donc faire un tour en voiture (sans sortir de celle-ci). Pareil, pas de nuisance hormis le bal incessant des voitures, mais cela peut suffire à ne pas fermer l’œil.

Puis l’Italie est un pays de chasseurs et de pêcheurs. Il faut reconnaître que ces gens sont très respectueux et extrêmement silencieux quand ils arrivent tôt le matin, mais nous avons plusieurs fois la surprise de nous retrouver entouré de voitures et/ou d’hommes en kaki quand nous sortons le matin du camion. Aucune gêne donc, mais il faut savoir qu’en Italie toute voie carrossable, si mauvaise soit elle, est fréquemment empruntée de manière motorisée par toutes sortes d’individus.

Barrages et interdictions saisonniers

Certains barrières peuvent être gênantes. D’énormes parkings, certes peu charmants, mais vides, peuvent être complètement barricadées hors saison. Beaucoup d’aires privées de camping-cars sont barricadées et parfois il faut vraiment rester en pleine rue comme au Lido Rossello à Agrigento.

Ces barrages concernent aussi les routes fermées en hiver. On peut presque toujours passer, mais souvent cela ne mène pas loin, une avalanche ou une coulée de boue barre la route et elle n’est remise en état qu’au printemps.

Campings en hiver

Les campings ouverts sont extrêmement rares. On ne peut pas se fier aux panneaux allumés et aux drapeaux en bordure de route, cela ne veut pas forcement dire que le camping est ouvert. Dans le plus fréquent des cas, les gérants n’ont pas enlevé les drapeaux et ont laissé les panneaux illuminés. Mais il y a aussi le cas de camping potentiellement ouvert, avec un gérant présent, mais qui ne veut pas ouvrir pour un seul client, peu importe à quelle distance se trouverait éventuellement un autre camping ouvert.

Il ne vaut pas la peine de vérifier les périodes d’ouverture sur les sites internet des campings italiens, ces informations ne sont presque jamais à jour. Cette information peut être fausse dans les deux sens: fermé quand annoncé ouvert ou ouvert quand annoncé fermé. Si on cherche quand même sur internet, il faut chercher le terme listino et/ou prezzi, on y trouve ainsi les tarifs et parfois on peut en déduire les périodes d’ouverture. Les campings italiens restent cependant une vraie loterie en hiver. Quelques nombres de campings ouvert en décembre: quatre en Sicile et trois en Sardaigne, les chiffres comptent à chaque fois pour toute l’île! Sur un tour en décembre 2012 passant par Arezzo, Rome, le Cilento, la Côte Tyrrhénienne, Monopoli, Gargano, la Côte Adriatique et Ferrare, on a trouvé seulement trois campings ouverts.

Les campings dans le sud de l’Italie n’ont pas d’installations hivernales pour les salles d’eau, même s’ils ont ouvert en hiver. Ils appliquent aussi souvent le système de douche payante et minutée. Il fait donc 5°C dans la cabine de douche extérieure bien ventilée, on met son jeton pour l’eau chaude et pendant deux minutes, on attend le réchauffement de l’eau. Quand l’eau chaude arrive peu à peu, il reste une minute pour tout exécuter, toujours à 5°C. Quand nous nous plaignons à la réception, on feint ne rien comprendre.

Du brouillard dans la foret rivulaire du Pô en hiver. Photo © André M. Winter

Du brouillard dans la foret rivulaire du Pô en hiver. Photo © André M. Winter

L’Italie continentale

La botte italienne est singulièrement divisée en deux zone climatiques en hiver. La limite est Naples. Au sud de Naples règne un vrai climat méditerranéen. Le problème plus loin au nord est la brume persistante qui empêche tout rayon de soleil de passer. Rome en hiver c’est comme à Reims, toute la Plaine du Pô comme la Bourgogne. Sur toutes les parties montagneuses intérieures règne un hiver sévère avec de la neige. Cela vaut aussi pour le sud, y compris les îles.

Durant les fêtes de fin d’année, les jours fériés peuvent assez mal tomber et il est difficile de s’approvisionner en aliments de base comme le pain. Il nous est arrivé de manger quelques jours du panetone au lieu de pain en Sardaigne car uniquement les pâtisseries avaient ouvert.

Les belles places pour se poser librement sont quand même rares, surtout les silencieuses. Plus on va au sud, plus la côte devient belle et plus elle est soit bétonnée soit barricadée. On a vu des vingtaines de kilomètres de plage interdite d’accès car d’innombrables campings s’y alignent (tous déserts bien sûr). Point positif: il y a des points d’eau presque partout.

Notre Trafic sur un parking le Parc National du Monte San Bartolo le jour de l'an. Photo © André M. Winter

Notre Trafic sur un parking le Parc National du Monte San Bartolo le jour de l’an. Photo © André M. Winter

La plupart des stations d’essence sont automatisées et ne prennent que des cartes italiennes (visa ne passe pas). Il faut donc se munir d’argent liquide et les distributeurs de billets sont bien plus rares que les stations d’essence. Souvent les appareils ne prennent que des billets de EUR10.-.

La Sardaigne

Dans les années 1980, la région autonome de Sardaigne a voté une loi interdisant les constructions d’habitations plus près que 500 mètres du rivage. C’est très bénéfique en matière de nature et aussi pour les accès en camion, car les italiens font presque tout ce qu’il peuvent en voiture, peu importe l’état de la route ou de la piste. La Sardaigne est donc le paradis pour se poser en pleine nature. Bien sûr la pression est forte, la nature veut être protégé et on ne peut plus aller partout, la plupart des routes sont encore ouvertes à la circulation mais elles sont garnies de panneau interdisant à peu près tout (en général le camping et l’arrêt). Durant la saison touristique, ces interdictions sont aussi exécutes, il ne reste plus beaucoup d’endroits pour se poser légalement sur la côte.

Cependant en hiver et hors saison (en gros fin octobre à mars), tous ces panneaux d’interdiction peuvent être ignorés, les locaux les ignorent aussi pour aller à la pêche, à la chasse ou simplement pour aller faire un tour (ce qui signifie que le coin tranquille toute la journée n’existe pas sur la côte, même en plein hiver). Nous avons même eu la visite de la police, non pas pour nous chasser, mais pour nous indiquer de ne pas faire de feu à cause du vent. À coté d’une cinquantaine de places accessibles en camion normal et vraiment grandioses pour se poser, il y a aussi une multitude innombrable de parkings de plage déserts en hiver pour passer la nuit. Il faut cependant faire attention à ne pas prendre de place trop près d’une ville ou d’un village, surtout le weekend ou lors de fêtes, voir plus haut pour les raisons.

Pour les places dans un décor naturel grandiose, il faut en général ne pas hésiter à maltraiter la mécanique, aussi les buissons durs pourront rayer la peinture vu que les italiens ne passent qu’en Fiat Panda. Ce sont les endroits où les gros camping-cars ne passent plus, mais où les petits camions aménagés se faufilent encore. En hiver, il faut parfois passer des trous remplis d’eau de pluie longs d’une vingtaine de mètres et profonds de 30 centimètres, sur la côte ouest il y a aussi des gués. Cependant, nous n’avons rencontré que très peu de boue handicapant les non-4×4 sur les pistes côtières. Sur ce genre de piste, il est rassurant de voir des traces de pneus de quelqu’un qui est passé avant et c’est presque toujours le cas. Parfois les pistes peuvent avoir un aspect boueux, mais nous avons souvent eu le cas de gros graviers au fond des flaques d’eau, même s’il y a des zones plates sur la côte, le fond est en général rocheux. Par contre à l’intérieur du pays, il ne faut pas s’aventurer sur les chemins agricoles, on reste planté après cinq mètres.

Notre Trafic à quelques mètres de la plage du Capo Malfatano. Photo © Alex Medwedeff

Notre Trafic à quelques mètres de la plage du Capo Malfatano. Photo © Alex Medwedeff

À quelques reprises, nous avons aussi planté une petite tente, cela n’a jamais posé de problèmes. Il faut cependant savoir que contrairement à dormir dans un véhicule, dormir dans une tente ou une caravane est interdit hors campings en Italie. Cela explique aussi que les Italiens ont presque tous des camping-cars mais très peu de caravanes.

Notre tente sur le Capo Malfatano. Photo © Alex Medwedeff

Notre tente sur le Capo Malfatano. Photo © Alex Medwedeff

La côte ouest est assez constamment ventée, la côte est plus souvent sous les nuages. L’intérieur des terres est montagneux et on gagne vite en altitude. De ce fait, la température peut passer sous 0°C dès novembre. Ce n’est pas souvent le but recherché en voyageant dans le sud en hiver.

Avant notre départ en décembre 2013, nous scrutons des listes de campings de Sardaigne quant à leurs dates d’ouverture. Nous en restons avec huit campings potentiellement ouverts d’après leur sites internet. Soit c’est marqué en clair (rare), soit la liste des prix s’étale sur toute l’année. Sur les six campings qu’on a approchés et qui auraient dû être ouvert: 2 sont fermés, 2 ouverts mais nous refoulent car il n’y a pas assez de clients, 1 est ouvert normalement, 1 est ouvert après avoir trouvé un numéro de téléphone et quelqu’un qui appelle pour arranger l’ouverture de la grille d’entrée (pas facile en pleine nuit). Et le plus embêtant dans tout ça: il est impossible de voir de la route si un camping est ouvert ou fermé. Même les très rares campings ouverts ne signalent en rien leur ouverture sur la route, tous ont des drapeaux fanés dehors.

Les deux campings finalement ouverts (Nurapolis à l’ouest et Le Cernie à l’est) avaient avec nous 3 clients par nuit.

Notre emplacement au Camping Nurapolis. Photo © Alex Medwedeff

Notre emplacement au Camping Nurapolis. Photo © Alex Medwedeff

Sicile

Quelques points négatifs

Bien que ce soit une île semblable à la Sardaigne par sa taille, ce n’est pas le cas pour sa population, la Sicile est cinq fois plus peuplée. La conséquence est une plus forte construction, plus de monde en voiture à toutes les heures et à tous les endroits. L’état des routes est extrêmement déplorable et les signes flagrants de la corruption sont partout: il y a des petits villages avec des rampes d’autoroutes pour accéder, mais avant et après ce sont des tronçons à une voie défoncée. Il faut vraiment faire attention sur toutes les routes hormis les autoroutes indiquées comme telles. Il y a partout des chiens. Les errants, en nombre énorme, sont inoffensifs même s’il y a des grands parmi eux. Les emmerdants: les pauvres enfermés à garder quelque maison et qui aboient toute la nuit, en campagne ou en pleine ville.

Les campings n’ont que des installations estivales, même s’ils ont ouvert en hiver. Les services d’ami privé-public sont généralisés: parking payant et navettes pour 3 visiteurs par jour alors qu’il y a un parking assez grand juste à côté de l’entrée. On trouve aussi des faux gardiens de parking sur parkings publics sous l’œil bienveillant des Carabinieri.

Le phénomène dégoûtant des décharges sauvages se voit en Sicile malheureusement souvent. Non seulement il n’existe aucun civisme à se niveau, mais ce sont aussi les ramassages d’ordures qui ne fonctionnent pas. Cela se passe souvent autour d’une grande poubelle, mais elle n’est pas vidée. Parfois ces déchets s’enflamment ou sont volontairement mis en flammes par des riverains excédés. Cela peut être près de grands hôtels fermés en hiver, près de grandes plages ou dans une grande réserve naturelle. En voyage, nous avons des sérieux problèmes à nous débarrasser correctement de nos propres déchets.

Poubelle pleine et décharge sauvage à la Contrada Belice di Mare à Castelvetrano. Photo © André M. Winter

Poubelle pleine et décharge sauvage à la Contrada Belice di Mare à Castelvetrano. Photo © André M. Winter

L’approvisionnent en eau est parfois difficile, il y a un cruel manque d’eau en Sicile et presque toutes les maisons ont des réservoirs sur le toit pour pallier aux coupures d’eau. Beaucoup de robinets visibles sont donc condamnés.

Les points positifs

Il fait plus chaud que par tout ailleurs en Italie en saison hivernale, bien que le vent puisse être pénible sur toutes les côtes excepté l’est. Il y a plus de campings ouverts qu’ailleurs (environ dix en décembre sur toute l’île, mais nous ne pouvons confirmer que quatre).

Les sites archéologiques dépassent de loin ce que l’on peut voir ailleurs. Pour voir des vestiges grecs en parfait état, c’est en Sicile qu’il faut venir.

Les Siciliens sont partout et toujours aimables, nous n’avons aucune rencontre désagréable, ils surpassent à ce niveau même les Italiens de la terre ferme qui sont déjà maîtres en la matière. Le laisser-faire est grandiose et facilite franchement la vie en camion. Contrairement à d’autres régions visités en Italie, on n’a pas de problèmes d’approvisionnement en vivres durant les jours de fête. Cela peut être dû au grand nombre d’habitants.

Notre trafic et le Golfe de Macani. Photo © André M. Winter

Notre trafic et le Golfe de Macani. Photo © André M. Winter

L’Île d’Elbe

Le camping sauvage est en principe interdit sur toute l’île, qui forme de plus un parc national dans son ensemble. En saison (avril à mi-octobre), il y a suffisamment de campings de tous niveaux ouverts. En saison, il y a beaucoup de monde et les contrôles doivent être conséquents, car on ne voit pas de camions ou camping-cars posés la nuit hors des campings. Hors saison, il y a quand même pas mal d’habitants à l’année et beaucoup de maisons restent habitées.

Nous n’avons jamais campé en hiver sur l’île, mais la connaissant de fond en comble parce qu’André est auteur d’un guide de randonnée, nous pouvons dire qu’il doit être possible de se poser. Mais il faut se satisfaire des rares places possibles, il faut rester très discret et changer de place tous les jours. La zone la plus sauvage et potentiellement possible est la presqu’île de Capoliveri au sud-est de l’île, elle est très peu habitée.